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La RDC promet une réponse "vigoureuse" face aux avancées des rebelles, une médiation régionale en action

Xinhua 31.01.2025 11h42

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a promis mercredi soir une "réponse vigoureuse" face aux avancées de la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23), tandis que plusieurs réunions de crise au niveau régional se tiennent sous le signe de la médiation.

Dans une adresse télévisée à la nation, le président congolais a assuré qu'une telle réponse était "en cours" pour reprendre chaque centimètre du territoire national, en référence aux avancées du M23, lequel a revendiqué le contrôle de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (est).

M. Tshisekedi a affirmé que, outre le front militaire, avec le soutien de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), la RDC demeurait également engagée sur le plan diplomatique, notamment à travers le processus de Luanda, un mécanisme de paix piloté par le président angolais Joao Lourenço, que M. Tshisekedi a rencontré plus tôt dans la journée à Luanda.

Le président congolais a appelé à l'unité de tous ses compatriotes et promis de réduire les dépenses publiques pour financer les opérations militaires. Et de lancer : "La RDC ne reculera jamais! Je vous fais cette promesse : je ne vous abandonnerai jamais".

Depuis dimanche soir, des hostilités violentes ont été observées dans toute la ville de Goma, qui compte environ un million d'habitants et plus de 700.000 déplacés vivant dans des conditions déjà difficiles en périphérie.

Selon des sources au sein de la MONUSCO, le groupe rebelle a pris le contrôle de plusieurs infrastructures clés lundi, notamment l'aéroport, le port sur le lac Kivu et une base locale de l'armée congolaise.

Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré mercredi que la situation à Goma était plus calme, mais demeurait tendue. Alors que certaines violences entravent les opérations humanitaires, des affrontements ont été signalés dans les zones environnantes, dont Sake, une cité stratégique au nord-ouest de Goma.

Des sources au sein de la MONUSCO ont indiqué que la frontière avec le Rwanda avait progressivement rouvert tôt mercredi. Des sources locales ont signalé que le M23 s'était par ailleurs avancé vers la province voisine du Sud-Kivu, dont la capitale, Bukavu, est sous menace imminente de l'autre côté du lac Kivu.

UNE MEDIATION REGIONALE EN ACTION

Après deux réunions d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU et une réunion ministérielle extraordinaire de l'Union africaine, un sommet de crise de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) s'est tenu virtuellement mercredi. Il a débouché sur un appel à un cessez-le-feu inconditionnel et à un accès humanitaire facilité.

Ce sommet de crise rassemblant plusieurs dirigeants de la région avait été convoqué par le président kenyan William Ruto, qui a exprimé son inquiétude quant aux tensions sur le terrain en RDC et aux relations tendues entre Kinshasa et Kigali concernant le M23.

La RDC accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, tandis que le Rwanda, qui dément ces allégations, accuse en retour l'armée congolaise de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe accusé d'être responsable du génocide de 1994 au Rwanda.

Félix Tshisekedi n'a pas assisté à la réunion de crise de la CAE en raison d'un "conflit d'agenda" et s'est rendu discrètement à la place en Angola, tandis que son homologue rwandais, Paul Kagame, y a participé au côté d'autres dirigeants de la CAE, appelant à un règlement pacifique du conflit. Les dirigeants ont exhorté la RDC à dialoguer directement avec toutes les parties prenantes, dont le M23 et d'autres groupes armés.

En décembre dernier, un sommet de paix dans le cadre du processus de Luanda, où un accord entre MM. Tshisekedi et Kagame était espéré, avait été annulé à la dernière minute.

Kinshasa, qui a refusé toute négociation directe avec le M23 à plusieurs reprises, a suggéré la réactivation du processus de Nairobi, un mécanisme de paix parallèle piloté par l'ancien président kenyan Uhuru Kenyatta, dans lequel le gouvernement congolais avait dialogué avec différents groupes armés actifs en RDC. Le M23 a été exclu du processus de Nairobi par Kinshasa en 2022.

Les participants au sommet de la CAE ont également plaidé pour la convocation d'un sommet conjoint avec la SADC, qui a déployé une force régionale dans l'est de la RDC depuis fin 2023, afin de discuter des prochaines étapes.

Un sommet extraordinaire de la SADC est d'ailleurs prévu ce jeudi à Harare, capitale du Zimbabwe.

UN IMPACT HUMANITAIRE

Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a signalé mercredi que des violences et des pillages de dépôts humanitaires se poursuivaient à Goma, impactant la capacité des travailleurs humanitaires à intervenir et les mettant en danger.

L'OCHA a indiqué que depuis l'escalade des combats, ses partenaires humanitaires ont enregistré plus de 2.000 blessés. Plusieurs corps jonchent les rues, tandis que l'approvisionnement en eau et en électricité est coupé depuis dimanche.

"Nous appelons à la reprise rapide de ces services, ainsi qu'à la protection des entrepôts humanitaires et à la facilitation des évacuations médicales des blessés", a dit M. Dujarric.

L'OCHA a souligné que la fermeture de l'aéroport empêchait l'arrivée des cargaisons humanitaires et les rotations du personnel humanitaire. La plupart des routes reliant Goma au reste du pays sont également fermées. Cependant, la frontière avec le Rwanda est ouverte, permettant l'arrivée d'équipes humanitaires supplémentaires en RDC.

Bruno Lemarquis, coordinateur résident et coordinateur humanitaire de l'ONU en RDC, a appelé "toutes les parties à respecter le droit humanitaire international et à mettre fin aux violences ciblant les civils", a dit l'OCHA. "Il réitère son appel à la création d'un corridor humanitaire sécurisé pour garantir un accès humanitaire sans entrave et à l'établissement d'un point de passage frontalier pour faciliter les déplacements des personnes fuyant la violence."

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est déclaré dimanche profondément préoccupé par l'escalade des violences dans l'est de la RDC et a réitéré sa condamnation la plus ferme de l'offensive en cours du M23 et de ses avancées vers Goma.

Il a appelé le M23 à cesser immédiatement toutes les actions hostiles et à se retirer des zones occupées. Plus de 400.000 personnes ont été déplacées depuis le début de l'année dans l'est de la RDC, selon l'ONU.

(Web editor: Yishuang Liu, Ying Xie)