Dans un rapport rendu public mardi, le HCP (Haut commissariat au plan) du Maroc met en garde le chef du gouvernement contre l'augmentation du taux de chômage et la baisse de la consommation et des investissements à cause de la hausse des prix des carburants, suite à l'adoption de l'indexation partielle des prix des produits pétroliers, qui ont augmenté à partir du lundi 16 septembre.
L'entrée en vigueur de l'indexation consiste à répercuter automatiquement les variations à la hausse ou à la baisse des cours internationaux de l'or noir. Ainsi, les prix du gazoil 50 ppm et du super augmentent respectivement de 0,69 DH et 0,59 DH ( un dollar équivaut à 8,1 dirhams) par litre. Cette hausse des prix est due à la baisse des subventions de l'Etat, désormais fixées pour 2013 à 0,8 DH/litre d'essence et 2,6 DH/litre de gazoil.
Pour mener à bien cette nouvelle politique, le gouvernement marocain a signé, jeudi dernier, un contrat pour la couverture du risque, plus connue sous le nom de hedging, afin de se couvrir contre les fluctuations des cours de pétrole sur le marché international. En vertu de ce contrat, une société d'assurance internationale couvrira les risques de toute hausse des prix des produits pétroliers au-delà de 120 dollars.
Toutefois, l'application du système d'indexation partielle, lors de la première phase, ne concernera que trois produits pétroliers liquides à savoir le supercarburant, le gasoil et le fuel industriel. Les produits subventionnés notamment le gaz butane, le gasoil consommé par la pêche côtière et les fuels destinés à la production de l'électricité ne sont pas soumis à l'indexation.
En réaction à cette indexation, l'opposition flagelle le gouvernement marocain. Le Parti de l'Istiqlal a été le premier à critiquer la décision de l'application du système d'indexation des prix des carburants, notant dans un communiqué que cette mesure affecte le pouvoir d'achat des citoyens et fragilise la paix sociale. De son côté, le secrétaire général de l'UC (Union constitutionnelle) a indiqué que ces conditions « imposent aux partis de l'opposition de serrer les rangs en vue d'astreindre le gouvernement à les associer à de pareilles décisions majeures».
L'USFP (Union socialiste des forces populaires) a souligné, pour sa part, que cette augmentation est injustifiée, promettant au gouvernement « une forte opposition au parlement et des protestations au niveau syndical ». Le RNI (Rassemblement national des indépendants) s'est déclaré, pour sa part, être exaspéré par l'application du système d'indexation partielle des prix des carburants.
Un député du RNI a expliqué que cette indignation est motivée par deux principales raisons: son timing, puisqu'elle intervient à la veille de la formation d'une nouvelle majorité, et ses répercussions sur la paix sociale avant l'entrée du RNI au gouvernement.
Même son de cloche chez les professionnels. « Cette nouvelle hausse fragilise ce secteur déjà en difficulté et amplifie le risque d'une concurrence du transport illicite », a déclaré le secrétaire général du Syndicat marocain des professionnels du transport (SMPT). Le syndicat compte observer, lundi prochain, un sit-in devant les ministères marocains de l'Intérieur et de l'Equipement et du transport, qui sera suivi d'une grève nationale, dont la date sera déterminée ultérieurement.
De son côté, la Fédération marocaine de l'union des transporteurs routiers publics de personnes a annoncé qu'une grève nationale de 72 heures serait observée à partir de lundi prochain pour défendre les intérêts des professionnels du secteur.
Peu avant cette annonce, le ministre marocain des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, a indiqué que les mesures d'accompagnement en faveur du transport, dont le poste consommation du gasoil représente 30 à 34% des charges, éviteraient toute répercussion sur les prix du transport des personnes et des marchandises. Un mécanisme de restitution, moyennant notamment la présentation des bons d'achat de carburant, serait mis en place.