Malgré leur succès au guichet au pays, les films chinois ont perdu du terrain pour ce qui est des revenus à l'étranger, selon les spécialistes de l'industrie.
Cette année en Chine, les recettes au guichet ont atteint 15 milliards de yuans (2,4 milliards $) en septembre, alors que celles de l'année dernière étaient de 17 milliards de yuans, a déclaré Luan Guozhi, vice-président du Bureau d'État du film.
M. Luan adressait la parole lors d'un forum important aux 17es Beijing Screenings, un événement visant à renforcer la coopération et la compréhension entre les cinéastes chinois et internationaux.
Il a déclaré s'attendre à ce que les recettes au guichet en 2013 atteignent 20 milliards de yuans. Mais les films chinois n'ont pas été si bien accueillis dans le monde, a-t-il ajouté.
Dans une bonne année, ils font un bénéfice brut d'environ 3 milliards de yuans à l'étranger, mais en règle générale, c'est environ 1 milliard de yuans, soit moins que les recettes au pays de certains films.
Selon un rapport publié par l'Université normale de Beijing, 59 films chinois ont été lancés à l'étranger en 2012, une augmentation de 13 % par rapport à 2011.
Mais les recettes, y compris les ventes au guichet et celles de copyrights, n'ont été que de 1,06 milliard de yuans, soit environ la moitié des recettes brutes de 2011.
Le rapport a également révélé que moins de 10 % des 500 films produits en Chine l'année dernière ont été distribués à l'étranger. En 2012, aucun film chinois n'a réalisé des revenus de plus de 100 millions de yuans à l'étranger.
«Beaucoup de films chinois ne présentent pas de valeurs universelles ; de plus, ils souffrent d'une structure décousue et d'une logique enfantine », a affirmé M. Luan.
Stanley Rosen, directeur du East Asian Studies Center du College of Letters, Arts and Sciences d'USC, a déclaré que, sauf de très rares exceptions, ni les films en chinois ni ceux dans les autres langues étrangères ont fait une percée dans le marché nord-américain, même s'ils avaient des vedettes d'Hollywood.
Par exemple, Zhang Yimou a donné un rôle à Christian Bale dans « The Flowers of War » en 2011 et Feng Xiaogang, à Adrien Brody dans « Back to 1942 », mais aucun de ces films n'a été bien accueilli aux guichets nord-américains.
La différence culturelle est la raison la plus importante expliquant la mauvaise performance des films chinois, selon M. Rosen.
« Le public occidental n'est pas familier avec les épopées historiques chinoises ; les drames, les histoires d'amour et les comédies d'un pays en développement ne sont pas toujours pertinents pour le reste du monde », a-t-il ajouté.
Le réalisateur Wong Kar-wai de Hong Kong a raccourci de 22 minutes « The Grandmaster », l'histoire d'Ip Man, le mentor de Bruce Lee, pour son lancement aux États-Unis en août. Il a ajouté des sous-titres pour expliquer l'histoire chinoise et a identifié les personnages à l'écran.
Le film a profité d'une très grosse promotion, avec des critiques en première page et des publicités d'une page et d'une demi-page pendant plusieurs jours dans le New York Times.
Le Los Angeles Times a parlé longuement de Wong et du film, et deux légendes du cinéma, Martin Scorsese et Jack Nicholson, ont appuyé le film.
Il a récolté des recettes brutes de 3,6 millions $, un revenu très correct pour un film chinois aux États-Unis. Mais ce n'est rien en comparaison de « Tigre et Dragon» et de « Hero ». Les deux ont rapporté plus de 50 millions $.
M. Rosen a suggéré que les réalisateurs chinois ne s'inquiètent pas maintenant du soft power des films.
Il a écrit un scénario basé sur un incident survenu à San Francisco dans les années 1980, quand une boutique de nouilles chinoises et un restaurant de pâtes italiennes se sont fait concurrence.
Son entreprise a perdu 4 millions $ au cours des deux premières années qu'elle a distribué des films chinois en Amérique du Nord. Mais il est invaincu.
« Il faut du temps pour trouver une bonne histoire avec laquelle les spectateurs s'identifient », dit-il.
Son optimisme vient du fait qu'il croit que le talent et l'expertise sauront s'imposer à la fin, sans compter que l'industrie aime les dénouements heureux.