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Les Maliens veulent replacer la cherté de la vie au coeur de la campagne électorale (SYNTHESE)

( Xinhua )

17.07.2013 à 13h34

L'un des grands défis du futur président de la République du Mali sera sans doute de mettre de l' ordre dans la fonction publique et les affaires.

Aujourd'hui, soulignent des observateurs, le commerce dans ce pays enclavé est plutôt l'affaire des "Gros bonnets" employés par l'Etat et qui monopolisent tous les circuits d'importation.

Ce serait d'ailleurs l'une des raisons fondamentales de la corruption du système des marchés publics. "Le prochain président du Mali aura-t-il le courage politique d'un Alpha Condé pour s' attaquer à ces réseaux mafieux", s'interrogeait ainsi un jeune cadre dans un débat sur les réseaux sociaux.

Il fait allusion aux mesures prises par le président de la Guinée-Conakry, Alpha Condé, pour moraliser les marchés publics. Celles-ci auraient eu comme retombées la réduction de 40 % du vite de vente du riz en trois ans.

"Au Mali, c'est le contraire ! Les prix ne cessent d'augmenter. Ce ne sont pas mes soeurs ménagères et les chefs de famille de Bamako qui diront le contraire en cette période cruciale du ramadan. C'est le moment propice pour des commerçants et opérateurs économiques de doubler leurs chiffres d'affaires", s' offusque Aïcha, une jeune dame rencontrée dans l'un des marches de la capitale malienne ce week-end.

A Bamako, le kilo de la pomme de terre vacille entre 750 F CFA. Le sac du sucre est pour le moment cédé en moyenne à 24.000 FCFA. Le piment est passé à 20 F l'unité, le pain est à 300 F la miche de piètre qualité, la petite boîte du lait en poudre est à 4.200 FCFA, le sachet de Malilait est passé à 150 F CFA avec goût farine maïs ou de mil diluée dans l'eau, la boisson sucrée est à 250 F CFA... La tomate concentrée a augmenté d'au moins 20 %. Le carburant, on n'en parle même pas. Ce qui a entraîné une hausse généralisée des frais du transport en commun de 50 %.

"Où est passé le gouvernement ? Que fait-il pour ramener les prix à un niveau raisonnable, surtout supportable pour la majorité des Maliens ?" s'interroge la jeune consommatrice ainsi que beaucoup d'autres consommateurs rencontrés sur place.

"Corrompu, il a abdiqué en se refugiant souvent derrière des politiques qui ne sont en réalité que de la poudre aux yeux. Les stratégies de subventions tournent par exemple aux subterfuges. Ainsi, il arrive fréquemment que le riz subventionné coûte parfois plus cher que la marchandise qui n'a pas bénéficié de cet abattement fiscal", explique Alphaly, un journaliste économique du pays.

Ce qui se comprend aisément car, explique-t-il, malgré le système libéral proclamé, ce sont toujours des monopoles qui contrôlent tous les circuits d'importation, notamment des denrées de première nécessité (Sucre, riz, farine, lait..) au Mali.

"Et la grande majorité de nos célèbres opérateurs connus ne sont que des prête-noms. Les vrais actionnaires sont les décideurs de ces 20 dernières années. Ce qui fait que les politiques de subventions n'ont aucun impact sur les prix de vente aux populations", se plaint Abdoulaye Koné, un jeune juriste.

Il déplore aussi le fait que, "les marchés soient attribués contre espèces sonnantes et trébuchantes. Et les commerçants répercutent les commissions sur le coût de l'importation et non sur leur large marge bénéficiaire ! Conséquence, les prix ne cessent de prendre l'ascenseur".

Peut-on alors espérer sur une lueur de changement alors que ceux qui convoitent le pouvoir aujourd'hui ont fait fortune grâce à ce système ? C'est l'une des questions que se posent aujourd'hui de nombreux Maliens. Leur souhait est que les 28 candidats à la présidentielle du 28 juillet disent clairement ce qu'ils comptent faire pour ramener les prix à un niveau raisonnable au Mali.

"Aucun discours de campagne ne fait pour le moment cas de ces hausses insupportables qui, pourtant, empoisonnent la vie de la Nation. Est-ce que parce qu'ils n'ont jamais été dans le besoin ? C'est évident car, à quelques exceptions près, qui d'entre eux n'a pas été entretenu par le contribuable ces 20 dernières années ? Combien de ceux qui sont en face de nous aujourd'hui ne sont pas propriétaires ou actionnaires majoritaire dans des sociétés offshores créées dans des paradis fiscaux et managées par des neveux, fils de, fille de... ?" défie Aïcha, très dynamique dans les associations caritatives dans son pays.

"Que les candidats aux présidentielles viennent nous apporter les preuves qu'ils n'ont pas d'intérêts dans aucune de ces sociétés de monopole qui ne cessent de ruiner le pouvoir d'achat des Maliens ! Qu'ils viennent assurer le peuple, avec des arguments solides, qu'ils ont la volonté de changer ces pratiques du passé comme Alpha Condé en Guinée-Conakry ! Celui qui réussira à nous convaincre sur cette question, nous allons voter pour lui sans nous poser de questions", souhaite Alphaly.

"Certes, notre justice est autant corrompue que les milieux d' affaires. Mais, visiblement, les Maliens commencent à se réveiller. Et le réveil va être très brutal si on n'y prend pas garde", conclut-il.

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