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Le Rwanda rompt ses relations avec la Belgique à la veille des négociations entre la RDC et le M23

Xinhua 18.03.2025 08h17

Le Rwanda a rompu lundi ses relations diplomatiques avec la Belgique, marquant ainsi un nouvel épisode dans le casse-tête des conflits persistants dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

Les efforts de médiation régionale sont au point mort alors que plane une incertitude persistante autour des négociations directes prévues mardi entre Kinshasa et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans la capitale angolaise, Luanda.

Le Rwanda a annoncé lundi la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, ordonnant à tous les diplomates belges de quitter le pays sous 48 heures.

"Le gouvernement du Rwanda a notifié aujourd'hui au gouvernement belge sa décision de rompre ses relations diplomatiques, avec effet immédiat", a déclaré le ministère rwandais des Affaires étrangères dans un communiqué. "Cette décision du Rwanda a été prise après un examen minutieux de plusieurs facteurs, tous liés aux tentatives pitoyables de la Belgique de maintenir ses illusions néocoloniales".

Le communiqué accuse la Belgique de saper systématiquement le Rwanda, tant sur le plan historique qu'en lien avec le conflit en cours en RDC, où la Belgique "a joué un rôle profond et violent, notamment dans des actions dirigées contre le Rwanda".

La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, tandis que Kigali affirme que l'armée congolaise s'est alliée au groupe rebelle rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), accusé d'avoir participé au génocide de 1994.

La Belgique a accusé l'implication du Rwanda dans le conflit à l'est de la RDC, en particulier son soutien au M23, une accusation que Kigali rejette.

Presque simultanément, l'Union européenne (UE) a sanctionné lundi trois commandants militaires rwandais en raison du soutien présumé de Kigali à la rébellion du M23. La Belgique a soutenu ces sanctions au niveau européen.

En février, le Rwanda avait déjà suspendu le reste du programme d'aide bilatérale 2024-2029 avec la Belgique.

"La décision prise aujourd'hui reflète l'engagement du Rwanda à préserver nos intérêts nationaux et la dignité des Rwandais, ainsi qu'à défendre les principes de souveraineté, de paix et de respect mutuel", a ajouté le ministère.

La Belgique a "regretté" la décision "disproportionnée" de Kigali et a annoncé des mesures de réciprocité en déclarant les diplomates rwandais persona non grata et en mettant fin aux accords de coopération bilatérale, a indiqué le vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, sur les réseaux sociaux.

"Cette décision est disproportionnée et illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer", a affirmé M. Prévot.

Plusieurs facteurs influent encore sur la tenue des négociations directes très attendues entre le gouvernement de la RDC et les rebelles du M23 prévues mardi à Luanda.

Bien que Kinshasa ait affirmé l'envoi d'une délégation gouvernementale à Luanda, selon Tina Salama, porte-parole de la présidence congolaise, le gouvernement n'a pas encore officiellement confirmé sa participation à des négociations directes avec le M23, une ligne rouge pour Kinshasa.

La médiation a été facilitée par le président angolais Joao Lourenco, acteur clé du Processus de Luanda, un mécanisme de paix soutenu par l'Union africaine (UA) visant à apaiser les tensions entre le Rwanda et la RDC.

Pour sa part, le M23 a répondu favorablement à l'invitation de l'Angola et a indiqué qu'il enverrait une délégation de cinq membres lundi à Luanda pour ces pourparlers directs.

Le M23 a également exhorté le président congolais Félix Tshisekedi à faire une déclaration publique claire s'engageant à des négociations directes, alors que le gouvernement de la RDC a toujours considéré comme une ligne rouge de négocier directement avec les rebelles, qui contrôlent de vastes territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

(Web editor: 孙鸿宇, Yishuang Liu)

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