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Les milieux d'affaires chinois et français prêts à renforcer leurs liens face à une conjoncture économique agitée

Xinhua 30.04.2025 08h51

Dans un contexte international marqué par la montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme, ainsi que par des défis croissants pour le multilatéralisme et le libre-échange, les milieux économiques chinois et français cherchent à renforcer leurs liens pour faire face à ces pressions commerciales. Malgré cette conjoncture difficile, les groupes français bien implantés en Chine réaffirment leur confiance dans ce marché stratégique.

UNE COMPLEMENTARITE ECONOMIQUE PROMETTEUSE

Lors du Forum de coopération économique et commerciale Chine-France 2025 qui s'est tenu récemment à Paris, les industriels et experts des deux pays ont échangé sur les opportunités de collaboration dans des secteurs clés comme les véhicules électriques, les énergies renouvelables et le financement des entreprises.

Caroline Pénard, directrice générale de la Chambre de commerce internationale France Chine (CCIFC), souligne la volonté commune de construire un écosystème industriel durable entre les deux pays. "La CCIFC accompagnera les entreprises françaises en Chine pour établir des partenariats équilibrés, fondés sur la confiance et les intérêts mutuels", déclare-t-elle.

Selon, Li Wenguo, vice-représentant général du Bureau de représentation en France du Conseil chinois pour la promotion du commerce international (CCPCI) et secrétaire général de la Chambre de commerce et d'industrie de Chine en France (CCICF), la France excelle dans l'aérospatial, les énergies vertes et les sciences du vivant, tandis que la Chine dispose d'un marché vaste et d'un écosystème industriel complet. Il appelle à approfondir la coopération industrielle dans des secteurs clés comme l'aérospatial et les énergies vertes, tout en renforçant la coopération internationale sur les chaînes d'approvisionnement.

Avec plus de 2.000 entreprises françaises implantées en Chine, dont L'Oréal, Sanofi, Schneider Electric, Airbus et le groupe Aden, les échanges bilatéraux restent dynamiques. La Chine est le premier partenaire commercial de la France en Asie, et la France, le troisième de la Chine dans l'UE.

En janvier 2025, le siège chinois d'Aden Energies, filiale spécialisée dans les énergies propres du groupe Aden, s'est installé dans la zone de haute technologie de Suzhou, dans la province chinoise du Jiangsu (est), se consacrant au développement de projets photovoltaïques. En février, le Parc industriel international d'équipement automobile d'Aden a lancé ses travaux dans le bourg de Xushuguan à Suzhou.

Joachim Poylo, président-fondateur du groupe Aden, déclare :"Nous avons établi ici un siège régional et des plate-formes industrielles stratégiques car Suzhou, et plus largement la région du delta du Yangtsé, est devenue un pôle majeur pour les énergies nouvelles et la fabrication d'équipements modernes. Les opportunités de développement y sont exceptionnelles".

Pour Wang Lei, professeur à l'Université normale de Beijing, cette coopération historique prouve que deux économies aux stades de développement différents peuvent gagner ensemble. Il appelle la Chine et la France à défendre le multilatéralisme face aux mesures unilatérales des Etats-Unis, et à promouvoir une économie mondiale ouverte.

La complémentarité économique entre la France et la Chine crée une synergie naturelle, ouvrant des perspectives immenses, indique-t-il, ajoutant que la "réindustrialisation verte" française et le développement chinois des forces productives de nouvelle qualité offrent des perspectives de coopération innovante prometteuses.

ENTREPRISES FRANCAISES ATTIREES PAR LE POTENTIEL EN CHINE

Alors que les échanges de haut niveau entre la France et la Chine se multiplient, les entreprises françaises voient de plus en plus en Chine un pôle stratégique pour leurs activités. Elles cherchent désormais à étendre leur coopération avec la Chine à l'ensemble de la chaîne de valeur, du cycle de vie des produits et services.

Preuve de cet engagement, les grands groupes français sont présents en force dans les salons internationaux chinois comme l'Exposition internationale d'importation de la Chine (CIIE) ou la Foire internationale du commerce des services de Chine (CIFTIS), où ils présentent leurs innovations et affirment leur confiance dans la deuxième économie mondiale. L'édition 2024 de la CIIE a ainsi accueilli plus de 100 entreprises françaises.

Schneider Electric, qui considère la Chine comme un marché clé et un centre d'innovation, emploie plus de 2.000 personnes dans son centre de R&D à Shanghai. "Après plus de 30 ans d'implantation, la Chine est devenue notre deuxième marché mondial et une base essentielle pour notre chaîne d'approvisionnement", explique Yin Zheng, vice-président exécutif du groupe. "Nous allons intensifier nos efforts en innovation pour accompagner la transformation de nos partenaires chinois."

L'Oréal, dont les produits inondent les centres commerciaux et les plateformes de e-commerce chinoises, y possède sa plus grande usine mondiale et un centre opérationnel intelligent de pointe, selon Nicolas Hieronimus, PDG du groupe. "Nos investissements en Chine reflètent notre confiance dans son potentiel et la qualité de son environnement économique."

Dassault Systèmes, leader mondial des logiciels industriels, a inauguré un laboratoire 3D à Shanghai et signé de nouveaux projets avec l'arrondissement de Minhang. "La Chine mise sur le développement des forces productives de nouvelle qualité, ce qui ouvre des perspectives immenses dans le numérique", souligne Zhang Ying, président du groupe pour la région Grande Chine.

Le groupe français Arkema dispose de neuf sites de production en Chine, dont deux à Shanghai. "L'innovation chinoise avance à grande vitesse. Collaborer avec ses champions locaux, c'est saisir de nouvelles opportunités", affirme Zhang Xiaoyu, directrice générale pour la région Grande Chine.

Le groupe Andros, acteur agroalimentaire français, s'est implanté en Chine dès 1998 et y a construit une filière complète, de la production fruitière à la distribution. La Chine offre divers facteurs favorables en termes d'environnement social, de marché et d'investissement, tels que la stabilité sociale, un vaste potentiel de marché, des politiques d'investissement proactives, une chaîne industrielle relativement complète, explique Maxence Zeng, directeur général d'Andros China. "Nous souhaitons y importer des technologies européennes et former des talents locaux."

Pour Liu Ying, chercheuse à l'Institut Chongyang de l'Université Renmin, face aux tensions géopolitiques et aux pressions tarifaires, le renforcement de la coopération sino-française bénéficie non seulement à la Chine, mais aussi à la croissance économique française et européenne, ainsi qu'à la stabilité mondiale.

(Web editor: Ying Xie, Yishuang Liu)

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