Désigné le 5 janvier par le président de la République, le nouveau chef du gouvernement tunisien Habib Essid a présenté officiellement vendredi son cabinet qui comporte 22 ministres, deux ministres délégués, 14 secrétaires d'Etat, ainsi qu'un secrétaire général du gouvernement.
"Il s'agit de la composition du premier gouvernement de la deuxième République tunisienne", s'est exprimé Habib Essid s'adressant aux médias locaux et étrangers au palais présidentiel de Carthage (banlieue nord de Tunis) à l'issue de son entretien avec le président Béji Caïd Essebsi.
Cette composition "fait suite à une série de concertations marathoniennes avec des partis politiques et des composantes de la société civile du pays qui ont fourni leurs propositions et leurs visions quant au programmes gouvernemental et aux défis à relever", a appuyé M. Essid.
Entre ministres et secrétaire d'Etat, neuf femmes figurent sur la composition définitive du nouveau gouvernement tunisien. Pour ce qui est des ministres, il s'agit de Salma Rekik (Formation professionnelle et emploi), Khadija Chérif (Femme, famille et enfance) et Latifa Khedher (Culture et sauvegarde du patrimoine).
Selon la composition définitive du nouveau gouvernement, deux partis seulement se veulent remarquablement représentés en l'occurrence Nidaa Tounes (Appel de Tunisie), majoritaire à l'Assemblée des représentants du peuple avec 7 ministres et l'Union patriotique libre (troisième force au Parlement avec 16 sièges) qui bénéficie de 3 portefeuilles ministériels.
Pour ce qui est des trois ministères de souveraineté, le ministère de l'Intérieur est revenu à un indépendant, Mohamed Najem Gharsalli, juriste de formation et gouverneur de la province de Mahdia (cotes-est du pays) au sein du gouvernement de Béji Caïd Essebsi en 2011.
Quant au département de la Défense, le chef du gouvernement a nommé Farhat Horchani, un expert en droit constitutionnel. Reste à évoquer le ministère des Affaires étrangères dont les rênes ont été confiées à Taieb Baccouche, qui n'est autre que l'actuel secrétaire général du parti Nidaa Tounes.
Cependant, le parti islamiste Ennahdha (deuxième poids au Parlement avec 69 sièges) ne trouve pas de traces au sein du nouveau gouvernement. "Le mouvement Ennahdha examinera les profils des nouveaux ministres et définira prochainement sa position vis-à-vis du nouveau gouvernement", a réagi dans la presse le porte-parole du parti, Zied Laadhari.
Selon lui, "Ennahdha aurait souhaité un plus large consensus autour de ce gouvernement et une meilleure représentativité des partis présents à l'Assemblée des représentants du peuple et éviter toutes formes de complaisance et de division".
Etant l'un des principaux alliés du parti "Nidaa Tounes" lors des législatives et la présidentielle, le parti "Afek Tounes" (Perspectives Tunisie, 8 sièges au Parlement) a déjà annoncé - quelque peu avant l'annonce de la composition gouvernementale - sa non-participation dans le nouveau cabinet du Premier ministre Habib Essid.
Pour le leader de ce parti (Afek Tounes), Yassine Ibrahim, "ce gouvernement ne sera pas un gouvernement de réformes escomptées (...) la méthode de Habib Essid a été marquée par une grande opacité d'autant que les principales discordes ont été actées autour de la vision et de l'orientation du gouvernement", a commenté le chef du parti.
Des sources au sein du gouvernement sortant de Mahdi Jomaa ont affirmé que la passation du pouvoir aurait lieu probablement mercredi prochain au siège du gouvernement à Tunis avant quoi l'Assemblée des représentants du peuple tiendrait une séance exceptionnelle pour vote de confiance sur la composition du nouveau cabinet gouvernemental.