Des divergences d'appréciations ont créé ces derniers jours une vive polémique entre des alliés de la coalition au pouvoir.
A l'occasion de son conclave tenu le week-end dernier, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien président Henri Konan Bédié a littéralement "vidé son sac" contre le Rassemblement des Républicains (RDR) du président Alassane Ouattara.
Dans un communiqué final, le PDCI a fait état de constats amers après sa contribution à la victoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir).
SOUPÇONS DE TRIBALISME
Le parti de Bédié qui a relevé un manque de clarté et de lisibilité dans l'exécution des clauses de l'alliance a soupçonné son allié du RDR de pratiquer le tribalisme en faisant la promotion des cadres issus principalement du nord du pays, une pratique appelée dans le jargon politique "rattrapage".
"Nous notons la mise en chômage des cadres du parti par leur remplacement systématique du fait de la politique du rattrapage", a indiqué ce parti, recommandant "le respect du principe sacro- saint de l'égalité d'accès de tous les citoyens aux fonctions et emplois public" et "la promotion équilibrée et équitable" des cadres issus de cette alliance.
Le PDCI qui souhaite clarifier les modalités d'exécution des clauses de l'alliance RHDP pour en accroître la lisibilité a aussi demandé la décrispation des relations entre alliés du RHDP.
LE RDR SURPRIS ET INDIGNÉ
Réagissant à ces accusations, le porte-parole du RDR Joël N'Guessan a exprimé sa surprise et son indignation.
Pour celui-ci, il s'agit d'un "faux procès" fait au président de la République Alassane Ouattara.
"Nous nous inscrivons en faux contre cela. Nous avons les statistiques de toutes les nominations qui ont été faites. C'est un mauvais procès fait à notre parti en disant que nous faisons nommer des gens qui sont de l'ethnie du président Ouattara ", a rétorqué M. Nguessan.
"Déjà, le Premier ministre n'est pas du RDR et n'est pas de l'ethnie du président Ouattara. Le ministre des affaires étrangères n'est pas du parti du président Ouattara. Que ce soit aux impôts, dans les grandes administrations, ce sont les cadres du PDCI que nous avons mis. C'est vraiment un faux débat", a-t-il ajouté, soulignant que le chef de l'Etat ivoirien nomme en fonction des compétences et non sur la base ethnique.
A en croire Joël Nguessan, le leader du PDCI Henri Konan Bédié est régulièrement consulté sur les questions de nomination par Alassane Ouattara.
"Nous leur conseillons d'emprunter d'autres voies qui ne mettront pas en péril notre salutaire alliance dont ils sont l'un des principaux bénéficiaires", a-t-il conclu. Pour étayer ses propos, le porte-parole du RDR a promis de rendre bientôt publiques les statistiques des nominations.
ÉCLATS DE VOIX AU PARLEMENT
Les divergences entre les alliés du PDCI et du RDR ont été également perceptibles au Parlement où la loi sur l'apatridie a fait l'objet de vifs échanges et des éclats de voix.
L'ouverture des débats après l'intervention des ministres de la Justice et des Affaires étrangères pour présenter les textes a fait place à une fracture entre les parlementaires cristallisés en deux blocs.
L'on avait d'une part les députés favorables à l'adoption du projet de loi, composés en majorité de députés RDR, et de l'autre, ceux qui étaient contre, en notamment les députés issus du PDCI.
Les parlementaires réfractaires au vote de la loi se sont inquiétés de ce que la ratification de ces conventions donne lieu de manière systématique à l'attribution de la nationalité ivoirienne sur la base du droit du sol, qui avait pourtant été supprimé du code de nationalité ivoirienne depuis 1972.
Ils ont aussi noté une précipitation qui pourrait engendrer des convulsions politiques à l'avenir.
La loi a été adoptée en fin de compte en commission, après de chaudes empoignades entre députés des deux partis alliés.
Avec d'autres alliés tels que l'Union pour le développement et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI), le PDCI et RDR avaient uni leurs forces au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2010 contre l'ex-président Laurent Gbagbo, ce qui, selon des observateurs politiques, a concouru à la victoire du président Alassane Ouattara.