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Allocution du vice-PM chinois Ding Xuexiang à la réunion annuelle 2025 du FEM (TEXTE INTEGRAL)
Le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang a prononcé mardi une allocution spéciale à la réunion annuelle 2025 du Forum économique mondial (FEM) à Davos, en Suisse.
Voici le texte intégral de l'allocution :
Poursuivre la voie juste du multilatéralisme et promouvoir un développement ouvert et inclusif
Allocution spéciale de Monsieur Ding Xuexiang
Vice-Premier ministre du Conseil des Affaires d'Etat de la République populaire de Chine
à la Réunion annuelle 2025 du Forum économique mondial
Davos, le 21 janvier 2025
Professeur Klaus Schwab,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est un grand plaisir pour moi de venir dans cette belle ville de Davos pour la Réunion annuelle du Forum économique mondial. Davos offre une importante plateforme d'échanges sur l'économie mondiale et joue un rôle pionnier dans la promotion des échanges et de la coopération internationaux. Davos est attractif grâce à la beauté de sa nature, et surtout parce que c'est un lieu de confrontation d'idées et d'inspiration mutuelle en vue du progrès commun.
Il y a huit ans, à cette même tribune, le président Xi Jinping a prononcé un discours important, dans lequel il a répondu à une question majeure de notre temps : "Qu'est-ce qui est arrivé à notre monde et que devons-nous faire ?" et appelé à soutenir la mondialisation économique, à défendre le multilatéralisme par des actions concrètes et à bâtir ensemble un monde meilleur. Ce message fort, comme l'a dit le professeur Schwab, "nous a apporté du soleil". Le président Xi Jinping a souligné avec clairvoyance que, je cite, "canaliser les eaux de l'océan de l'économie mondiale dans des lacs et ruisseaux isolés relève de l'impossible" et que "pratiquer le protectionnisme, c'est comme s'enfermer dans une chambre noire. On se protège peut-être du vent et de la pluie, mais on se prive aussi de lumière et d'air". J'ai eu le privilège de l'écouter sur place, et j'en garde aujourd'hui encore un souvenir très vif. Dans le cadre du Forum, le président Xi Jinping a par la suite à deux reprises indiqué comment perfectionner la gouvernance mondiale et construire une communauté d'avenir partagé pour l'humanité. Réponse claire qui indique une orientation importante à suivre à la communauté internationale.
Aujourd'hui, les transformations inédites depuis un siècle que traverse notre monde se poursuivent à un rythme accéléré. Le spectre de la guerre tarifaire et de la guerre commerciale se profile. La mondialisation économique poursuit sa dynamique mais se heurte aussi aux obstacles. Le multilatéralisme est en vive opposition avec l'unilatéralisme. Le système de gouvernance mondiale est en profonde mutation. De nouveau à une croisée des chemins cruciale, l'humanité aspire à ce que le soleil perce le brouillard et éclaire le chemin de l'avenir. Rappelons les discours importants du président Xi Jinping pour raffermir la confiance, rester unis et solidaires et avancer ensemble contre vents et marées en vue de construire une communauté d'avenir partagé pour l'humanité, d'apporter à notre monde plus de stabilités et de certitudes et de bâtir un monde juste de développement partagé. J'aimerais, à cette occasion, partager avec vous quelques points de mes réflexions.
Premièrement, nous devons promouvoir ensemble une mondialisation économique bénéfique pour tous et inclusive. La mondialisation économique est une exigence inhérente au développement des forces productives et un aboutissement naturel des progrès scientifiques et technologiques. C'est un courant historique que personne ne saurait arrêter. Malgré les vents contraires et les contre-courants qu'elle a affrontés ces dernières années, la mondialisation économique affiche toujours une grande résilience et une forte vitalité. Selon des statistiques de l'OMC, depuis 1995, le volume des échanges commerciaux mondiaux a augmenté en moyenne de 5,8 % par an pour atteindre 30.400 milliards de dollars américains en 2023. De 1995 en 2022, la part des pays à revenu faible ou intermédiaire dans le total des exportations mondiales est passée de 16 % à 32 %. Les pays développés n'ont pas été désavantagés pour autant. Leur croissance économique et le bien-être de leur population se sont aussi effectivement renforcés. La mondialisation économique n'est pas un jeu à somme nulle, mais un processus bénéfique pour tous.
