La prétendue « manipulation des taux de change » de la Chine est le bouc émissaire préféré de certains Américains pour expliquer l'important déficit commercial des États-Unis et l'anémie de son marché de l'emploi, pourtant la croissance des exportations dépend en réalité principalement de facteurs extérieurs aux taux de change, a souligné mardi un économiste américain renommé.
Il est classique de chercher un bouc émissaire lorsque les choses vont mal. C'est dans ce cadre que les personnalités populistes de tous les bords politiques accusent la Chine de manipuler le cours de sa devise pour favoriser ses propres exportations et pénaliser les travailleurs américains, en particulier dans le secteur manufacturier, note Edward Lazear, ex- président du Conseil économique du président des États-Unis, le Council of Economic Advisers.
« La réalité est que la valeur du yuan chinois par rapport au dollar n'est pas la principale raison pour laquelle la Chine exporte plus de trois fois plus vers (les États-Unis) que (les États-Unis vers la Chine). Le taux de change est également une source de faiblesse mineure pour l'emploi aux États-Unis », commente M. Lazear dans un article publié mardi par le Wall Street Journal.
Entre 2005 et 2008, la valeur du yuan par rapport au dollar a augmenté d'environ 21 %, pourtant les exportations de Chine vers les États-Unis ont continué de progresser de +18,2 % par an environ en moyenne, observe-t-il.
La seule période au cours de laquelle les exportations de la Chine vers les États-Unis ont baissé de manière sensible a été la période de récession récente, avec une baisse des exportations d'environ un tiers entre fin 2008 et début 2010. Sur toute cette période, la parité yuan/dollar est restée pratiquement inchangée. L'explication évidente du recul des exportations chinoises vers les États-Unis est donc le recul général de la demande de biens de consommation dans ce pays, estime M. Lazear.
Non seulement la progression des échanges entre la Chine et le reste du monde contribue au poids économique grandissant de la Chine, mais l'inverse est aussi vrai. La croissance économique rapide de la Chine a renforcé son importance comme marché source ou destination des produits, estime M. Lazear, professeur à l'université de Stanford.
La politique de change adoptée par la Chine n'est pas la source de la croissance des exportations chinoises. Les chiffres décevants de l'emploi et des salaires aux États-Unis « dépendent bien davantage de notre propre politique économique » que du cours de la devise chinoise, a-t-il souligné.