Notre site/Nouvelles bilingues/Dernières nouvelles/Archives/

 
Français>>CultureMise à jour 23.09.2011 à 08h33
Guy Ferrer : « Ambassadeur de l'art » entre la Chine et la France
Guy Ferrer

Guy Ferrer est né dans la région méditerranéenne en 1955. Peintre, sculpteur, artiste nomade. Voyageur infatigable et curieux, il est ouvert à la richesse offerte par les cultures et les civilisations qui apparaissent et disparaissent au passage. Son œuvre se nourrit de cette expérience de vie conçue comme une étape de purification et d'élévation spirituelle.

En 2011, l'Alliance Française de Pékin accueille l'artiste Guy Ferrer pour une exposition de trois semaines. Nous sommes maintenant sur le site de Xihai de l'Alliance Française de Pékin. Suivez-nous pour en découvrir plus sur son atelier, et l'écouter pour savoir ce que ce séjour pourra apporter à sa création.

J : Bonjour, monsieur Guy Ferrer. Est-ce votre premier voyage en Chine ?
F : Oui, c'est mon premier voyage en Chine, et c'est un voyage passionnant, je suis très heureux d'être ici. Je n'avais pas mis ça comme priorité dans ma vie, je suis venu un petit peu grâce à Laurent Croset qui est le directeur de l'Alliance Française de Pékin, qui connait mon travail depuis l'Afrique du Sud, j'ai envie de dire un petit peu « par hasard ». Je suis ravi d'être ici, je découvre des gens magnifiques ici, une culture, j'ai envie de dire, une civilisation que je ne connaissais pas, et qui me passionne, je découvre des techniques artistiques. J'ai plein d'idées qui me viennent avec l'encre, avec le papier, avec la soie, enfin voilà je suis très très enthousiasmé.
J : Voudriez-vous saluer les internautes chinois en chinois ?
F : Je ne saurais pas malheureusement, comment dois-je dire ? Je n'ai pas encore appris tout ça, je viens d'arriver.
J : Mais je peux vous apprendre.
F : Avec plaisir, comment dit-on ?
J : Vous pouvez dire, « da jia hao. »
F : Da jia hao.
J : « wo shi Fei Ai'er. »
F: Wo shi Fei Ai'er.
J: Voilà. Très bien.
F : Merci, xie xie.
J : Est-ce que vous pouvez nous parler de la genèse du projet, pourquoi la Chine ? Pourquoi Pékin ?
F : Alors c'est le hasard, ce que je disais précédemment, la Chine, parce que l'Alliance Française de Chine m'a invité, tout simplement. Ensuite, bien que la Chine m'intéressait, et que j'ai beaucoup voyagé, je ne connaissais pas encore la Chine. Et enfin pour un artiste, curieux, on va dire, un créateur qui a toujours envie de se remettre en question, ce qu'il sait faire, ce qui est quand même la définition de la création, de se remettre en question, c'est de remettre en question ce qu'il sait faire, c'est pour éviter de ne pas créer deux fois, et pourtant ce n'est pas créer. C'est intéressant d'être ici pour découvrir d'autres techniques, et d'autres manières de faire, ça m'intéresse beaucoup.
J : Vous avez eu une exposition à Shanghai ?
F : J'ai eu une exposition à Shanghai, mais dans une exposition collective, cétait dans le cadre de l'art contemporain à Shanghai, je crois. J'ai été présenté par une galerie de Californie avec laquelle j'ai travaillé, mais à part cette exposition-là, bien sûr que j'ai fait des expositions en Asie, j'ai exposé en Corée à deux reprises, j'ai exposé au Japon. J'ai été représenté par une galerie pendant des années par monsieur Massouda qui est devenu un ami. Donc, c'est vraiment la première fois que j'expose sur le territoire chinois, à titre personnel en fait. A Shanghai, c'était vraiment une foire d'exposition, j'étais parmi de très nombreux d'artistes, et là c'est une exposition personnelle qui aura lieu à Pékin et à Shanghai.

