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La politique chinoise du zéro droit de douane, un plus pour l'industrialisation de l'Afrique
En mars dernier, un lot de plus de 800 poissons d'ornement africains a atterri en Chine via l'aéroport international de Huanghua à Changsha, capitale de la province centrale du Hunan. Transportés par un vol cargo en provenance d'Addis-Abeba, ils ont été acheminés vers un site de quarantaine désigné, où ils devront observer une période d'isolement de 14 jours et subir divers contrôles sanitaires avant d'être mis sur le marché chinois.
Des visiteurs sur le stand de l'Afrique du Sud, au Centre international des expositions et des congrès de Changsha, à Changsha, dans la province chinoise du Hunan (centre), le 12 juin 2025. (Xinhua/Wang Jingqiang)
Selon l'importateur chinois Hunan XiYue International, ces poissons, appréciés sur le marché pour leurs couleurs éclatantes, leur grande adaptabilité et leur facilité d'élevage, suscitent un intérêt croissant auprès des aquariophiles et l'entreprise entend développer davantage l'importation de poissons d'ornement africains et d'autres espèces aquatiques apparentés.
Depuis le 1er décembre 2024, la Chine n'applique aucun droit de douane aux pays les moins avancés (PMA), dont 33 pays africains, sur 100% de leurs produits. Récemment, elle s'est déclarée prête à négocier et à signer l'accord du Partenariat économique Chine-Afrique pour le développement partagé afin de mettre en œuvre cette politique tarifaire pour l'ensemble des pays africains ayant des relations diplomatiques avec elle.
Sous l'impulsion de ces mesures, des anchois séchés du Kenya aux produits à base d'agneau de Madagascar en passant par le caoutchouc ivoirien, de plus en plus de produits africains de haute qualité entrent sur le marché chinois, offrant aux consommateurs chinois de nouveaux choix, tout en aidant les populations africaines à en tirer de réels bénéfices.
"Lorsque les gens parlent de piments, la première chose qui leur vient à l'esprit est le marché chinois", confie Herman Uwizeyimana, directeur général de Fisher Global au Rwanda. Son entreprise exporte chaque année de 200 à 300 tonnes de piments séchés vers la Chine et espère atteindre l'objectif de 1.500 tonnes à l'avenir.
La confiance de M. Uwizeyimana vient de cette politique zéro droit de douane mise en œuvre par Beijing. "La Chine est une véritable amie de l'Afrique", dit-il, en ajoutant : "Cette politique permet non seulement de réduire nos coûts d'exportation, mais aussi d'accroître les marges bénéficiaires des agriculteurs et des entreprises".
Une exposante du pavillon du Zimbabwe pose pour une photo lors de la 7e Exposition internationale d'importation de la Chine (CIIE), à Shanghai, dans l'est de la Chine, le 7 novembre 2024. (Xinhua/Zhang Jiansong)
DE NOUVELLES MESURES INSPIRENT DE NOUVELLES REALISATIONS
Les données publiées par le ministère chinois du Commerce montrent que depuis le lancement de cette politique tarifaire jusqu'en mars dernier, les importations chinoises en provenance des PMA africains ont atteint 21,42 milliards de dollars, soit une augmentation de 15,2% en glissement annuel.
L'ambassadeur d'Ethiopie en Chine, Tefera Derbew, s'est montré élogieux à l'égard de la politique de tarif zéro de la Chine : "Cette politique permettra non seulement à davantage de produits présentant des caractéristiques africaines d'entrer sur le vaste marché chinois, mais aussi aidera à renforcer le niveau d'industrialisation de l'Afrique".
Cheikh Tidiane Ndiaye, ancien rédacteur en chef de l'Agence de presse sénégalaise, partage le point de vue de l'ambassadeur éthiopien. Pour lui, cette politique chinoise "constitue un appui concret à l'exportation de produits africains à forte valeur ajoutée. Cela permet aux producteurs africains d'accéder plus facilement au marché chinois, l'un des plus vastes au monde".
Face à une conjoncture internationale turbulente et changeante, la Chine continue d'accroître le niveau d'ouverture de son marché vers les pays africains, en favorisant l'importation sur son sol de produits africains de haute qualité et en élargissant leur accès à son marché.
Outre ce traitement tarifaire nul, la Chine a également établi et développé des "canaux verts" pour les produits agricoles africains, facilité la participation des entreprises africaines à des salons de grande envergure telles que l'Exposition internationale d'importation de la Chine (CIIE) et l'Exposition internationale des chaînes d'approvisionnement de la Chine (CISCE), construit des ponts pour permettre aux produits africains d'accéder au marché mondial et aidé les pays africains à renforcer leurs capacités commerciales.
La Chine est le premier partenaire commercial de l'Afrique depuis 16 ans. Depuis le sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) l'an dernier à Beijing, la Chine a fourni environ 17,12 milliards de yuans de financement commercial pour soutenir les exportations africaines, signé 22 protocoles avec 18 pays africains sur l'exportation de leurs produits agricoles vers la Chine, alors que plus de 2.400 entreprises alimentaires de 53 pays et régions africains se sont enregistrées en Chine.
De plus, la Chine soutient la construction des chaînes de valeur locales en Afrique. Depuis le sommet du FCSA en septembre 2024 jusqu'à la fin mars 2025, les entreprises chinoises ont investi 13,38 milliards de yuans supplémentaires en Afrique. Elle soutient ainsi le développement des PME en Afrique et a accordé 2,08 milliards de yuans de prêts à l'Afrique, couvrant 19 industries, bénéficiant à environ 350 PME et créant environ 4.500 emplois.
"Les priorités de développement du continent passent de l'exportation de matières premières à la production à valeur ajoutée", observe Humphrey Moshi, directeur du Centre d'études chinoises de l'Université de Dar es-Salam en Tanzanie. "Les relations sino-africaines évoluent au-delà du commerce traditionnel, vers une collaboration industrielle plus profonde et la création de valeur partagée".
"Il ne s'agit plus seulement d'importer, mais de promouvoir ensemble l'industrialisation", estime Mabouba Diagne, ministre sénégalais de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Elevage. "La Chine est un partenaire stratégique, capable de stimuler la transformation structurelle de notre agriculture", souligne-t-il.