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Des cultures tropicales, un atout pour une coopération agricole Chine-Afrique ancrée dans les réalités locales

Xinhua 31.03.2025 08h45

Dans un centre de démonstration située à Abuja, capitale nigériane, des experts chinois forment des agriculteurs locaux à l'utilisation d'une ligne de production de farine de manioc. Ce projet, mené en partenariat avec Green Agriculture West Africa Limited et l'Institut des ressources génétiques pour les cultures tropicales de l'Académie des sciences agricoles tropicales de Chine (CATAS), s'inscrit dans une initiative plus large visant à améliorer les rendements agricoles et à renforcer les capacités de transformation en Afrique.

Le manioc, largement cultivé sous les tropiques, est l'une des principales cultures vivrières en Afrique. Toutefois, en raison de variétés obsolètes et de technologies moins développées, le rendement unitaire y reste faible. De plus, les infrastructures de transformation des produits restent limitées.

Pour pallier ces défis, des institutions chinoises, notamment la CATAS, ont collaboré avec plusieurs grands pays producteurs de manioc en Afrique, comme le Nigeria et la République du Congo, afin d'améliorer les rendements locaux et de diversifier les variétés cultivées.

Cette coopération a déjà donné des résultats tangibles. En République du Congo, des experts chinois ont introduit des variétés de manioc à haut rendement et résistantes aux maladies. Ces essais ont non seulement permis de doubler le rendement moyen du manioc sur 33.000 mu (environ 2.200 hectares) de terres cultivées, mais également d'identifier des variétés adaptées aux conditions locales, avec une augmentation du rendement pouvant atteindre 400% par rapport aux variétés traditionnelles.

Ces progrès s'inscrivent dans une dynamique plus large d'échanges technologiques entre la Chine et l'Afrique, qui repose sur des environnements tropicaux similaires et des besoins agricoles convergents.

Pour Felix Dapare Dakora, ancien président de l'Académie africaine des sciences, cette complémentarité offre un potentiel considérable pour approfondir la coopération agricole. Il estime que les technologies agricoles tropicales développées par la Chine peuvent être efficacement adaptées aux réalités africaines, contribuant ainsi d'améliorer durablement la sécurité alimentaire sur le continent.

Outre le manioc, la CATAS a aussi introduit ses technologies dans d'autres secteurs agricoles. Au cours de la dernière décennie, ses efforts se sont étendus à des cultures notamment le caoutchouc, les noix de cajou et les bananes, avec plus de 50 nouvelles variétés et technologies promues dans plusieurs pays africains. Parallèlement, plus de 3.000 locaux ont été formés, favorisant ainsi le transfert de compétences locales et la diffusion de pratiques agricoles améliorées.

L'impact de la coopération sino-africaine est particulièrement visible dans la filière bananière. Au Malawi, où la maladie de la banane en grappe avait gravement affecté la production pendant des années, l'intervention d'experts chinois a permis, dès 2021, de contrôler la propagation de la maladie et de relancer l'industrie bananière.

Cette expertise a profité à des entrepreneurs comme Lucy Mimano, une Kenyane qui a découvert la technologie de culture tissulaire pour les plants de bananiers lors d'une formation organisée par la CATAS. Forte de ces connaissances, elle a créé sa propre pépinière au Kenya, fournissant des plants aux agriculteurs d'Afrique de l'Est et du Centre.

L'impact de cette coopération va au-delà de la production agricole. Pour Laila Barnaba Lokosang, coordinateur technique principal à la Commission de l'Union africaine, l'agriculture africaine repose principalement sur une économie de petits exploitants. Il souligne que le programme de coopération agricole sino-africaine améliore leur productivité en transférant savoir-faire et technologies, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire du continent.

Néanmoins, il reconnaît que le prochain défi consiste à intensifier ces efforts et à aller au-delà de l'augmentation de la production. La création de valeur ajoutée, notamment par la transformation des matières premières agricoles, est essentielle pour libérer tout le potentiel des technologies adoptées.

M. Lokosang, qui a déjà visité la Chine, a été impressionné par les lignes de production capables de transformer les matières premières en produits à valeur ajoutée, comme des gâteaux et d'autres denrées alimentaires. Selon lui, ce serait une situation gagnant-gagnant si les spécialités agroalimentaires africaines pouvaient être exportées vers la Chine et le reste du monde.

(Web editor: Ying Xie, Yishuang Liu)

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