J : Vous êtes venu à Shanghai la dernière fois ?
F : Non, je n'étais pas venu. Je n'ai pas pu venir, j'ai envoyé mes œuvres. C'est une manière d'être là, mais je n'étais pas là physiquement
J : Et la dernière-fois, c'était indirect, parce que c'étaient votre œuvres qui avaient voyagé, maintenant c'est direct, vous pouvez toucher la culture chinoise.
F : J'ai envoyé mes petits ambassadeurs, c'étaient mes œuvres, aujourd'hui, c'est moi-même.
J : Comme vous êtes un artiste, vous voyagez beaucoup dans le monde entier, car vous faites des expositions en Amérique, en Europe, en Asie bien sûr, qu'est-ce que la Chine vous a inspiré au niveau de votre création? Et en plus, qu'est-ce que ce séjour à Pékin vous a apporté ?
F : Alors je vais vous répondre très franchement, car je suis quelqu'un de très franc et de direct, il est trop tôt pour moi, pour faire une synthèse, la vérité, c'est que je suis arrivé il y a à peine dix jours, j'ai travaillé beaucoup pendant des heures et des heures, donc j‘ai pu appréhender, j'ai pu apercevoir un petit peu Pékin qui n'est pas la Chine, comme Paris n'est pas la France, mais c'est quand même suffisamment passionnant pour me donner envie de revenir, et j'espère de nombreuses fois. Maintenant, ce que je sens déjà, c'est tout ce rapport à la calligraphie, ce rapport au papier, ce soin des détails, cette finesse d'exécution, cette passion pour la création faite par tout le monde en réalité, je ne pense pas qu'en France nous ayons quasiment l'obligation enfin, on a beaucoup moins de monde je pense en France, qui s'intéresse à créer un objet de ses mains, à créer une calligraphie, à exprimer quelque chose de sensible même en tant qu'amateur, alors que je constate qu'en Chine tout le monde plus ou moins fait son dessin, son écriture, a une passion pour cette petite création, pour cette grande création, vraiment ça m'a très ému de voir ça.
J: Vous avez essayé de chercher des raisons ?
F : Je pense que les gens sont sensibles, tout simplement. Je pense que ça fait partie de ça, c'est une analyse personnelle, mais je pense que ça fait partie de la volonté de, peut-être, comprendre une discipline artistique, de se mesurer à la difficulté de faire une belle calligraphie, ça sous-entend une philosophie de vie, où on n'est pas seulement spectateur mais acteur, où on essaye de créer la beauté, donc je pense que c'est... quand je vois la la cuisine par exemple, c'est immense enfin, il y a un champ de créativité qui est immense, je trouve que c'est intéressant. Pourtant on dit que la gastronomie française est très réputée. Donc sur ce plan-là, de ce point de vue là, en tout cas, nous avons également de grands confectionneurs.
J : D'accord, la cuisine chinoise et la cuisine française.
F : Oui.
J : J'ai l'impression de contempler les peintures chinoises faites avec des pinceaux chinois, est-ce une coïncidence ou bien est-ce volontaire ?
F : C'est très intéressant. Mais je pense que c'est une coïncidence, parce que je suis curieux, curieux dans le bon sens du terme, parce que je m'intéresse aux autres, mais je n'ai pas vraiment découvert la culture, si j'ai pu faire des choses qui vous rappellent la culture chinoise, on va dire que c'est par hasard, très sincèrement. Mais ça m'intéresse d'aller plus loin de continuer, puisque si j'ai pu faire quelque chose qui pourrait vous faire penser à la culture chinoise, je l'aurai fait par hasard.
J : Peut-être, il y a une nature commune, une chose partagée entre le deux cultures
F : Là, je pense que vous avez raison. Parce que j'ai un côté contemplatif, en fait je trouve que cette faculté de contemplation active, contempler n'est pas s'endormir, c'est réfléchir sur le monde. Et je trouve cela d'une façon assez évidente, quand je vois les gens regarder ce lac, par exemple dehors, ou quand je vois les gens marcher dans les rues, s'asseoir sous un arbre, je pense qu'il y a cette faculté de contempler activement le monde, la vie, et de se positionner par rapport à ça, de mieux comprendre qui on est. Je pense effectivement que là, j'ai quelque chose de commun avec les Chinois, je peux le voir, je peux en juger, mais parce que vraiment, c'est une expérience extrêmement récente, je veux pas tirer des conclusions qui pourraient être ridicules, c'est simplement ce que je ressens au moment où nous nous parlons. C'est récent, c'est une expérience récente. Mais je crois que vous avez raison, il y a une évidente ressemblance je pense dans cette façon d'être au monde, je ne sais pas si vous comprenez.