Il est vrai que la mondialisation économique a créé des désaccords et divergences sur la répartition des bénéfices, mais ces problèmes ne pourront être résolus que dans la promotion de la mondialisation économique. Le protectionnisme ne mènera nulle part. La guerre commerciale ne fera aucun gagnant. Nous devons saisir toutes les opportunités pour guider l'évolution de la mondialisation économique et en ouvrir une nouvelle phase qui soit plus dynamique, plus inclusive et plus durable, tout en levant les obstacles au développement par le bénéfice partagé et en rassemblant les efforts de coopération par l'inclusion. Je suis convaincu que nous avons la sagesse et les capacités pour trouver par dialogue et concertation une voie de coopération mutuellement bénéfique où tout le monde sera gagnant, agrandir le gâteau de la mondialisation économique et en assurer une meilleure distribution.
Deuxièmement, nous devons défendre et poursuivre ensemble le véritable multilatéralisme. Le multilatéralisme est la voie juste à suivre pour préserver la paix mondiale et promouvoir le développement de l'humanité et aussi la clé d'or pour surmonter les défis et les difficultés dans le monde. Les affaires internationales doivent être gérées par tous à travers la concertation et l'avenir de notre planète doit être pris en main par tous les pays. Telle est l'aspiration partagée de la communauté internationale. Nous devons porter haut le multilatéralisme, poursuivre une vision de gouvernance mondiale fondée sur les amples consultations, la contribution conjointe et les bénéfices partagés et assurer à tous les pays l'égalité des droits, des chances et des règles dans les affaires du monde.
Cette année marque le 80e anniversaire de l'Organisation des Nations Unies. C'est l'occasion pour nous de réaffirmer notre engagement envers les buts et principes de la Charte des Nations Unies, de défendre fermement le système international centré sur l'ONU et l'ordre international basé sur le droit international, et de faire évoluer la gouvernance mondiale dans un sens plus juste et plus équitable. Il nous faut défendre fermement le système commercial multilatéral centré sur l'OMC, préserver son rôle de canal principal dans l'élaboration des règles commerciales internationales et favoriser un environnement ouvert, inclusif et non discriminatoire pour la coopération économique internationale.
Troisièmement, nous devons développer ensemble de nouveaux moteurs et de nouveaux atouts pour l'économie mondiale. La réunion de cette année est placée sous le thème "collaboration pour l'ère intelligente", ce qui est d'une grande pertinence. Dans le monde d'aujourd'hui, le nouveau cycle de la révolution scientifique et technologique et de la transformation industrielle gagne en profondeur, des technologies de pointe, telles que l'intelligence artificielle (IA), les technologies quantiques et la biomédecine, sont en plein essor, et la transition vers un développement numérique, vert et intelligent s'accélère. Nous devons saisir et valoriser les opportunités ainsi offertes pour promouvoir l'interconnexion à l'ère numérique, renforcer la coopération internationale dans l'innovation technologique, accompagner les différents pays dans le renforcement des industries émergentes et d'avenir et accélérer le développement et la promotion des forces productives de nouvelle qualité.
Ces dernières années, l'écart Nord-Sud s'accentue et le fossé technologique, numérique et intelligent continue de se creuser. Nous devons porter la vision des progrès scientifiques et technologiques au service de l'humanité tout entière, accompagner les pays en développement dans la construction des infrastructures de type nouveau, notamment en matière d'IA, de transport intelligent et d'énergies intelligentes, et renforcer la généralisation et l'application des technologies informatiques dans les domaines clés du bien-être social, afin que davantage de pays puissent embarquer dans le train express de l'économie numérique.
Quatrièmement, nous devons relever ensemble les grands défis planétaires. Le monde traverse aujourd'hui des transformations et des turbulences. Les défis se multiplient dans les domaines du changement climatique, de la sécurité alimentaire et de la sécurité énergétique. Ce n'est que par la solidarité planétaire et l'effort collectif que nous pourrons surmonter les difficultés et bâtir l'avenir. Le président Xi Jinping a avancé l'Initiative pour le développement mondial, l'Initiative pour la sécurité mondiale et l'Initiative pour la civilisation mondiale. Ce sont des biens publics importants pour le monde. A nous de les mettre en œuvre ensemble pour renforcer la dynamique de développement, perpétuer le flambeau de la paix, faire rayonner les civilisations, et dégager une puissante force pour surmonter les défis et les difficultés.
La transition verte est un impératif essentiel du développement mondial et une solution fondamentale au changement climatique. La communauté internationale doit travailler ensemble pour accélérer la transition énergétique de manière équitable, ordonnée et juste, préserver la stabilité des chaînes industrielles dans les secteurs des énergies nouvelles et promouvoir des produits et technologies verts. Dans la lutte contre le changement climatique, nous devons déployer des efforts constants et renforcer la cohérence entre les politiques environnementales et climatiques et les politiques économiques et commerciales, pour éviter le ralentissement de la transition verte par les frictions commerciales, et l'établissement des barrières écologiques qui pourraient perturber la coopération économique et commerciale normale.
