À l'issue d'une réunion de trois jours au Pakistan sur l'impact sur les civils des drones militaires et des assassinats ciblés dans le contexte de la lutte antiterroriste, le rapporteur spécial sur les droits de l'homme et la lutte contre le terrorisme, Ben Emmerson, a condamné cette pratique vendredi.
« La position du gouvernement pakistanais est claire. Il ne consent pas à l'utilisation de drones par les États-Unis sur son territoire et considère cela comme une violation de sa souveraineté et de son intégrité territoriale », rappelle M. Emmerson dans un communiqué de presse.
L'envoi, par les autorités américaines, de drones, sans le consentement de l'État pakistanais, constitue donc une violation de la souveraineté du droit international. Islamabad a souligné de manière répétée que la campagne de drones est contreproductive, contribuant à radicaliser toute une génération de Pakistanais et risquant de perpétuer le terrorisme dans la région.
« Le Pakistan a appelé les États-Unis à y mettre fin immédiatement. Face aux tentatives de justification de ces attaques, le gouvernement pakistanais a indiqué clairement, au cours des discussions d'aujourd'hui, que l'incapacité supposée ou l'absence de volonté politique de contre le terrorisme sur son territoire sont non seulement fausses, mais constituent également un affront aux nombreuses victimes pakistanaises du terrorisme », précise M. Emmerson.
S'appuyant sur sa connaissance des conditions locales, le Pakistan s'est doté d'une stratégie de lutte durable contre le terrorisme, fondée sur le dialogue et le développement afin d'éradiquer les causes profondes du terrorisme.
« Le peuple pakistanais doit pouvoir développer cette stratégie. Les tribus Pashtoun des régions tribales sous administration fédérale ont considérablement souffert de la campagne des drones », relève M. Emmerson.
« Ces peuples fiers et indépendants sont autonomes depuis des générations et leur histoire est méconnue de l'Occident. Leurs structures tribales ont été détruites par les campagnes militaires et, en particulier, l'usage des drones », ajoute-t-il.
« Il est temps que la communauté internationale écoute les préoccupations du Pakistan et donne au prochain gouvernement démocratiquement élu le soutien et l'assistance nécessaire pour réaliser une paix durable sur son territoire sans ingérence militaire des nations étrangères », a déclaré M. Emmerson.