Les parties prenantes au processus électoral de Guinée se sont finalement résolues à se retrouver autour de la table du dialogue pour essayer de sauver la situation, dans le sens que la liste des victimes des violences qui en découlent ne fait que s'allonger.
C'est donc pour mettre un terme à ces convulsions sociopolitiques que le pouvoir et l'opposition ont décidé de renoncer à la confrontation dans la rue, pour procéder à des échanges, en vue de trouver une issue devant permettre la tenue d'élections "justes et transparentes".
C'est ainsi que grâce aux bons offices de la communauté internationale, qui a délégué un facilitateur international en la personne de Saïd Djinnit, représentant du secrétaire général des Nations Unies en Afrique de l'Ouest, le dialogue a débuté lundi dernier, et ce mercredi fut marqué par l'adoption d'un ordre du jour comprenant quatre points.
Il s'agit en fait de l'épineuse question relative à l'opérateur technique et au fichier électoral, puis celle du vote des Guinéens de l'étranger. Des points auxquels ont été adjoints le fonctionnement de l'institution chargée de l'organisation du vote, à savoir la Commission électorale et le chronogramme électoral (CENI).
A l'allure où vont les choses, le processus de dialogue inclusif a toutes les chances d'aboutir à un consensus. C'est du moins l'espoir que nourrissent aujourd'hui de nombreux Guinéens, éprouvés par cette guerre entre le pouvoir et l'opposition, qui a fini par avoir un impact négatif sur le tissu social.
Il faut souligner le fait que le gouvernement se soit fait violence pour décaler le début de la campagne électorale qui avait été annoncé par un décret présidentiel pris le 29 mai dernier. Campagne dont la durée portera sur 30 jours francs.
La CENI, qui a déjà rendu publique la liste des candidats à ce scrutin législatif, ne cache pas son impatience.
L'opposition ayant décidé de bouder le processus qui a abouti jusque là à la mise en place de ce chronogramme électoral. Il va donc falloir ronger son frein du côté de l'institution chargée d'organiser les élections en attendant de connaître l'issue des pourparlers en cours au Palais du peuple de Conakry, dans le cadre de la concertation inclusive.
Il faut noter la présence à ce dialogue du chef de file de l'opposition Cellou Dalein Diallo, qui est rentré de Paris la veille du démarrage de la rencontre. Son voyage de Paris en compagnie de l'ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, visait à "attirer l'attention de la communauté internationale sur le blocage du processus de transition" en Guinée, à en croire le collectif de l'opposition.
Autour de cette table de dialogue se trouve également la coordinatrice de la mouvance présidentielle Nantenin Chérif.
Cette fois les sujets qui fâchent seront mis sur la table, tels que le cas de l'opérateur Waymark, le vote des Guinéens de l'étranger, le fonctionnement de la CENI et le chronogramme électoral convoquant les électeurs aux urnes pour le 30 juin.
Et avec cette nouvelle donne, des observateurs avertis pensent que la date du scrutin pourrait subir une modification. Certes, il faut se garder d'aller vite en besogne, étant donné que cette décision relève de la seule discrétion du président de la République.
Il conviendrait de rappeler aussi que dans une déclaration faite la veille du lancement de ces travaux de concertation, le facilitateur international Saïd Djinnit avait invité les parties prenantes au processus électoral, à " faire du dialogue le seul et unique moyen de règlement de leurs différends et désaccords".
Le diplomate onusien avait mis cette occasion à profit pour saluer le retour au calme observé dans la capitale, après des violences ayant entraîné "malheureusement, la perte de nombreuses vies humaines."
Invitant les deux camps à travailler dans le sens de l'apaisement, Saïd Djinnit a ainsi souhaité que cette concertation se déroule dans un "esprit constructif et d'ouverture pour créer les conditions de la tenue d'élections législatives libres, transparentes et pacifiques et permettre ainsi à la Guinée de parachever la mise en place de ses institutions démocratiques".