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Xi Jinping, défenseur d'un monde plus juste
Sur la place Tian'anmen à Beijing, le président chinois Xi Jinping, ainsi que des dirigeants du monde entier, ont assisté mercredi matin à un grand défilé militaire honorant à la fois la victoire de la Chine et le triomphe collectif des nations qui ont vaincu le fascisme il y a quatre-vingts ans.
Depuis la tribune, M. Xi a prononcé un discours commémorant le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste. Il a appelé les nations du monde entier à éliminer les causes profondes de la guerre et à empêcher que les tragédies historiques ne se reproduisent.
Il a déclaré que la sécurité commune ne pouvait être préservée que lorsque les nations du monde entier se traitent sur un pied d'égalité, vivent en harmonie et se soutiennent mutuellement.
Pour M. Xi, cette cérémonie solennelle a représenté plus qu'un hommage à l'histoire : le signe d'une vision pour l'avenir, où l'humanité peut partager pacifiquement un monde plus juste, plus équitable et plus prospère.
LE MONDE A BESOIN DE JUSTICE
Avant la cérémonie, Xi Jinping et les dirigeants du monde entier sont montés sur la tribune de Tian'anmen, serrant tour à tour la main d'anciens combattants chinois. Quelques instants plus tard, sous le regard de M. Xi, des soldats de l'Armée populaire de libération (APL) de Chine regroupés en différentes formations ont défilé sur cette vaste place.
Ce même regard était présent en mai dernier, lorsqu'il a observé les soldats de l'APL défiler sur la place Rouge à Moscou lors des commémorations du 80e anniversaire de la victoire de la Grande Guerre patriotique de l'Union soviétique. Peu après, M. Xi s'est joint au président russe Vladimir Poutine et à d'autres dirigeants pour déposer des fleurs rouges sur la tombe du Soldat inconnu, près du mur d'enceinte du Kremlin, et s'est recueilli en silence pour ceux qui sont morts dans la lutte contre le fascisme.
Avant son voyage, M. Xi avait publié une tribune dans le journal Rossiskaïa Gazeta : "Tirer les leçons de l'Histoire pour construire ensemble un avenir plus radieux". Il a écrit : "Le monde a besoin de justice, pas d'hégémonisme".
Son appel est ancré dans l'histoire. En 2017, lors d'une visite au Mémorial du premier Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) à Shanghai, M. Xi s'est attardé devant trois images illustrant les souffrances de la Chine il y a plus d'un siècle : une caricature de la fin de la dynastie Qing montrant la Chine "découpée" par des puissances étrangères, un tableau des indemnités écrasantes que la Chine a été forcée de payer et la critique acerbe de Karl Marx de la complaisance isolationniste de la Chine de l'époque.
"Combien d'humiliations. Que de déshonneur. La Chine de l'époque était un mouton gras qui attendait l'abattoir", a déclaré M. Xi.
La fin de la Guerre mondiale antifasciste, ou Seconde Guerre mondiale, a ouvert la voie à une renaissance de l'ordre international. C'est sur ces ruines que sont nées les Nations Unies en 1945, dont la Charte consacre l'égalité souveraine, la non-ingérence et le règlement pacifique des différends, rompant ainsi avec des siècles de loi de la jungle où "le plus fort a raison".
Alors que cette année marque le 80e anniversaire des Nations Unies, Xi Jinping a insisté sur la nécessité de revitaliser l'organisation mondiale dans les nouvelles circonstances, afin qu'elle devienne la principale plateforme permettant aux pays de coordonner leurs actions et de relever conjointement les défis.
Son message reflète également certains défis aigus auxquels l'ordre mondial est confronté aujourd'hui. Comme l'a observé M. Xi, l'unilatéralisme, l'hégémonisme, ainsi que les pratiques d'intimidation et de coercition compromettent gravement la paix, la justice et l'égalité dans le monde.
Il a présenté son point de vue explicite. "Les forts ne doivent pas intimider les faibles", a-t-il martelé. "Les décisions ne devraient pas être prises en montrant simplement des muscles puissants ou en brandissant un gros poing. Le multilatéralisme sélectif ne doit pas être notre option".
Sous la direction de Xi Jinping, la Chine a intensifié les efforts de paix dans le monde en observant un véritable multilatéralisme : participation aux missions de maintien de la paix de l'ONU, promotion de la convention anti-extrémisme de l'Organisation de coopération de Shanghai, médiation pour faciliter la réconciliation entre l'Arabie saoudite et l'Iran, soutien à la création du groupe des Amis pour la paix sur la crise ukrainienne et cofondation de l'Organisation internationale pour la médiation à Hong Kong avec 32 nations.
"La Chine ne recherchera jamais l'hégémonie et ne croit pas non plus au jeu à somme nulle", a insisté M. Xi. "De telles notions n'ont jamais fait partie de l'ADN culturel de la Chine et il n'existe pas d'ambition de ce type".
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a souligné un jour le sens aigu de la justice de son homologue chinois.
Il lui a dit : "Vous avez été une source d'inspiration pour les changements profonds que l'humanité doit poursuivre : parler plus de paix que de guerre, coopérer plus que rivaliser, et créer plus que détruire".
