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ZOOM AFRIQUE : La crise des "e-déchets" s'aggrave en Afrique et nécessite des interventions politiques judicieuses

Xinhua 16.10.2024 08h43

Alors que la demande de gadgets électroniques tels que les téléphones mobiles, les ordinateurs portables et les PC augmente en Afrique, ceci grâce à la hausse des revenus de la classe moyenne, le continent africain est en proie aux déchets électroniques, ou "e-déchets".

Selon des experts, la crise des déchets électroniques en Afrique est préoccupante et elle nécessite des campagnes de sensibilisation énergiques ainsi que des interventions politiques judicieuses.

Photo prise le 3 avril 2024 montrant un coucher de soleil à Nairobi, au Kenya. (Xinhua/Han Xu)

Photo prise le 3 avril 2024 montrant un coucher de soleil à Nairobi, au Kenya. (Xinhua/Han Xu)

David Onga're, un responsable de l'Autorité nationale de gestion de l'environnement (NEMA) au Kenya, estime que la prolifération des téléphones et des ordinateurs usagés en Afrique exacerbe la pollution par les déchets électroniques et endommage des écosystèmes vitaux tels que les bassins hydrographiques.

Selon lui, des accords internationaux tels que la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, que de nombreux pays africains dont le Kenya ont signée, pourraient contribuer à renforcer les efforts de gestion des déchets électroniques sur le continent.

D'après Statista, une plateforme internationale de données et d'intelligence économique, l'Afrique a produit 3,6 millions de tonnes de déchets électroniques en 2022, contre 2,9 millions de tonnes en 2019. Les pays qui produisent le plus de déchets électroniques sont l'Egypte, le Nigeria et l'Afrique du Sud, tandis que de nombreux autres ne disposent pas de systèmes formels de collecte et de recyclage des produits électroniques usagés.

Selon M. Onga're, le Kenya met en œuvre des réglementations sur la gestion des déchets électroniques et encourage les importateurs et les fabricants à assumer la responsabilité des appareils électroniques tout au long de leur cycle.

"Nous attendons des acteurs clés tels que l'Association des fabricants du Kenya et l'Alliance du secteur privé du Kenya pour qu'ils travaillent sur la collecte et le recyclage durables des déchets électroniques afin de protéger les groupes vulnérables contre les risques sanitaires", indique-t-il.

Le Kenya est membre du Projet africain de la santé environnementale et de la gestion de la pollution, une initiative financée par la Banque mondiale qui comprend un volet de mesures visant à réduire le fardeau des déchets électroniques sur le continent, rappelle-t-il.

"Nous plaidons pour une approche continentale en matière de gestion des déchets électroniques et nous nous efforçons de faire de l'économie circulaire une réalité", assure M. Onga're, soulignant l'importance de l'investissement dans les infrastructures de soutien pour améliorer la collecte et le recyclage des appareils électroniques obsolètes à travers le continent.

Bien que la production de déchets électroniques par habitant soit la plus faible (2,5 kilos par an en 2019), l'Afrique est en train de devenir une destination majeure pour les gadgets obsolètes, tels que les smartphones et les ordinateurs, en provenance des pays développés.

Le traitement inadéquat de déchets électroniques pose de graves risques de santé publique pour les communautés vivant à proximité des décharges urbaines, car ces appareils mis au rebut contiennent souvent des matériaux dangereux comme le plomb et le mercure.

Selon Statista, le continent n'a pu collecter et recycler que 0,7% de ses e-déchets en 2022, bien que les efforts déployés pour s'attaquer au problème commencent à porter leurs fruits.

Selon le rapport Global E-waste Monitor 2020, 13 pays africains ont élaboré des cadres politiques et législatifs pour améliorer la gestion des déchets électroniques et atténuer leurs effets néfastes sur l'environnement et la santé humaine.

Dans un article publié en juin 2023, Richard Munang, ancien directeur adjoint du bureau Afrique du Programme des Nations Unies pour l'environnement, a indiqué que l'Afrique transformait progressivement les déchets électroniques en une source d'opportunités économiques.

"Grâce à des stratégies innovantes, l'Afrique transforme ce qui était autrefois une menace pour l'environnement en un trésor d'opportunités économiques, en particulier pour sa population croissante de jeunes", a-t-il dit.

M. Munang a également noté que des pays comme le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Ghana, Madagascar, le Nigeria, le Rwanda et l'Afrique du Sud ont introduit des réglementations pour identifier les principaux acteurs responsables de la gestion des déchets électroniques.

Et d'ajouter qu'une définition claire des acteurs de la chaîne de valeur avait permis aux fabricants, aux importateurs et aux distributeurs d'assumer leurs responsabilités en matière de gestion des produits électroniques usagés.

Un financement durable, des partenariats solides avec l'industrie et l'application des lois ont également amélioré la gestion des déchets électroniques en Afrique, favorisant la croissance d'une économie circulaire qui emploie des jeunes urbains vulnérables.

"L'Afrique peut encore renforcer ses systèmes de gestion des déchets électroniques, créer davantage d'emplois et garantir un environnement plus propre et plus sûr pour les générations futures", a assuré Richard Munang.

(Web editor: Ying Xie, Yishuang Liu)

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