Nous n'avions pas d'autres choix
Le désert faisait sûrement partie de la destinée de Wang Wenbiao, cet homme né dans un village en bordure du désert de Hobq dans la bannière de Hangjin en Mongolie intérieure. Le fleuve Jaune, l'un des plus longs fleuves de Chine, passe à seulement 15 km de son village natal. Dans son enfance, sa mère lui interdisait de s'aventurer dans le désert, qui attirait le petit Wang Wenbiao de par son côté mystérieux.
Pour trouver un emploi à l'extérieur de son village natal, souvent balayé par les tempêtes de sable, il se consacra à ses études. Après sa formation universitaire, il devint enseignant dans le chef-lieu de la bannière de Hangjin. Par la suite, il trouva une place de secrétaire au sein du gouvernement local de la bannière.
En 1988, Wang Wenbiao, alors âgé de 29 ans, démissionna de ce poste pour reprendre une saline, alors au bord de la faillite, dans la bannière de Hangjin. Située à seulement 60 km du gouvernement de la bannière, il fallait toutefois trois heures pour s'y rendre et il était nécessaire qu'une personne déblaie le terrain pour permettre au véhicule d'avancer. Malgré cet environnement difficile, l'endroit recèle de riches ressources : en plus du sel, on y trouve de la mirabilite et de l'alcali naturel. Grâce aux efforts de Wang Wenbiao et de ses ouvriers, la saline, autrefois déficitaire, est devenue rentable en trois ans.
En 1992, la société a concentré ses activités sur la production de sel inorganique. En 1995, Wang Wenbiao a fondé la Elion Industrie Chimique, née d'une fusion de quatre autres entreprises. Mais des problèmes survinrent. La saline se trouve dans le désert de Hobq qui s'étend sur 18 600 km². À l'époque, il n'y avait pas de route pour transporter les marchandises. À vol d'oiseau, seuls 60 km séparent la saline de la gare ferroviaire, mais il fallait faire un détour de 330 km pour rejoindre l'une ou l'autre destination. Cette difficulté a augmenté le coût de distribution. « Chaque année, les frais supplémentaires s'élevaient à 15 ou 20 millions de yuans. L'augmentation du coût lié au transport absorbait progressivement le profit », explique-t-il.
En 1997, le groupe Elion a produit 500 000 tonnes de produits chimiques. Pour résoudre ce problème du transport, le groupe a décidé de construire une route traversant le désert. En dépit du soutien du gouvernement local, ce n'était pas une mince affaire. Débourser 75 millions de yuans pour construire une route de 65 km allait au-delà de la capacité de financement d'Elion. La société a été contrainte de s'endetter pour payer la construction. En 1999, la route était enfin achevée. Lors de l'inauguration, Wang Wenbiao était ému aux larmes. Afin de protéger cette route, le groupe a commencé à utiliser tous les moyens possibles pour fixer le sable. Par exemple, des saules des sables et de la réglisse ont été plantés. À l'heure actuelle, Elion a déjà construit 5 routes à travers le désert, pour une longueur totale de 500 km. Au nord du désert de Hobq et au sud du fleuve Jaune, il a également aménagé une bande forestière, mesurant 242 km de long et 3 à 5 km de large, pour retenir les sables.
« Nous n'avions pas d'autres choix, rappelle-t-il. Il y a 20 ans, nous étions obligés de lutter contre le désert. Nous avons compris seulement plus tard que le désert avait son utilité et qu'il pourrait nous procurer des avantages. »