Xi et Trump se rencontrent à Busan pour consolider les relations bilatérales et renforcer la confiance mondiale

(Xinhua/Huang Jingwen)

Sous le regard du monde entier et devant les flashs des appareils photo, le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump se sont serré la main à Busan jeudi lors d'une rencontre très attendue, la première depuis que M. Trump a prêté serment en tant que président des Etats-Unis en janvier dernier.

Plus tard, alors que leur entrevue d'une heure quarante touchait à sa fin dans la deuxième plus grande ville de la République de Corée, M. Xi et M. Trump ont marché côte à côte vers la sortie du lieu de la rencontre. Ils se sont serré la main en guise d'adieu.

Les deux présidents se sont rencontrés dans un contexte de défis économiques mondiaux croissants et de tendances protectionnistes. De nombreux observateurs internationaux ont considéré cette rencontre à enjeux élevés comme une occasion cruciale de stabiliser ce que beaucoup décrivent comme la relation bilatérale la plus importante au monde et de redynamiser la confiance dans l'économie mondiale.

TRACER LA VOIE DES RELATIONS

Depuis l'investiture de M. Trump en janvier, les deux chefs d'Etat ont maintenu une communication étroite par le biais de conversations téléphoniques et de lettres. Comme l'a souligné M. Xi lors de la rencontre, sous leur direction conjointe, les relations sino-américaines sont restées globalement stables.

Face aux vents, aux vagues et aux défis, a déclaré M. Xi, les deux dirigeants doivent maintenir le cap, naviguer dans un paysage complexe et assurer la progression régulière du gigantesque navire que sont les relations sino-américaines.

M. Trump a relayé cet esprit de collaboration, affirmant que les relations entre les Etats-Unis et la Chine ont toujours été solides et continueront de s'améliorer, exprimant ainsi son espoir d'un avenir commun plus radieux.

Ce n'était pas la première fois que M. Xi utilisait la métaphore du recalibrage de la direction du "gigantesque navire des relations sino-américaines" pour souligner la tâche fondamentale à laquelle sont confrontées les relations bilatérales actuelles.

Lors d'une conversation téléphonique avec M. Trump en juin, après une réunion de haut niveau sino-américaine sur les questions économiques et commerciales à Genève, qui a donné lieu à une série de pourparlers bilatéraux sur l'économie et le commerce, M. Xi avait souligné qu'il était "particulièrement important" pour les deux dirigeants d'éviter les perturbations et bouleversements divers.

Les deux parties doivent faire bon usage du mécanisme de consultation économique et commerciale déjà en place et rechercher des résultats gagnant-gagnant dans un esprit d'égalité et de respect mutuel, a déclaré M. Xi à cette occasion.

Les interactions entre la Chine et les Etats-Unis doivent refléter les caractéristiques d'une nouvelle ère, a déclaré Gu Qingyang, professeur associé à la Lee Kuan Yew School of Public Policy de l'Université nationale de Singapour, soulignant que le "piège de Thucydide", qui fait référence à la confrontation entre une puissance établie et une puissance montante, n'est pas inévitable comme beaucoup le croient.

"Nous ne souhaitons pas voir la Chine et les Etats-Unis divisés, découplés ou en confrontation, car cela serait préjudiciable aux deux pays. Ces deux nations sont déjà des leaders mondiaux, et chacune est trop puissante pour ignorer l'autre", a affirmé M. Gu.

A l'approche de la rencontre de Busan, les équipes économiques et commerciales des deux pays ont tenu une nouvelle série de consultations à Kuala Lumpur, en Malaisie, et sont parvenues à un consensus de base sur la manière de répondre à leurs principales préoccupations respectives, ce qui a créé les conditions nécessaires à la réunion de jeudi.

Jeudi, M. Xi a exhorté les deux parties à élaborer et à finaliser les mesures de suivi dès que possible, et à veiller à ce que les accords communs soient effectivement respectés et mis en œuvre, afin d'insuffler de la confiance aux deux pays ainsi qu'à l'économie mondiale grâce à des résultats concrets.

Les deux équipes peuvent poursuivre leurs discussions dans un esprit d'égalité, de respect mutuel et d'avantage réciproque, et continuer à réduire la liste des problèmes et à allonger celle des coopérations, a déclaré M. Xi.

Dans une déclaration écrite transmise à Xinhua, Maya Majueran, directeur fondateur de l'Initiative "Ceinture et Route" au Sri Lanka, a indiqué que cette réunion a adressé un signal rassurant, montrant que les deux plus grandes économies mondiales cherchent à gérer leurs relations de manière responsable plutôt que de dériver vers la confrontation.