PERSONNE N'EST LAISSE POUR COMPTE
M. Xi est convaincu que "ce n'est que lorsque les pays se développent ensemble qu'il peut y avoir un véritable développement".
L'année dernière à Rio de Janeiro, il a rejoint les dirigeants mondiaux au sommet du G20, dont le thème "Construire un monde juste et une planète durable" visait à confronter les inégalités persistantes dans le développement mondial.
En 2016, M. Xi a présidé le sommet du G20 à Hangzhou. Pour la première fois de son histoire, ce sommet a placé le développement au centre de la coordination des politiques macroéconomiques du groupe.
Partageant l'expérience de développement de son pays, il a assuré à ses collègues à Rio que "l'histoire de la Chine prouve que les pays en développement peuvent éliminer la pauvreté".
En 2020, M. Xi a mené la Chine, le plus grand pays en développement du monde, à éliminer la pauvreté absolue, avec une avance de dix ans sur le calendrier de l'Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable.
"Si la Chine peut y arriver, les autres pays en développement le peuvent aussi", a-t-il affirmé.
La lutte contre la pauvreté a toujours été au cœur du travail de Xi Jinping pendant plus de 40 ans, à travers toute sa carrière, de ses postes au niveau du comté et de la ville à la direction provinciale et nationale. "J'y ai consacré la majeure partie de mon énergie", a-t-il indiqué un jour.
Le président chinois a défendu plusieurs initiatives pour mettre fin à la pauvreté, notamment la technique Juncao, une herbacée utilisée pour cultiver des champignons comestibles, nourrir le bétail et prévenir l'érosion des sols. Déjà en tant que fonctionnaire provincial, il a commencé à promouvoir cette technique agricole dans les pays du Pacifique Sud, d'Afrique et d'Amérique du Sud.
Une partie de ce parcours sans précédent est documentée dans "Sortir de la pauvreté", un recueil des discours, articles et interviews de M. Xi, de 1988 à 1990, durant son mandat à Ningde, une ville de la province du Fujian (sud-est).
En 2023, l'édition en langue ouzbèke du livre a été publiée, avec une préface du président ouzbek Chavkat Mirzioïev intitulée "Un vrai miracle chinois".
Avec une compréhension lucide des difficultés du monde, M. Xi a attribué les turbulences de la mondialisation économique à une source majeure : le manque de croissance inclusive. Pour caractériser les contradictions du monde d'aujourd'hui, il a cité Charles Dickens : "C'était le meilleur des temps, c'était le pire des temps".
Ces dernières années, la mondialisation économique a connu des revers, l'écart entre le Nord et le Sud et la fracture technologique devenant plus prononcés. Le fossé entre riches et pauvres se creuse au lieu de se résorber, tandis que 60% de la population mondiale s'est appauvrie, soit près de 5 milliards de personnes, selon une recherche d'Oxfam, l'organisation caritative basée au Royaume-Uni, publié l'année dernière.
"Le développement", a expliqué M. Xi, "est un droit inaliénable de tous les pays et non un privilège réservé à quelques-uns". Cela explique pourquoi il a plaidé pour une mondialisation économique universellement bénéfique et inclusive.
Quelques mois après avoir pris la présidence chinoise en 2013, Xi Jinping a traversé la moitié du monde au cours de laquelle il a effectué une visite d'Etat au Costa Rica. Durant ce voyage, il a choisi une exploitation caféière comme l'une de ses étapes. En sirotant une tasse fraîchement préparée, il a déclaré : "Il me semble qu'il y a de la place pour exporter plus de café vers la Chine".
Cette remarque annonçait une promesse plus large. La Chine gardera ses portes ouvertes et partagera les dividendes de la croissance, a promis M. Xi. "Bienvenue à bord du train rapide du développement de la Chine", a-t-il indiqué à plusieurs occasions.
Toujours en 2013, il a dévoilé son initiative phare, l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR). Plus de dix ans plus tard, les résultats sont tangibles. Des trains de marchandises relient désormais les villes chinoises et les capitales européennes. Des chemins de fer modernes et des ports revitalisés au Kenya remodèlent le paysage de l'Afrique de l'est.
En plus d'approfondir les liens économiques, Xi Jinping promeut un modèle de gouvernance qui rompt avec ce qu'il considère comme une relique dépassée du colonialisme, a commenté le Wall Street Journal.
M. Xi a toujours soutenu que le développement détient la clé principale pour atteindre cet objectif, une conviction forgée par ses propres expériences de vie. A la fin des années 1960, comme l'un des "jeunes instruits" de Chine envoyés à la campagne, il a vécu parmi des villageois en difficulté dans la province du Shaanxi (nord-ouest).
"La chose que je souhaitais le plus, tout le temps", s'est-il souvenu des décennies plus tard dans un discours à Seattle, aux Etats-Unis, "était de permettre aux villageois de manger de la viande à satiété".
Aujourd'hui, le président chinois conduit son pays sur la voie de la modernisation. En tant que dirigeant avec une vision globale, il espère également que la Chine pourra cheminer sur la voie de la modernisation avec tous les pays.
