Amnesty International dénonce une "justice sélective" préjudiciable à la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire.
Au cours d'une conférence de presse tenue mardi à Abidjan, le chercheur d'Amnesty International sur l'Afrique de l'Ouest, Gaëtan Mootoo, a déploré "un échec total sur le plan de l'établissement de l'Etat de droit".
M. Mootoo a tenu ces propos à l'occasion de la publication du rapport de l'organisation sur la situation des droits humains deux ans après la crise post-électorale sortie intitulé "Côte d'Ivoire : la loi des vainqueurs".
Selon le rapport, les violations "généralisées" des droits humains à l'encontre des partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo compromettent la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire.
"Il y a d'autres personnes qui doivent être poursuivies pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité", estime Gaëtan Mootoo qui pointe du doigt les partisans du président Ouattara.
Selon le rapport d'Amnesty International, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, nouvelle armée) "se rendent coupables d'exécutions extrajudiciaires, d'homicides délibérés et arbitraires, d'arrestations motivées par des considérations politiques et d'actes de tortures".
"Elles jouissent d'une impunité quasi-totale sous les prétexte qu'elles assurent la sécurité et luttent contre les auteurs d'agressions armées", dénonce Amnesty International.
Le rapport, rédigé après une mission entre septembre et octobre 2012, insiste sur les massacres de "plusieurs centaines de personnes" à Duékoué en avril 2011 et l'attaque du camp de déplacés internes de Nahibly (Duékoué) en juillet 2012 qui a fait "au moins 14 morts".
Amnesty Internationale demande la création d'une " commission d'enquête internationale" sur l'attaque de Nahibly.
"Si des mesures ne sont pas immédiatement adoptées afin de contrôler les forces de sécurité, la Côte d'Ivoire risque de connaître des crises politiques à répétion et la réconciliation nationale ne sera plus qu'un lointain espoir déçu", prévient Amnesty Internationale.