La sécurité et le développement sont étroitement liés et se renforcent mutuellement. Actuellement, des points chauds et conflits internationaux persistent encore, générant de graves impacts sur la paix et la stabilité dans le monde. Nous devons rechercher la sécurité et la paix par la coopération, régler les différends et les divergences par le dialogue, poursuivre une nouvelle voie de sécurité axée sur le dialogue et le partenariat et non la confrontation et l'alliance, soutenir un rôle accru de l'ONU et de son Conseil de Sécurité, et appuyer tous les efforts favorables au règlement pacifique des crises.
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
La Chine est un moteur important du développement de l'économie mondiale. A chaque fois qu'on aborde des questions de l'économie mondiale à Davos, on tourne le regard vers la Chine. Je voudrais saisir cette opportunité pour vous présenter quelques caractéristiques tendancielles majeures de l'économie chinoise.
Premièrement, le développement de qualité a progressé solidement, ce qui est un caractère marquant de l'économie chinoise. L'année dernière, l'économie chinoise a progressé solidement tout en maintenant la stabilité et a enregistré une croissance du PIB de 5 %, soit l'une des plus fortes croissances parmi les principales économies du monde. Dans le même temps, elle a eu à affronter de multiples difficultés et défis. Nous avons renforcé les politiques anticycliques en lançant notamment une série de nouvelles mesures de relance, ce qui a permis de booster les marchés immobilier et boursier, de renforcer les anticipations du marché et la confiance de la société et de favoriser la reprise de l'économie.
Les difficultés auxquelles l'économie chinoise a été confrontée sont dues aussi bien à l'environnement extérieur qu'aux impacts temporaires du réajustement de sa structure. Nous avons œuvré sans relâche au développement de qualité, faisant émerger de nouveaux secteurs, de nouvelles activités et de nouveaux modèles économiques qui ont joué un rôle important pour surmonter les difficultés économiques. Lors de mes nombreux déplacements en Chine l'année dernière, j'ai pu constater des progrès remarquables obtenus dans la transformation des moteurs de croissance, l'essor vigoureux des industries émergentes et d'avenir, ainsi que le développement accéléré des forces productives de nouvelle qualité. Toutes les entreprises que j'ai visitées, qu'elles soient privées ou à capitaux étrangers, spécialisées dans l'industrie manufacturière traditionnelle ou dans des secteurs numériques, sont pleinement confiantes en l'avenir.
Cette année, la Chine continuera de renforcer les politiques macroéconomiques et appliquera une politique budgétaire plus proactive et une politique monétaire modérément assouplie. Elle stimulera énergiquement la consommation, accroîtra l'efficacité de l'investissement et favorisera un développement intégré de l'innovation technologique et de l'innovation industrielle. Elle veillera à un développement sain et régulier du marché des capitaux et à la stabilisation du marché immobilier, et travaillera à prévenir et à résorber effectivement le risque lié à la dette locale, en vue d'une amélioration qualitative effective et d'une croissance quantitative raisonnable de son économie. Un développement régulier et sain de l'économie chinoise continuera d'injecter une grande vitalité à la croissance mondiale.
Deuxièmement, la transition verte et bas carbone s'est accélérée sur tous les plans, ce qui est un caractère fondamental de l'économie chinoise. La Chine travaille, par des actions concrètes, à atteindre le pic de ses émissions de CO2 d'ici 2030 et à réaliser la neutralité carbone d'ici 2060. Depuis 2012, l'intensité énergétique et l'intensité d'émission de carbone par unité de PIB de la Chine ont respectivement baissé de plus de 26 % et de 35 % au total. Aujourd'hui, plus de 35 % de l'électricité produite dans le pays est à base d'énergies renouvelables. La Chine possède la chaîne industrielle de nouvelles énergies la plus grande et la plus complète au monde, produisant 70 % des composants photovoltaïques et 60 % des équipements éoliens utilisés dans le monde, autant de capacités de production de qualité au service du développement vert et de la réponse au changement climatique à l'échelle mondiale. L'économie circulaire a aussi connu un développement vigoureux en Chine. Pour n'en citer qu'un exemple : grâce aux technologies des nouveaux matériaux, une entreprise chinoise fabrique un T-shirt avec les fibres de polyester recyclées de huit bouteilles plastiques et une veste de randonnée avec 28 bouteilles plastiques, et elle réutilise ainsi plus de 30 milliards de bouteilles plastiques chaque année, conciliant parfaitement les bénéfices écologiques et économiques.
