L'ensemble de la classe politique française a réagi dimanche et lundi aux récentes révélations sur le système d'espionnage déployé par les Etats-Unis, ne cachant pas sa stupéfaction devant l'ampleur des accusations pesant sur Washington.
Après la demande d'explications émise dimanche par son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le gouvernement socialiste français est resté prudent lundi, par la voix de sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, suspendant son jugement aux explications américaines.
"Nous avons demandé des explications aux Etats-Unis, s' il s' avérait que les choses se passent réellement comme cela, ce serait extrêmement préoccupant", a-t-elle déclaré à la presse, lors d' un déplacement à Lille (nord).
Quelque peu plus virulente, la ministre française de la Justice, Christiane Taubira, a estimé dimanche qu' "il y aurait là un acte d'hostilité inqualifiable, si effectivement les institutions européennes sont sous surveillance des services secrets américains".
"Entre l'Union Européenne et les Etats-Unis, nous savons à quel point cette histoire est quand même parcourue d'événement heureux, de solidarité, de compréhension et parfois d'incompréhension", a toutefois relativisé Mme Taubira sur la chaîne d' information française BFMTV.
La ministre de l' économie numérique, Fleur Pellerin, a jugé lundi sur BFMTV que ce n' est "pas la première fois" que de tels faits d' espionnage se produisent dans l' Histoire, insistant plutôt sur la surveillance systématique des populations via internet.
"Nous avons toujours considéré qu'internet était un bien commun, un cheval de Troie - regardez les Printemps arabes - de la liberté d'expression et aujourd'hui on voit que certains pays, qui sont des pays qui défendent la liberté d'expression, la liberté d'opinion, sont peut être des utilisateurs à des fins, au contraire, de surveillance généralisée", a souligné Mme Pellerin.
"C'est ce qui est très choquant, si c'est prouvé. Ne nous précipitons pas, attendons les explications des Américains", a-t-elle poursuivi.
Ces allégations d' espionnage, dévoilées en détail par l' hebdomadaire allemand Der Spiegel, a également suscité l' indignation des politiciens de droite et du centre.
Dénonçant des faits "extrêmement graves", s' ils étaient avérés, le président de l' Union pour un mouvement populaire (UMP, droite), Jean-François Copé a souligné qu' ils pourraient entacher les relations entre l' Union européenne et les Etats-Unis, alors que les deux parties s' apprêtent à négocier un traité commercial.
Le leader du Modem (centre), François Bayrou, a notamment évoqué la possibilité d' interrompre les négociations en vue d' un traité de libre-échange transatlantique, devant s' ouvrir en juillet.
Quant au co-président du Parti de Gauche (extrême-gauche), Jean-Luc Mélenchon, il a regretté "l' outrecuidance" américaine et appelé à accorder l' asile politique au lanceur d' alerte et ancien employé de l' Agence nationale de sécurité américaine (NSA), Edward Snowden, à l' origine du scandale.