L'actuelle 51e Conférence sur la sécurité de Munich a révélé au grand jour le désaccord entre les Etats-Unis et leurs alliés européens quant à savoir s'il faut envoyer ou non des armes en Ukraine.
Intervenant lors de cette réunion d'officiels et d'experts de haut-niveau du secteur de la sécurité, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré samedi qu'envoyer des armes en Ukraine n'aiderait pas à résoudre la crise à laquelle ce pays fait face.
Cette remarque a envoyé un message clair, indiquant que l'Europe n'est pas du même avis que les Etats-Unis, qui projettent d'envoyer des armes aux troupes du gouvernement ukrainien.
Ayant admis que la réussite du plan de paix franco-allemand présenté cette semaine à Moscou et à Kiev reste incertaine, Mme Merkel est sûre qu'envoyer des armes à Kiev n'est pas une option.
"Je comprends qu'il y ait différents point de vue, mais je crois qu'envoyer plus d'armes ne va pas mener aux progrès dont l'Ukraine a besoin. J'en doute même fortement," a déclaré la dirigeante allemande, qui rentre tout juste de son voyage en Russie avec le président français François Hollande, effectué dans le but de négocier un cessez-le-feu en Ukraine.
Pour illustrer sa remarque, Mme Merkel a même mentionné son enfance, expliquant qu'elle avait assisté à la construction du Mur de Berlin, que personne à ce moment n'avait pensé à utiliser la force pour stopper ce projet, et que la chute du Mur n'était pas non plus le résultat de moyens militaires.
Intervenant lui aussi à la conférence, le secrétaire d'Etat américain Joe Biden a annoncé que le gouvernement américain était prêt à fournir son soutien à l'Ukraine, sans toutefois développer spécifiquement sur une possible action des Etats-Unis pour fournir des armes à Kiev.
Les Etats-Unis ont jusqu'ici fourni à l'Ukraine des équipements militaires non-létaux tels que des gilets pare-balles et des casques.
Dans une tentative de réconcilier son pays avec ses alliés européens, M. Biden a souligné que le président Obama et lui-même avaient convenu qu'aucun effort ne devait être épargné pour résoudre ce conflit de manière pacifique.
Mme Merkel se rendra à Washington pour rencontrer M. Obama dimanche, et la crise en Ukraine est apparemment l'un des points importants à l'ordre du jour.
Alors que le débat fait rage à la conférence allemande pour savoir si le risque de fournir des armes à l'Ukraine en vaut la chandelle, le président ukrainien Petro Porochenko a profité de cette occasion pour appeler ses alliés étrangers à lui fournir des "armes défensives".
Lors d'une table ronde, M Porochenko a déclaré que son gouvernement était prêt pour le "cessez-le-feu total et immédiat" dont l'Ukraine a urgemment besoin.
Soulignant que Kiev a le droit de défendre son peuple, il a appelé à un soutien politique, économique, et militaire venant de l'étranger, et a insisté sur le fait que son gouvernement ne désirait que des "armes défensives".
"Durant ce conflit, nous avons prouvé être responsables pour ne pas utiliser un équipement défensif afin d'attaquer", a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, des officiels russes de haut rang, autre partie clé dans la résolution de la crise ukrainienne, ont annoncé lors de la conférence de Munich que cette crise ne pouvait être résolue par des moyens militaires, et que le dialogue quant à cette situation continuera et "va bientôt se montrer concluant".
Exposant le point de vue de la Russie sur cette situation, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a critiqué l'Occident pour "faire porter le chapeau à la Russie dès que quelque chose arrive", avant d'ajouter que c'est plutôt Washington et ses alliés qui ont par leurs actes fait escalader la situation en Ukraine.