J: Je n'espère pas que c'est le produit de la mondialisation, comme le produit industriel par exemple.
F : Ah non non, c'est tout le contraire. On est en dehors de ça. Je veux préciser également quelque chose, c'est qu'en fait, l'expérience chinoise me permet de relativiser ce que la presse française véhicule sur la Chine, parce que je rencontre des gens chaleureux, enthousiastes, sympathiques, ouverts, généreux, je n'avais pas cette image, parce que je pense que nous sommes un peu déformés par notre lecture de la presse occidentale.
J : Ce que vous avez reçu comme image chinoise est différent de ce que vous avez eu en France ?
F : Tout à fait, absolument. J'ai vu des images de groupe, je rencontre des individus, des vrais individus, de vraies personnalités, pas du tout des gens formatés, les gens pensent comme il faut penser, et j'ai rencontré des gens différents, formidables, ouverts et rigolos, tristes. On est vraiment dans un rapport à l'originalité qui me plaît.
J : J'ai l'impression que votre travail concerne majoritairement des êtres humains, par exemple votre exposition « Signe-Humain-Symbole » en 1996 à Venezuela, et « L'homme et le symbole » en 2001 à Paris, pourquoi vous menez cette réflexion ?
F : Parce que, l'être humain c'est ce qui fait que nous sommes tous concernés enfin. Je veux dire on est dans la vie, je suis dans la vie, mon travail me permet de vivre, je m'intéresse à l'être humain, je m'intéresse à l'altérité, c'est-à-dire que l'altérité, c'est un terme générique, mais ça permet d'aller dans toutes les différences de chacun, et surtout la culture. Je pense que c'est fondamental de se dire que nous sommes vivants ensemble aujourd'hui, mais qu'on va mourir un jour, qu'on a ça en commun, et que cette humanité qui permet de le comprendre enfin, on est sur un sujet totalement fondamental, général, je ne connais pas d'autre chose qui soit plus fondamental que çà, donc l'être humain, la vie, la mort, c'est le champ de mon travail, c'est l'universalité que je peux trouver dans cette thématique, c'est là que je pense avoir des choses à dire.
J : D'accord. C'est-à-dire que vous travaillez sur la recherche des choses communes entre les peuples.
F : Entre les peuples, entre les cultures, entre les êtres, qu' est-ce qu'il y a comme points communs entre les gens qui vivent ensemble sur cette planète à un instant donné, sinon qu'ils sont vivants, qu'ils vont mourir, qu'ils espèrent avoir la vie la plus agréable possible. On est dans une relation fondamentale à la vie tout simplement, bien sûr qu'il y a un pacte sur la spiritualité, c'est la question que je viens d'évoquer. Bien sûr, survole toutes ces questions de mort et d'humanité, la notion de « spirituel », dans le sens que c'est le point d'espoir, le seul qui pourrait nous laisser supposer que la mort n'est pas une fin. Ca aussi, c'est à toute l'humanité, ça aussi, ça m'intéresse évidemment. En fait, c'est l'universalité qui m'intéresse.
J : Et la diversité ?
F : Sans tomber dans la généralisation pour autant, parce que l'on ne peut pas réduire l'être humain à ça, l'humain est beaucoup plus varié, plus ouvert que ça. Mais disons que mon champ de travail est ça, parce que c'est là ce que je crois, j'ai créé le plus pour découvrir, le plus pour m'ouvrir aux autres, et le plus pour donner.
J : Votre voyage dans le monde entier, comment il a changé votre point de vue sur le monde, sur l'être humain ? Parce que vous avez déjà voyagé beaucoup. Dans pas mal de continents différents.
F : C'est une manière d'être vivant,.d'aller à la rencontre des autres, de mieux me connaître, c'est plus égoïste, ça en a l'air, parce qu'en réalité, ça permet de mieux se comprendre, de mieux se connaître, de relativiser ce que qu'on nous a dit, par exemple en Europe, nous n'aurons pas de vérité autre qu'ici, là-bas, la couleur noire, c'est la couleur de la mort, alors qu'ici, c'est le blanc. C'est un exemple que je prends, une vérité relative relativisée par l'endroit où on se trouve. Je voyage, parce que ça me perme de mieux me connaître, et d'entrer dans d'autres cultures, c'est une bonne curiosité, c'est comme ça qu'on avance, on progresse un petit peu.
J : C'est en route que vous vous sentez vivant ?
