Mais le plus intéressant de ce séjour a sans doute été d'expérimenter la vie des fermiers. Tous trois avons offert de participer à la moisson du blé – qui s'effectuait rapidement entre deux orages – et à ma grande surprise, nos trois paires de bras ont été non seulement acceptées mais aussi fort appréciées.
La famille possède quatre parcelles de terre dispersées dans la montagne. Deux femmes fauchaient à une vitesse étourdissante. Il fallait au fur et à mesure lier les épis en gerbes, et les empiler par ballots de six à neuf, selon la force des hommes qui les transportaient sur leur dos, par un sentier inégal, jusqu'à un tracteur qui n'avait pas accès au terrain. Puis les travailleurs avalaient hâtivement un repas froid avant de reprendre leur tâche.
Le travail était fait à la main. Une fois rendus dans la cour d'une maison voisine de la nôtre, les épis moissonnés étaient battus par une machine qui desservait trois familles, puis la paille de nouveau transportée en tracteur vers chacune des trois maisons. Là, il fallait la décharger à la fourche, la lancer sur le toit, où d'autres personnes l'empilaient en une meule de près de dix mètres de haut. Ce foin servira à nourrir les vaches l'hiver, et la petite paille, à chauffer le kang.
Les changements météorologiques sont rapides et imprévisibles. Quand le ciel se mettait à noircir, il fallait alors que toutes les personnes disponibles, enfants compris, se hâtent de remettre en tas le blé étendu par terre afin qu'on le couvre d'une immense toile contre l'orage menaçant. Le lendemain, le soleil revenait, et l'on étendait le nouveau le blé.
Est-il besoin de dire qu'à 21 h, tout le monde ne songeait qu'à prendre une nuit de repos bien mérité. Quant à moi, pendant ces trois jours, je me suis dispensée de mes habituels exercices physiques du matin.
En conclusion, je dirai que rien ne vaut de vivre quelques jours au sein d'une famille locale pour découvrir et gouter une culture.
* L'orthographe rectifiée est utilisée dans ce texte.