"Sur la route du bien-être de toute l'humanité, aucun pays ou nation ne devrait être laissé pour compte", a insisté M. Xi.
ORDRE EQUITABLE
Au sommet de l'OCS qui vient de s'achever à Tianjin, Xi Jinping a proposé l'Initiative pour la gouvernance mondiale.
Le but de cette initiative est de "travailler ensemble avec tous les pays partageant les mêmes idées pour sauvegarder résolument les buts et principes de la Charte des Nations Unies, et construire un système de gouvernance mondiale plus juste et équitable", a-t-il expliqué.
Proposer cette initiative reflète sa perception aigüe des transformations profondes qui remodèlent le paysage mondial.
"L'essor collectif du Sud global", a observé M. Xi, "est une caractéristique distinctive d'une grande transformation à travers le monde". Il a promis que la Chine gardera toujours le Sud global dans son cœur et y maintiendra ses racines.
En avril 2015, la ville indonésienne de Bandung, autrefois appelée le "Paris de Java", a été le témoin d'un moment où le passé et le présent ont convergé.
Partis de l'hôtel Savoy Homann datant du XIXe siècle, les dirigeants de près de 100 nations se sont dirigés vers le bâtiment de l'Indépendance, retraçant les pas d'une génération qui avait défié la domination coloniale soixante ans plus tôt.
En tête du cortège marchaient Xi Jinping et le président indonésien de l'époque, Joko Widodo. C'était un écho vivant de la conférence de Bandung de 1955, la première réunion des nations asiatiques et africaines libérées des puissances coloniales, aujourd'hui saluée comme un événement marquant de l'essor du Sud global.
Par la persévérance et d'énormes sacrifices, les marchés émergents et les pays en développement ont réussi à gagner leur indépendance et à secouer le joug du colonialisme. Ces nations ont cherché des voies de développement adaptées à leurs propres contextes nationaux plutôt que de suivre des modèles imposés de l'extérieur. "Tout ce que nous faisons, c'est pour offrir une meilleure vie à nos peuples", a assuré Xi Jinping.
Porté par la vision mondiale de M. Xi, l'héritage né à Bandung est devenu rapidement une réalité, où les nations en développement parlent non pas comme des voix isolées, mais comme une force unie.
L'expansion historique des BRICS et la création de forums reliant la Chine à l'Afrique, à l'Amérique latine, au monde arabe et à l'ASEAN portent toutes l'empreinte du dirigeant chinois, offrant au Sud global des canaux pour coordonner et amplifier leur voix dans les affaires mondiales.
En avril 2025, lors d'une visite à la Nouvelle banque de développement des BRICS à Shanghai, le centre financier de la Chine, la première banque multilatérale initiée et dirigée par des pays en développement, Xi Jinping l'a qualifiée d'effort pionnier pour que le Sud global unisse ses forces pour améliorer la gouvernance mondiale.
Les origines de cette vision remontent à sa jeunesse. Il a étudié attentivement "Le Manifeste communiste", "Le Capital" et d'autres classiques marxistes, posant les bases intellectuelles de ce qu'il a décrit plus tard comme sa croyance constante : "Le marxisme est vaste et profond; en fin de compte, il cherche la libération de l'humanité".
Des décennies plus tard, alors que l'humanité fait face à des changements rarement vus en un siècle, M. Xi continue de réfléchir sur le monde : "Qu'est-il arrivé au monde et comment devrions-nous répondre ?".
Il a ainsi proposé pour la première fois la construction d'une communauté d'avenir partagé pour l'humanité à Moscou, lors de sa première visite à l'étranger en tant que président chinois. Deux ans plus tard, à la tribune du siège des Nations Unies à New York, il a élaboré sa vision d'une telle communauté impliquant des partenariats, la sécurité, le développement, la civilisation et la coopération écologique.
La vision de M. Xi sur la construction d'une communauté d'avenir partagé pour l'humanité a rappelé au Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim un aphorisme du célèbre philosophe chinois Confucius.
"Si Hai Zhi Nei Jie Xiong Di" (entre les quatre mers, tous les hommes sont frères), a-t-il dit lors de la réception donnée en l'honneur de M. Xi à Putrajaya en avril dernier.
"Le président Xi est connu comme un dirigeant politique capable, un économiste, mais plus encore, et plus fièrement et de façon profonde, un grand être humain avec une vision forte et claire et une compréhension des valeurs civilisationnelles", a assuré M. Anwar.
De 2021 à 2023, Xi Jinping a lancé l'Initiative pour le développement mondial, l'Initiative pour la sécurité mondiale et l'Initiative pour la civilisation mondiale. Avec l'Initiative pour la gouvernance mondiale, ces propositions sont conçues pour renforcer et améliorer le système international actuel.
Selon le président tadjik Emomali Rahmon, M. Xi est un grand dirigeant doté d'une profonde connaissance de l'histoire et d'une vision globale. Pour lui, "les nombreuses initiatives mondiales qu'il a proposées sont propices à faire avancer la paix et le progrès pour l'humanité".
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