Pour Tom Watkins, ancien conseiller du Centre d'innovation Michigan-Chine, le "respect mutuel" est la clé des futures relations entre les Etats-Unis et la Chine.

"Chaque partie doit comprendre qu'une erreur d'appréciation aura des conséquences dévastatrices", a déclaré M. Watkins, ajoutant que malgré les hauts et les bas des relations bilatérales au cours des dernières décennies, "les deux parties ont su avancer avec discernement".

"Toutes les grandes questions mondiales se rejoignent à Beijing et à Washington. Et la manière dont nos dirigeants résoudront ces questions façonnera l'avenir du monde", a-t-il réaffirmé.

UN IMPACT PLUS LARGE SUR LA REGION ASIE-PACIFIQUE ET AU-DELA

Le monde est actuellement aux prises avec des incertitudes croissantes et des tendances protectionnistes qui se renforcent, et la région Asie-Pacifique ne fait pas exception. Les barrières commerciales s'accumulent, les rivalités géopolitiques s'approfondissent et le système commercial multilatéral est de plus en plus mis à rude épreuve. Dans ce contexte, l'appel de M. Xi au dialogue plutôt qu'à la confrontation a trouvé un écho bien au-delà de la salle de réunion de Busan.

Notant que les relations économiques et commerciales sino-américaines ont récemment connu des hauts et des bas, le président chinois a noté que ces relations commerciales devraient continuer à servir de point d'ancrage et de force motrice pour les relations sino-américaines, et non de pierre d'achoppement ou de point de friction. Selon M. Xi, les deux pays doivent voir grand et reconnaître les avantages à long terme de la coopération, et ne pas tomber dans un cercle vicieux de représailles mutuelles.

Jeudi, le ministère chinois du Commerce a dévoilé les résultats obtenus par les délégations chinoise et américaine lors de leurs récentes négociations économiques et commerciales dans la capitale malaisienne Kuala Lumpur.

Selon un porte-parole du ministère, les Etats-Unis annuleront les soi-disant "droits de douane sur le fentanyl" de 10% et suspendront, pour une année supplémentaire, les droits de douane réciproques de 24% imposés sur les produits chinois, notamment ceux provenant de la Région administrative spéciale de Hong Kong et de la Région administrative spéciale de Macao, tandis qu'en réponse, la Chine apportera les ajustements correspondants à ses contre-mesures et poursuivra l'application de certaines mesures d'exclusion tarifaire.

Les Etats-Unis suspendront pendant un an la mise en œuvre d'une nouvelle règle annoncée le 29 septembre visant à étendre ses restrictions à l'exportation prévues par la "liste des entités" à toute entité détenue à au moins 50% par une ou plusieurs entités figurant sur cette liste. La Chine, quant à elle, suspendra pendant un an la mise en œuvre des mesures de contrôle des exportations annoncées le 9 octobre, et étudiera et affinera des plans spécifiques, a déclaré le porte-parole.

Parmi les autres résultats, Washington a accepté de suspendre pendant un an les mesures édictées au titre de son enquête de l'Article 301 ciblant les secteurs maritime, logistique et de la construction navale de la Chine, Beijing s'engageant en retour à suspendre ses contre-mesures une fois que la suspension américaine entrera en vigueur.

Les experts de la région Asie-Pacifique considèrent cette vision coopérative comme à la fois opportune et nécessaire.

Du point de vue de Beijing, a déclaré M. Majueran, la voie à suivre n'est pas celle d'une concurrence inévitable mais celle d'une coordination nécessaire, rappelant que les dirigeants chinois mettent fréquemment l'accent sur un modèle de coopération "gagnant-gagnant", une approche qui rejette la pensée à somme nulle en faveur d'un progrès partagé.

De son côté, Eng Kok Thay, secrétaire d'Etat du Conseil des ministres du Cambodge, a dit estimer que la rencontre entre M. Xi et M. Trump offre l'occasion de désamorcer les tensions entre ces deux pays majeurs et de revenir au dialogue pour résoudre les questions en suspens.

Lors de la rencontre de jeudi, le président chinois, notant que le monde d'aujourd'hui est confronté à de nombreux problèmes difficiles, a aussi affirmé que la Chine et les Etats-Unis peuvent assumer conjointement leur responsabilité de grandes puissances et travailler ensemble pour accomplir davantage de choses grandes et concrètes, pour le bien des deux pays et plus largement du monde entier.

Selon Eng Kok Thay, "la trajectoire des relations sino-américaines définira dans une large mesure l'environnement stratégique et économique de la région Asie-Pacifique et au-delà".

La coopération garantit la stabilité commerciale, les échanges technologiques et la sécurité, des résultats qui profiteront non seulement à la région mais au monde entier, a-t-il ajouté.

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