F : Oui, mais il faut que je me pose pour créer, pour travailler. Donc, je roule, j'avance, je marche, je vole, je prends des choses, et après, je les restitue avec mon travail. Je précise que je suis peintre et sculpteur, c'est-à-dire que là on va montrer des peintures dans cette exposition à la Cheng Qingdong Gallerie, mais je regrette ne pas pouvoir montrer mes sculptures, parce que la sculpture a réellement de l'épaisseur, c'est vraiment la présence. Si je peints votre visage, je vais vous représenter, je vais suggérer votre présence, si je fais une sculpture de vous, vous serez dans l'espace, vous existerez de vous, de n'importe quoi. La sculpture, c'est une présence, c'est pas une suggestion, c'est pas une illusion, alors qu'une peinture est plus dans l'illusion, on va représenter une âme dans un oeil par exemple, la sculpture, ça existerait, mais je suis un petit peu embarrassé que je ne peux pas montrer mes sculptures à la galerie, mais j'espère revenir en Chine, j'espère avoir d'autres expositions, j'espère donc montrer mes sculptures la prochaine fois.
J : Pour vous, peindre et faire des sculptures, lequel est plus difficile ?
F : Ce n'est pas une question de difficulté. Je n'ai pas de difficulté ni avec l'un ni avec l'autre, j'ai juste besoin des deux pour satisfaire mon désir de créer, j'ai assez d'énergie pour nourrir les deux activités sans difficultés particulières.
J : Vous travaillez pendant certain moment sur la peinture, et après vous changez ou bien vous avez un rythme naturel ?
F : Mais, c'est une question de rythme, c'est les choses qui se mettent à plat, c'est comme une respiration. Je ne sais pas programmer, c'est comme ça.
J : Vous suivez votre coeur ?
F : Ca vient tout seul. C'est comme une respiration.
J : C'est comme ça, l'artiste.
F : Je crois.
J : Il se dit que vous voulez développer votre oeuvre sur une matière typiquement chinoise, faite de bambou, de soie, de papier de riz et d'eau, vous pouvez nous dire où en êtes-vous sur ce plan ?
F : Enfin, c'est dans le cadre de cette idée qui aurait été mise en place pour de la sculpture, en réalité, du fait que je n'ai pas fait de sculpture, j'ai utilisé de la soie, j'ai utilisé du papier, mais je n'ai pas utilisé de bambou, parce que l'idée, c'est de faire structure en bambou, des structures pour des sculptures. Mais malheureusement, je n'ai pas cette opportunité cette fois, mais encore une fois, j'espère bien revenir.
J : Vous pensez à les développer encore ?
F : Oui, bien sûr, absolument. J'ai beaucoup d'idées, mais là dans le cadre de cette exposition, ça ne sera pas possible.
J : Mais pourquoi cette centralisation de bambou, de soie, d'eau et de papier de riz ?
F : Et ben parce qu'on est au coeur d'une culture, la civilisation chinoise est très caricaturale peut-être, mais la civilisation traditionnelle chinoise, c'est ça, c'est le papier, c'est le riz, c'est le bambou, c'est la calligraphie, c'est l'encre, c'est tout ce que la culture après a fait de ces matériaux, mais objectivement, bien sûr, la soie, je l'ai déjà signalé. Bien sûr qu'il y a d'autres matériaux, mais c'est la civilisation du bambou, comme la civilisation méditerranéenne, c'est la civilisation de l'olivier, bien sûr, la cuisine en a découlé, c'est l'arbre nourricier de la méditerranée, bien sûr. Je crois que le bambou, c'est une très bonne manière de vous représenter.
J : Vous avez déjà beaucoup utilisé le matériel, la soie ?
F : Oui, l'idée, c'est de faire quelque chose qui découle de la soie, vous voyez le petit tableau qui est la-bas ? Le tableau dans le bleu ciel. En réalité, il s'agit plus de soie bleue que de couleur bleue. En réalité, la soie a été utilisée pour la charge de couleur qu'elle contient.
J : Pensez-vous à collaborer avec certains artistes chinois ?
F : Ah, j'adorerais, je serais très très heureux de ça, je n'ai pas eu d'occasion, mais je serais très très partant pour essayer cette expérience, j'aimerais beaucoup rencontrer des artistes chinois, échanger sur nos techniques, bien sûr les aider s'ils ont besoin. Ca m'intéresserait beaucoup, oui.
J : Vous avez quelques noms dans la tête ?
F : Vous parlez d'artistes chinois ?
J : Oui.
F : Non, j'ai pas de nom particulier à citer. Je ne veux pas citer des noms maintenant, parce que je veux pas être désagréable pour tout ceux que je n'aurais pas cités. Donc, je préfère ne pas citer de noms, oui.
J: Merci, monsieur Ferrer
F : Je vous en prie. Merci.

Guy Ferrer : « Ambassadeur de l'art » entre la Chine et la France(Vidéo)


Source: le Quotidien du Peuple en ligne

Articles pertinents
Commentaire
Nom d'utilisateur Anonyme  
  
  
  
Les Etats-Unis doivent réfléchir à trois questions
De l'« usine du monde » vers la « marque mondiale »
Des liens étroits avec Tokyo sont 'cruciaux' pour les Etats-Unis