La transition verte est une stratégie de long terme de la Chine, et non un choix de circonstance. Quelle que soit l'évolution de la situation internationale, ni la détermination de la Chine ni son action pour répondre activement au changement climatique ne changera. Elle continuera de promouvoir de manière coordonnée la réduction des émissions de carbone, la dépollution, la transition verte et la croissance économique, accélérera la transition verte dans tous les aspects du développement économique et social, et poursuivra les objectifs et les principes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et son Accord de Paris, afin de contribuer davantage à la réponse mondiale au changement climatique.
Troisièmement, la réforme et l'ouverture sont sans cesse portées à un niveau plus élevé, ce qui constitue la source de la vitalité de l'économie chinoise. C'est grâce à la réforme et à l'ouverture que la Chine a pu rattraper son époque à pas de géant, et c'est toujours en s'appuyant sur la réforme et l'ouverture qu'elle ouvrira de nouvelles perspectives à la modernisation à la chinoise. En juillet dernier, le Parti communiste chinois a tenu le troisième plénum de son XXe Comité central, qui a adopté des dispositions systématiques sur l'approfondissement continu de la réforme sur tous les plans et la promotion de la modernisation à la chinoise, avancé plus de 300 mesures de réforme importantes et fixé l'objectif d'accomplir ces tâches en 2029, au moment du 80e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine. Nous bâtirons un système d'économie de marché socialiste de haut niveau, créerons un environnement de marché plus équitable et plus dynamique et travaillerons à une allocation de ressources d'une efficacité optimale et d'un rendement maximal.
L'ouverture est un trait marquant de la modernisation à la chinoise. En termes d'accès des investissements étrangers, la première liste négative, publiée en 2013 à l'occasion de la création de la zone pilote de libre-échange de Shanghai, comptait 190 clauses contre seulement 27 aujourd'hui. Nous avons annulé, l'année dernière, toutes les restrictions à l'accès des capitaux étrangers à l'industrie manufacturière et introduit la gestion par liste négative pour le commerce transfrontalier des services, et nous travaillons aujourd'hui à un élargissement ordonné de l'ouverture des secteurs importants tels que les télécommunications, Internet, l'éducation, la culture et la santé. En termes de commerce extérieur, nous ne recherchons pas une balance excédentaire et sommes prêts à importer davantage de produits et services étrangers compétitifs et de qualité pour promouvoir le développement équilibré du commerce. Nous avons réduit à 7,3 % notre niveau général des tarifs douaniers, un niveau relativement bas par rapport aux autres pays du monde, et accordé le traitement de tarif douanier zéro à 100 % des catégories de produits exportés vers la Chine par les pays les moins avancés ayant avec elle des relations diplomatiques. Nous avons accru de notre propre initiative les importations et organisé depuis sept ans consécutifs l'Exposition internationale d'Importation de Chine (CIIE), et nous sommes le deuxième plus grand importateur du monde depuis plusieurs années d'affilée. En termes de climat d'affaires, nous travaillons continuellement à perfectionner nos systèmes et nos politiques relatifs aux sujets qui tiennent à cœur aux multinationales, dont la protection du droit de propriété intellectuelle, l'accès égal au marché public, les flux transfrontaliers de données, l'acquisition de facteurs de production, la reconnaissance des qualifications et l'élaboration des normes. Ces sujets sont importants aussi bien pour les entreprises à capitaux chinois que pour celles à capitaux étrangers. Notre attitude est claire : tous les acteurs sont traités sur un pied d'égalité. Prenons l'exemple du marché public. Conformément aux lois et règlements y relatifs, l'accès égal au marché public est garanti pour tous les produits fabriqués en Chine, qu'ils soient fournis par des entreprises à capitaux chinois ou étrangers. Je sais que, dans la pratique, il arrive à des entreprises, à capitaux étrangers comme à capitaux chinois, de rencontrer des barrières et des obstacles invisibles. Soyez assurés de notre volonté de travailler avec les parties concernées pour résoudre ces problèmes. La Chine ne refermera jamais ses portes, et bien au contraire elle les ouvrira toujours plus grand et offrira un climat d'affaires toujours meilleur. Nous souhaitons sincèrement que davantage d'entreprises étrangères puissent venir investir en Chine et réaliser un meilleur développement en partageant les opportunités chinoises.
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Nous célébrerons dans quelques jours la Fête du Printemps. Tout se renouvelle au commencement d'une nouvelle année. Faisons de Davos un nouveau point de départ pour poursuivre fermement la voie juste du multilatéralisme, promouvoir le développement ouvert et inclusif et créer ensemble un avenir meilleur.
Pour terminer, je souhaite plein succès à la présente réunion.
Je vous remercie.