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Le président chinois conclut son voyage en Europe par un message clair sur le renforcement de la coopération
Le président chinois Xi Jinping a conclu vendredi son premier voyage en Europe depuis près de cinq ans en affirmant aux dirigeants européens que la Chine restait un partenaire engagé et qu'elle était prête à renforcer la coopération mutuellement bénéfique entre la Chine et l'Europe.
Pendant six jours, M. Xi a effectué des visites en France, en Serbie et en Hongrie, et il a toujours souligné l'importance des relations entre la Chine et l'Europe pour favoriser la paix et la prospérité dans le monde.
Ce message, délivré dans un contexte de montée du protectionnisme et de tensions géopolitiques croissantes, symbolise le dernier effort de la Chine pour promouvoir la stabilité et la coopération sur la scène mondiale.
Lors d'une réunion trilatérale lundi à Paris avec le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, M. Xi a déclaré que la coopération entre la Chine et l'Union européenne (UE) était par essence complémentaire et mutuellement bénéfique, et que la Chine envisageait depuis toujours ses relations avec l'UE dans une optique stratégique et de long terme.
Ces relations ne visent aucune tierce partie, ne dépendent d'aucune tierce partie, ni ne se soumettent à aucune tierce partie, a souligné M. Xi.
M. Macron, éminent défenseur de l'autonomie stratégique de l'Europe, a déclaré que la France et l'UE devaient renforcer leur coopération avec la Chine pour bâtir l'avenir de l'Europe.
La France souhaite renforcer le dialogue et la coopération avec la Chine et développer la confiance mutuelle et l'amitié entre la France et la Chine de même qu'entre l'Europe et la Chine, a-t-il affirmé.
Eric Alauzet, président du groupe d'amitié France-Chine de l'Assemblée nationale française, a noté que la France prônait depuis longtemps l'autonomie stratégique de l'Europe.
Selon lui, il ne faut pas retomber, après l'affrontement Est-Ouest, dans une confrontation entre l'Occident et le Sud global. "Cette multipolarité, ce monde multipolaire, multilatérale, c'est ce que la Chine et la France souhaitent en commun", a observé M. Alauzet.
Plus tard dans la journée, lors de son entretien avec M. Macron, M. Xi a exhorté les deux parties à poursuivre l'esprit d'indépendance et à prévenir ensemble une "nouvelle guerre froide" ou une confrontation entre blocs.
A de nombreuses reprises au cours de son séjour en France, M. Xi a fait référence à l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France il y a 60 ans, un événement marquant dans les relations entre la Chine et l'Occident.
Cet événement historique majeur, qualifié d'"explosion nucléaire diplomatique" par les médias occidentaux de l'époque, a suscité un débat public en Occident et a eu un impact considérable sur le paysage international. Il s'est produit huit ans avant le voyage révolutionnaire en Chine de l'ancien président américain Richard Nixon en 1972.
A l'époque, le général Charles de Gaulle, alors président français, aurait déclaré que la France devait pouvoir entendre directement la Chine et aussi s'en faire écouter, et que tôt ou tard, certains gouvernements, qui se réservaient encore, jugeraient bon de suivre l'exemple de la France.
Dans une tribune signée publiée dimanche par Le Figaro, M. Xi a écrit : "L'Histoire est le meilleur professeur. Le monde d'aujourd'hui, loin d'être tranquille, fait face de nouveau à des risques multiples."
"Avec la France, nous entendons faire valoir l'esprit présidant à l'établissement de nos relations diplomatiques pour faire progresser sans cesse le partenariat global stratégique sino-français et apporter une nouvelle contribution au renforcement de la coopération dans le monde", a indiqué M. Xi.
"Dans le monde difficile qui est le nôtre, il y a tellement de crises sur lesquelles de grands pays comme la Chine et la France doivent travailler ensemble, et le travail doit être fait dans un esprit de multilatéralisme", a observé Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel de France et ancien Premier ministre du pays.
Les grands sujets tels que la paix ou la guerre, le développement économique, le dérèglement climatique, la santé (...) tout cela ne peut être résolu que par une coopération avec tous les pays du monde, a-t-il souligné.
Lors de ses visites en Serbie et en Hongrie, M. Xi et les dirigeants des deux pays d'Europe centrale et orientale (PECO) ont annoncé leur décision de renforcer les relations bilatérales.
Cette amélioration des relations a coïncidé avec l'intensification des flux d'investissements chinois dans la région. Ainsi, rien qu'entre janvier et mars 2024, les investissements chinois dans les PECO ont augmenté de 36,35 % par rapport à la même période de l'année précédente, atteignant environ 450 millions de dollars américains, tandis qu'en date de mars 2024, le total cumulé des investissements chinois dans la région des PECO s'est élevé à 5,2 milliards de dollars.
Prenons l'exemple de la Hongrie : en 2023, le pays a réussi à attirer un total de 13 milliards d'euros d'investissements directs étrangers, dont environ huit milliards d'euros en provenance de Chine, a indiqué Marton Nagy, ministre hongrois de l'Economie nationale, dans une interview accordée à Xinhua.
La Hongrie, a-t-il ajouté, espère coopérer davantage avec la Chine dans les domaines du commerce extérieur, des investissements en capital, des infrastructures, de la logistique, de l'intelligence artificielle et des nouvelles énergies, entre autres.
C'est également le cas de la Serbie. "Au cours des deux dernières années, la Chine est devenue le plus grand investisseur étranger direct en Serbie, apportant de nombreux bénéfices au pays", a souligné Jelena Grubor Stefanovic, directrice du bureau de représentation de la Chambre serbe de commerce et d'industrie en Chine.
"Aujourd'hui, la Serbie a plus d'opportunités pour concentrer systématiquement ses efforts sur l'attraction d'investissements chinois dans des secteurs industriels à haute valeur ajoutée comme les sciences de la vie, l'économie numérique, l'industrie automobile, le secteur de l'agriculture intelligente et le développement vert", a-t-elle déclaré.
Dans le même temps, la visite du président chinois en Europe intervient alors que les Etats-Unis se livrent à des manœuvres pour rallier leurs alliés occidentaux afin de "réduire les risques" et de "se découpler" de la Chine, et de ralentir les progrès du pays asiatique en matière de technologies de pointe, des tactiques protectionnistes rejetées par les dirigeants européens.
Lors de la réunion trilatérale Chine-France-UE, M. Macron a réaffirmé que l'UE refusait la logique du découplage.
L'UE se félicite des investissements et de la coopération des entreprises chinoises en Europe, et espère renforcer la coopération avec la Chine et préserver ensemble avec elle la sécurité et la stabilité des chaînes de valeur et d'approvisionnement en Europe, a déclaré le président français.
"Je crois que la coopération économique entre l'Europe et la Chine est quelque chose de très important. La Chine est forte, et c'est pourquoi l'Europe doit se développer et être forte aussi", a déclaré lundi à Xinhua Marc-Antoine Jamet, secrétaire général du groupe LVMH, avant la cérémonie de clôture de la 6e réunion du Conseil d'entreprises Chine-France.