Deux ministres japonais de droite ont visité jeudi le sanctuaire controversé Yasukuni à Tokyo à l'occasion du 68e anniversaire de la capitulation nippone. Leur chef, le Premier ministre Shinzo Abe, a choisi d'envoyer à sa place l'un de ses collaborateurs au lieu de se rendre lui-même au sanctuaire pour déposer une offrande, ce qui n'est pas arrivé depuis une vingtaine d'années.
L'hypocrisie de Shinzo Abe est claire : il démontre son soutien au militarisme nippon tout en essayant d'esquiver de nouvelles critiques des voisins du Japon, tous fermement opposés à sa visite d'un lieu qu'ils considèrent comme un symbole du lourd passé militariste de l'archipel.
La contradiction du chef du gouvernement nippon ne peut s'expliquer que par le point suivant : ce politicien de droite ne changera pas sa stratégie de conduire le Japon sur la voie de droite, une voie dangereuse vers le militarisme.
Mais Shinzo Abe finira sans aucun doute par se réveiller de ce mauvais rêve militariste, un rêve dangereux qui menace la paix en Asie.
Il est à noter que Shinzo Abe a pris une série de mesures bien calculées pour réaliser son rêve depuis sa prise du pouvoir en décembre 2012: le budget militaire du Japon a été augmenté pour la première fois depuis onze ans ; la responsabilité de la force d'auto-défense du Japon passe du mode "défensif" au mode "offensif" ; le plus grand navire de guerre du Japon a été baptisé le 7 août sous le nom "porte-hélicoptères" qui vise à atténuer le côté agressif de "porte-avions", par ailleurs interdit par la Constitution pacifiste.
Il a également multiplié les efforts pour modifier la Constitution pacifiste selon laquelle le pays "renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux".
Aujourd'hui, l'âme du militarisme plane au-dessus du spectre politique du Japon sous les encouragements de Shinzo Abe. Cette tendance inquiétante a directement conduit au refroidissement des relations entre le Japon et ses pays voisins tels que la Chine et la Corée du Sud.
C'est facile à comprendre : la Chine et la Corée du Sud, ainsi que d'autres pays asiatiques, ayant perdu des millions d'hommes et de femmes, d'enfants et de personnes âgés pendant la guerre, comment peuvent-ils rester calmes en voyant renaître l'esprit militariste chez les politiciens nippons ?
Les actions de Shinzo Abe sont des camouflets pour ces pays qui ont déjà une triste expérience des actions belliqueuses des aigles nippons. Il est donc impossible de sortir de l'impasse diplomatique si Shinzo Abe n'abandonne pas sa politique militariste.
Shinzo Abe a recours à de belles paroles comme "la normalisation du Japon", mais ce politicien né après la Seconde Guerre mondiale n'a pas bien compris que l'inquiétude de ses voisins était fondée uniquement sur la nature militariste de ses mesures politiques.
Même les Etats-Unis, un allié du Japon, voit d'un mauvais oeil les tendances dangereuses de la direction politique japonaise. La grande puissance s'inquiète que Shinzo Abe nuise à ses intérêts si les relations des trois pays d'Asie du Nord-Est s'enveniment, selon un rapport publié par le Congrès américain.
Le rêve militariste de Shinzo Abe est voué à l'échec.