Les Zimbabwéens se sont rendus dans les bureaux de vote mercredi avec calme et discipline afin de départager les deux grands rivaux politiques de ce pays d' Afrique australe : le président Robert Mugabe et le Premier ministre Morgan Tsvangirai.
Les longues files d'attente qui se sont initialement formées devant la plupart des bureaux de vote du pays, se sont progressivement réduites au cours de la journée. A la fin de la journée, les électeurs avaient beaucoup moins de temps d'attente.
Les bureaux ont commencé à fermer leurs portes à 19 heures, même si certains ont dû rester ouverts pour permettre aux citoyens faisant encore la queue de s'acquitter de leur devoir électoral. La Commission électorale du Zimbabwe (ZEC) a indiqué, lors d'une conférence de presse, que le taux de participation avait été globalement élevé, sans donner pour l'heure de chiffres précis.
Le face-à-face du scrutin présidentiel est le troisième à avoir lieu en une décennie. Mugabe, qui, à 89 ans, est le chef d' Etat le plus âgé d'Afrique, a remporté les deux précédentes élections.
Les deux candidats sont confiants en leur victoire respective et justifient ce sentiment par le public nombreux qui venait assister à leurs meetings de campagne.
Tsvangirai, leader du Mouvement pour un changement démocratique (MDC-T), a décrit cette élection comme "historique" et "émouvante" pour tous les Zimbabwéens, après avoir lui-même voté.
"Je suis en train de gagner d'une manière retentissante, si j' ose dire. J'espère que tout le monde aura le temps de parachever le changement pour lequel nous nous battons depuis près de 14 ans",a affirmé Tsvangirai.
Mugabe a, pour sa part, soutenu avoir d'aussi bonnes chances de victoire qu'en 1980, lorsque son parti le Front patriotique d' Union nationale africaine du Zimbabwe (Zanu-PF) avait raflé 57 des 80 sièges parlementaires, au lendemain de l'indépendance du pays du Royaume-Uni.
Les quelque 6,4 millions d'électeurs doivent également désigner plus de 200 députés et 1.958 conseillers locaux.
Impatients de voter, certains citoyens zimbabwéens se sont rendus devant les bureaux de vote mercredi à l'aube, munis de thermos et couvertures pour faire face à la fraîcheur matinale.
Angelica Mumba, âgée de 65 ans, a affirmé qu'elle voterait pour le parti Zanu-PF de Mugabe, le considérant comme le seul parti avec une vision d'avenir pour le Zimbabwe.
Des différends et des violences avaient marqué les dernières élections zimbabwéennes en 2008. Mugabe, qui avait alors obtenu une victoire contestée au deuxième tour de l'élection présidentielle, avait été forcé à former un gouvernement de coalition avec Tsvangirai, qui avait gagné le premier tour.
Le chef de l'équipe chinoise d'observation électorale, composée de 5 membres, Liu Guijin, a décrit ce scrutin comme un " tournant" dans l'Histoire postcoloniale du Zimbabwe.
"Si ses résultats sont fiables, il peut mettre fin au gouvernement de coalition transitoire et permettre au pays de connaître une nouvelle évolution politique et sociale", a déclaré à la presse M. Liu. "Nous pensons que le Zimbabwe dispose de toutes les conditions nécessaires à une amélioration considérable de sa situation actuelle."
Le processus électoral de cette année a commencé dans la confusion, lors du vote anticipé des officiers de police et agents électoraux, qui a accusé des retards. Par conséquent, la moitié des 60.000 personnes qui étaient censées voter les 14 et 15 juillet n'ont pas pu le faire. Les agents concernés se sont vu accorder la priorité de voter mercredi.
Malgré des critiques formulées par le MDC-T, le chef de la mission d'observation électorale de l'Union africaine, Olusegun Obasanjo, a affirmé mercredi que le scrutin se déroulait sans problème et que rien ne remettait en cause son bon déroulement.
Mugabe a reconnu mardi, lors d'une interview accordée exceptionnellement à la presse étrangère, "quelques contretemps ici et là", mais a démenti les avoir orchestrés afin de truquer les élections.
Mugabe a été une figure clé de la lutte pour l'indépendance au Zimbabwe, dans les années 60 et 70. Il a été élu Premier ministre en 1980, puis président exécutif du pays en 1987.
Depuis lors, Mugabe a remporté les élections présidentielles zimbabwéennes de 1990, 1996, 2002, et 2008.