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Avec plus de 3.600 opérations, des médecins chinois redonnent la vue à des Sénégalais atteints de cataracte
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(Xinhua/Si Yuan) |
Au petit matin du 2 mai, dans le véhicule chirurgical mobile de l'hôpital de Fatick, dans l'ouest du Sénégal, Thiékouta Diouf, 84 ans, repose calmement sur la table d'opération. Entre les mains du chirurgien principal venu de la province chinoise du Fujian, la pince capsulaire et le bistouri dansent devant ses yeux. Moins de vingt minutes plus tard, une lentille intraoculaire pliable sur mesure est implantée avec succès.
Il s'est agi de la 3.603e opération de ce type menée au Sénégal dans le cadre du projet de lutte contre la cécité due à la cataracte, mené conjointement par la GX Foundation, une ONG humanitaire internationale basée à Hong Kong, et la Commission provinciale de la santé du Fujian.
A la fin de l'intervention, le vieil homme est sorti du véhicule soutenu par le personnel médical. Un sourire a éclairé son visage ridé : "L'opération s'est déroulée dans le confort, je n'ai ressenti aucune douleur. Merci aux médecins chinois de m'avoir redonné l'espoir de voir à nouveau". Le lendemain, lorsque les bandages ont été retirés, il a aperçu de nouveau le visage souriant de ses petits-enfants.
Selon le Rapport mondial sur la vision publié en 2019 par l'Organisation mondiale de la santé, plus de 2,2 milliards de personnes dans le monde souffrent de troubles de la vision ou de cécité. Pour au moins un milliard d'entre elles, ces troubles auraient pu être évités ou sont encore curables. Le manque de ressources en soins ophtalmologiques est l'un des principaux facteurs de l'augmentation de ces cas, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Au Sénégal, où le climat de savane tropicale entraîne une forte exposition aux UV, le taux de cataracte est élevé. De nombreux patients n'ont pas réussi à saisir la période optimale de traitement en raison du manque de ressources médicales. Le ministre sénégalais de la Santé et de l'Action sociale, Ibrahima Sy, a récemment déclaré que la cécité et les troubles visuels constituaient un problème de santé majeur dans le pays, avec près de 165.000 aveugles et plus de 550.000 personnes malvoyantes, en raison de la cataracte, du trachome, du glaucome et autres.
A 08H00 du matin, les couloirs de l'hôpital de Fatick sont déjà bondés de patients venus de tout le pays. Les médecins bénévoles locaux organisent méthodiquement les inscriptions et les dépistages.
"Un ami du village m'a dit qu'il y avait des médecins chinois ici, très compétents, capables de résoudre nos problèmes de vue", raconte Saliou Diouf, 52 ans, venu d'une localité rurale. Atteint d'une maladie oculaire, il vit avec une vision floue depuis des années faute d'opération.
Devant la salle de dépistage, une longue file d'attente s'étend à l'extérieur. "La situation est plus grave que ce que nous imaginions", confie Zheng Hong, une ophtalmologiste de l'hôpital N°1 de Sanming (Fujian). Il y a un mois, elle a parcouru plus de 10.000 kilomètres avec quatre collègues pour arriver dans ce pays situé à l'extrême ouest du continent africain.
"Nous avions prévu une dizaine d'opérations par jour, mais face à tant de regards emplis d'espoir, nous avons tous accepté de prolonger nos horaires pour effectuer plus de 20 interventions quotidiennes", explique Zheng Hong.
Dans la salle de dépistage, Zhang Caihua, avec des médecins locaux, mesure les données oculaires des patients à l'aide d'un kératomètre et d'un échographe ophtalmique AB. "Nous réalisons un dépistage rigoureux pour chaque patient et une fois la cataracte diagnostiquée, nous concevons une lentille intraoculaire adaptée à chaque cas", explique l'ophtalmologiste de l'hôpital N°2 de Sanming.
"Les patients coopèrent très bien, que ce soit pour le dépistage ou pour l'opération", dit Zhang Caihua. "Au moment où les bandages sont retirés après l'opération, certains dansent, d'autres pleurent : cette joie dépasse toutes les barrières linguistiques".
Alors que le soleil couchant dore les murs de l'hôpital de Fatick, une nouvelle série de patients reçoit un rendez-vous opératoire pour le lendemain. Tandis que les médecins chinois remontent dans leur minibus pour regagner leur résidence, des remerciements en wolof, en français et en chinois résonnent dans la savane.
Lors de la cérémonie de clôture du projet de lutte contre la cécité à Fatick et de la signature du renouvellement du protocole de coopération, organisée lundi matin à Dakar, la capitale du Sénégal, Leung Chun-ying, président de la GX Foundation et vice-président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, a annoncé que depuis octobre 2023, le projet a mobilisé sept équipes médicales spécialisées en ophtalmologie. Celles-ci ont examiné les yeux de plus de 5.800 patients âgés de 17 à 103 ans et réalisé plus de 3.600 opérations gratuites de la cataracte.
"Pendant plus d'un an, nous avons partagé avec le peuple sénégalais le savoir-faire médical de la Chine. En retour, ils nous ont offert des histoires émouvantes. Qu'il s'agisse de patients aveugles depuis 30 ans ou de personnes centenaires, la joie de retrouver la vue symbolise l'amitié sino-sénégalaise", a salué M. Leung.
Li Yan, ministre conseillère à l'ambassade de Chine au Sénégal, a assuré que la Chine continuerait de renforcer son aide médicale humanitaire au Sénégal, apportant des bienfaits concrets à la population sénégalaise.
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(Xinhua/Si Yuan) |
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