Qu'il le veuille ou non, qu'il soit démocrate ou républicain, le prochain président américain sera tenu de mettre un bémol aux attaques verbales contre la Chine, telles qu'on a pu les entendre formulées tout au long de la campagne électorale, et il devra faire évoluer les mentalités de son pays pour qu'il s'adapte à l'inévitable ascension de la Chine en acceptant d'entretenir avec elle des relations apaisées.
Les deux candidats à la présidence américaine ont promis, lors de leur troisième et dernier débat lundi soir, qu'ils allaient inciter Pékin à suivre "les règles du jeu" dans les relations bilatérales.
Cependant, il faut noter que la définition des "règles du jeu" par les deux candidats est avant tout pro-américaine et qu'elle manque d'objectivité.
Soulignons ici que la Chine a toujours agi en conformité avec les règles des institutions internationales, notamment celles de l'Organisation mondiale du commerce. Elle n'est pas tenue, en revanche, d'observer les "règles" élaborées par un seul pays.
La Chine souhaite travailler en étroite collaboration avec ses partenaires américains pour trouver, par le biais de discussions franches, des solutions qui puissent servir au mieux les intérêts des deux parties.
Dans les faits, on assiste à une augmentation des litiges commerciaux entre les deux principales économies du monde, qui semble montrer que les Etats-Unis ne sont pas prêts à travailler d'égal à égal avec la Chine.
Face au développement économique rapide de la Chine, l'unique superpuissance du monde semble se retrouver devant un dilemme embarrassant.
D'un côté, les Etats-Unis désirent profiter des avantages commerciaux liés à l'expansion économique de la Chine. D'un autre côté, Washington craint que la montée en puissance de la Chine n'entraîne un effritement de ses zones d'influence traditionnelles, en particulier dans la région Asie-Pacifique, et qu'elle ne finisse par menacer sa "position mondiale dominante".
Une telle vision de la situation empêche les décideurs américains d'appréhender l'émergence de la Chine de manière objective et rationnelle.
Et cette représentation n'est pas limitée à la sphère politique. Un sondage réalisé cette année par le quotidien Washington Post et la chaîne de télévision ABC a révélé que 52% des Américains interrogés avaient une opinion négative sur la Chine.
Certains responsables politiques américains désireux d'engranger des gains électoraux, au lieu d'éduquer le grand public sur l'importance du maintien d'une relation sino-américaine forte et dynamique, se sont servis de cette hostilité mal fondée envers la Chine. Ce genre de pratiques ne peut que nuire aux relations entre les deux pays et entamer la confiance mutuelle de part et d'autre.
Néanmoins, le gouvernement américain doit être bien conscient qu'aujourd'hui, les intérêts des Etats-Unis et de la Chine sont très entremêlés et que l'interdépendance économique entre les deux pays n'a jamais été aussi forte.
Selon le ministère chinois du Commerce, les échanges commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis ont atteint un niveau record de 446,7 milliards de dollars en 2011. La Chine est le deuxième plus grand partenaire commercial des Etats-Unis, et vice-versa.
La Chine cherche aujourd'hui à restructurer de façon radicale son modèle de croissance économique en privilégiant une économie plus verte, ce qui va sans aucun doute offrir des opportunités aux entreprises américaines.
Par ailleurs, les deux pays sont également des partenaires importants face à bon nombre de défis urgents de la planète, qu'il s'agisse de la crise économique mondiale, du changement climatique ou encore de la non-prolifération nucléaire, qui sont des problèmes complexes qu'aucun pays n'est en mesure de régler par lui-même.
Bien sûr, les deux pays ont des divergences dans des domaines tels que la politique monétaire, la situation au Moyen-Orient, et la conception des droits de l'Homme. Mais aucun des deux ne peut laisser ces désaccords assombrir le développement harmonieux des relations bilatérales.
Cependant, si Washington continue de considérer l'émergence de la Chine davantage comme une menace qu'une chance, il est possible qu'à un moment donné, les différends s'accentuent au point de provoquer une rupture qui serait préjudiciable aux deux parties.
Pour éviter un tel scénario catastrophique, les Etats-Unis doivent apprendre à vivre pacifiquement et de façon responsable avec la Chine, ce qui comprend le respect de ses exigences légitimes pour assurer sa croissance, ainsi que le respect de ses intérêts fondamentaux.
Les deux pays peuvent aussi travailler ensemble et prouver qu'ils sont capables d'éviter les confrontations et de produire des résultats bénéfiques tant pour l'un que pour l'autre.