L'année 2012 qui s'achève aura été marquée au Niger, sur le plan social, notamment par une série de contraintes aussi bien endogènes qu'exogènes résultant, entre autres, de la crise alimentaire, les conséquences des inondations, le péril acridien, les conflits maliens et libyens.
A l'issue de la Campagne agricole 2011, le Niger avait enregistré, encore, un déficit céréalier d'environ 500.000 tonnes et 10 millions de tonnes de matières sèches sur le plan pastoral. Une situation qui était d'autant plus inquiétante que la majorité des populations se trouvait déjà très affaiblie par les affres de la crise alimentaire précédente, en 2010.
Déjà, en septembre, le Premier ministre Brigi Rafini, averti par les services compétents, avait attiré l'attention des partenaires au développement, sur l'issue pratiquement compromise de la Campagne agricole 2011.
"Nous avons besoin de votre concours pour faire face à la situation; c'est une alerte que nous lançons", avait conclu le chef du gouvernement à l'endroit des partenaires du Niger.
En outre, selon le Premier ministre, rapportant une évaluation réalisée par le système nigérien d'alerte précoce, près de 35% des ménages nigériens, soit 5,5 millions de personnes étaient dans une situation de crise alimentaire et nutritionnelle.
Pire, avait ajouté M. Brigi Rafini, "plus de 8,5% de la population, soit 1.324.000 personnes sont affectées par une insécurité alimentaire sévère, pour lesquelles il faut agir dès à présent".
Comme d'habitude, dans de pareilles circonstances, la campagne s'est vite vidée de ses bras valides, même des personnes d'âges avancés, dans certaines contrées, qui se ruèrent vers les principaux centres urbains, notamment la capitale, pour se mettre à l'abri des affres de la famine.
A Niamey, ce sont des cohortes de mandiants qui pullulaient tous les coins de la capitale (carrefours, marchés, écoles, pharmacies, institutions bancaires, devanture des mosquées...), et même dans les couloirs des services publics, à la recherche de l'aumône pour vivre.
A cette ruée des populations vulnérables vers les villes, vient s'ajouter le faible approvisionnement céréalier sur le marché alors même que les prix ne faisait que monter tous les jours.
Pour pouvoir surmonter la crise, le gouvernement nigérien, avec l'aide des partenaires, a mis en oeuvre dès le mois d'octobre passé un programme d'urgence d'un coût de 100 milliards de francs cfa.
En outre, 10 milliards de francs cfa ont été injectés dans la pratique des cultures irriguées, un des volets du fastidieux programme agricole, "l'Initiative 3 N" (les Nigériens Nourrissent les Nigériens), du Président Mahamadou Issoufou, en vue toujours d'atténuer les affres des crises alimentaires répétitives que connait le Niger depuis plusieurs décennies.
Au même moment, le Niger accueillait sur son territoire, en dépit de la situation alimentaire difficile qu'endurent ses populations, plus 40.000 réfugiés maliens ayant fui l'insécurité qui sévit depuis plusieurs mois dans le Nord du pays, du fait des actions des groupes armés proches d'AQMI.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), ce sont près de 100.000 familles qui avaient traversé la frontière nigéro-malienne pour se réfugier dans des villages du département de Ouallam et de Tillabéry, en provenance des localités maliennes d'Aderboukane et de Menaka, cibles d'attaques par les groupes armés.
L'arrivée massive de ces refugiés maliens viendrait sans doute aggraver davantage les conditions de vie déjà très précaires des populations dans cette région, l'une des plus frappées par la crise alimentaire à laquelle faisait face le Niger.
En suite, suivra un contingent de 500 militaires maliens, en compagnie de leurs familles, après l'attaque de leur caserne de Ménaka, dans le Nord malien, frontalier du Niger, par les rebelles touaregs du Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA).
Parallèlement, au moment où commence à peine s'installer la saison des pluies au Niger, en juin, c'est un autre péril qui s'annonce : une menace d'invasion acridienne.
Les autorités nigériennes, vite alertées par les services techniques sur une menace d'invasion acridienne sur le nord du pays, ont lancé un vibrant appel aux partenaires de développement pour qu'ils viennent en aide au Niger face à ce qu'elles ont appelé "le péril acridien".
"Pendant que nous nous débattons pour faire face à l'insécurité alimentaire née de la mauvaise campagne agro pastorale 2011, et pendant que nous nous débattons pour faire face à la crise humanitaire née des conflits politiques qui sévissent dans certains pays voisins, voilà que nous faisons face encore à un autre péril que nous appelons communément le péril acridien", faisait savoir le premier ministre nigérien Brigi Rafini aux donateurs.
Le 13 septembre dernier, le président nigérien Mahamadou Issoufou, convoque à Niamey la 3eme réunion du comité de haut niveau sur la sécurité alimentaire dans les pays membres de l'union économique et monétaire ouest africain (UEMOA), dont il dirige la présidence, en vue de réfléchir sur la menace acridienne dans l'espace.
La rencontre de Niamey, selon les organisateurs, a permis de faire le point sur la nature de la menace acridienne qui risquait de compromettre les récoltes dans plusieurs pays de cette zone ouest-africaine.
Au regard de la situation sociopolitique dans certains pays, une invasion acridienne aura des conséquences très graves sur la situation économique en général, et alimentaire, en particulier. Ce qui a justifié une intervention de l'UEMOA pour mobiliser les moyens et ressources nécessaires, et aider à la mise en place des mécanismes visant à contenir et à éradiquer les différentes menaces qui pouvaient peser sur la campagne agricole en cours dans les différents Etats membres.
C'est dans ce contexte où le Niger, en plus d'une crise alimentaire aigue, fait face à l'arrivée massive de plusieurs milliers de refugiés, fuyant les situations d'insécurité notamment dans les Etats voisins de la Libye et du Mali, que de graves inondations provoquées par les plus torrentielles, frapperont durement le pays sur toute son étendue, pendant le mois d'août passé .
Elles occasionné, selon le bilan officiel, environ 90 morts, plus de 70.350 ménages sinistrés et affecté plus de 500.000 personnes.
En outre, cette furie des eaux a occasionné d'autres conséquences dont plusieurs blessés graves, les destructions des biens essentiels, des habitations, des écoles, des centres de santé, des infrastructures routières, et son corollaire de maladies tels que le choléra et le paludisme.
Une fois encore, il a fallu faire appel à l'aide internationale pour venir en aide aux populations sinistrées, notamment.
Autre fait social, non des moindres, ayant marqué l'année qui s'achève au Niger, s'est le malaise, pendant plus des trois mois, entre le gouvernement et le collectif des propriétaires de taxis, et les syndicats des conducteurs de taxis et de minibus à propos de la réduction du prix du carburant.
En effet, après une série de débrayages, pendant plusieurs mois, sans succès, pour exiger du gouvernement la réduction de 30% du prix à la pompe des hydrocarbures produits au Niger, lesdits syndicats ont décidé, de manière unilatérale, à partir du samedi 6 octobre dernier, de relever le prix de la course urbaine et interurbaine.
Par cette décision, la course de taxi est passée de 200 à 300 fcfa, soit une augmentation de 50%, et celle des minibus, de 125 à 200 fcfa.
Plusieurs conducteurs de taxis et de minibus, communément appelés "faba-faba" (secourir, en langue Zarma), seront arrêtés par la police pour refus de respecter les tarifs initiaux fixés par le gouvernement nigérien. Ils seront par la suite libérés après l'intervention d'un protocole d'accord entre les deux parties.