- Plus
Au Pakistan, les semences chinoises offrent aux agriculteurs locaux une véritable « bouée de sauvetage »
![]() |
(DANIYAL KHAN JADOON/Xinhua) |
Muhammad Safdar se souvient toujours avoir commencé à travailler dans les champs alors qu'il n'avait que 12 ans. Aujourd'hui âgé de 62 ans, cet agriculteur chevronné du district d'Attock, dans la province du Penjab oriental du Pakistan, a passé cinq décennies à lutter contre les ravageurs, les conditions météorologiques erratiques et la fluctuation des prix du marché.
Ces dernières années, a-t-il expliqué, des changements climatiques soudains ont rendu l'agriculture plus difficile, jusqu'à ce qu'il décide d'expérimenter avec les variétés de semences de légumes chinoises, dont il avait entendu dire qu'elles étaient plus résilientes, avec des rendements plus élevés et mieux adaptées pour résister à des conditions météorologiques extrêmes.
« Au cours des cinq dernières décennies, j'ai vu les activités agricoles changer avec les saisons, mais ces dernières années, des changements climatiques soudains ont rendu les conditions météorologiques imprévisibles, et les variétés locales ne produisent plus le même rendement. En revanche, les semences chinoises sont de vraies combattantes, elles savent comment survivre contre tous les aléas et protéger les moyens de subsistance des agriculteurs », a-t-il déclaré alors qu'il parcourait les rangs de champs verts, inspectant les jeunes plants sains et solides de sa récolte de choux-fleurs.
Il a noté que les variétés chinoises rapportent également un prix plus élevé sur le marché. Alors que le chou-fleur local se vend environ 100 roupies pakistanaises (0,36 dollars) le kilo, la variété chinoise s'échange à environ 150 roupies pakistanaises en raison de sa taille plus grande, de ses fleurons blancs purs et de son goût supérieur - des qualités pour lesquelles les clients n'hésitent pas à payer un supplément.
Pour Muhammad Safdar, l'impact est tangible. « Les légumes chinois paient notre nourriture, nos médicaments, nos vêtements et autres dépenses. Ils s'occupent de tous nos besoins financiers, nous donnant un sentiment d'indépendance financière et nous permettant de vivre une vie plus confortable et prospère », a-t-il souligné.
Lors de sa visite sur le terrain, Muhammad Safdar était accompagné de Sajjad Ahmad, directeur général d'Al Manahil Seeds, distributeur de semences de légumes au Pakistan, et Muhammad Abrar, un responsable de la recherche et du développement dans le secteur agricole. Tous deux ont longtemps travaillé pour présenter des variétés chinoises aux agriculteurs pakistanais.
Sajjad Ahmad collabore avec des institutions agricoles chinoises depuis une décennie, y compris un séjour de trois ans à l'Académie des sciences agricoles de Tianjin (nord de la Chine), pour apporter des semences de haute qualité au Pakistan. Ces dernières années, les exportations de graines de chou-fleur de Tianjin vers le Pakistan ont représenté plus de 70% des plantations annuelles du Pakistan, aidant à résorber les goulots d'étranglement dans l'industrie du chou-fleur local. « Les variétés de semences chinoises sont excellentes et les agriculteurs sont extrêmement satisfaits du rendement », a déclaré Sajjad Ahmad. « Même les agriculteurs pauvres avec de petites terres agricoles peuvent presque doubler leur récolte sur les mêmes terres par rapport aux variétés locales, leur permettant à la fois d'avoir plus de produits à vendre et un meilleur prix sur le marché ».
Les progrès que Muhammad Safdar et ses collègues agriculteurs ont réalisés au Pakistan ont leurs racines à Tianjin, une ville portuaire du nord de la Chine qui est devenue une plaque tournante de l'innovation agricole.
Selon Sun Deling, scientifique en chef de la culture nationale de chou-fleur de Chine et chercheur à l'Institut de recherche sur le légume de l'Académie des sciences agricoles de Tianjin, son équipe a commencé à explorer les marchés internationaux après avoir répondu à la demande intérieure. Depuis 2010, ils se sont rendus à plusieurs reprises au Pakistan, en Inde, au Vietnam et dans d'autres pays, adaptant de nouvelles variétés aux conditions climatiques locales. « Jusqu'à présent, nous avons établi des bases de démonstration dans plus de 10 pays, dont le Pakistan, le Vietnam et la France, testant plus de 800 variétés », a-t-il déclaré. « Grâce à leur qualité supérieure et leur prix raisonnable, nos semences sont bien accueillies par les agriculteurs et les distributeurs dans les pays impliqués dans l'Initiative "la Ceinture et la Route" ».
Au premier semestre de 2025, les exportations annuelles de semences de chou-fleur cultivées par l'équipe de Sun Deling avaient atteint 11 tonnes, marquant un passage de la dépendance passée à l'égard des importations au statut d'exportateur majeur. Le chou-fleur est devenu depuis l'une des plus grandes cultures d'exportation de semences de légumes de la Chine, renforçant la compétitivité mondiale des entreprises de semences chinoises.
Au Pakistan, les résultats ont été spectaculaires. Les semences chinoises couvrent désormais de grandes zones de terres agricoles, améliorant les rendements et augmentant les revenus. Des agriculteurs comme Muhammad Safdar produisent non seulement plus, mais bénéficient aussi de davantage de résilience contre les conditions météorologiques imprévisibles qui menaçaient autrefois leurs moyens de subsistance.
De retour à Tianjin, les responsables soulignent également la vision plus large de ces succès. Guan Anrong, directeur adjoint du Département de coopération étrangers de la Commission municipale de l'Agriculture et des Affaires rurales de Tianjin, a ainsi noté que les variétés de chou-fleur de Tianjin ont été diffusées sur environ 67 000 hectares dans les pays de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Au-delà du chou-fleur, Guan Anrong a souligné que Tianjin a également exporté des équipements d'irrigation économes en eau vers le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Pakistan, contribuant à construire des bases agricoles modernes éconergétiques. Il a ajouté que dans l'élevage, la société Aoqun Animal Husbandry, basée à Tianjin, a fourni des services techniques qui ont aidé les partenaires saoudiens à réduire les taux de mortalité de l'agneau de plus de plus de 20% à moins de 10%.
« À l'avenir, Tianjin tirera parti de ses forces en sciences agricoles et en fabrication d'équipements pour approfondir la coopération avec les pays de l'OCS », a-t-il déclaré. « Nous ferons la promotion de variétés de semences de haute qualité, de technologies agricoles avancées et d'installations modernes pour aider les pays partenaires à améliorer la capacité de production et à assurer la sécurité alimentaire ».
Pour des experts comme Muhammad Abrar, cette vision est vitale. « Les agriculteurs espèrent une production locale de graines hybrides afin que les coûts diminuent et que les semences deviennent plus abordables », a-t-il déclaré. « L'élargissement des laboratoires de recherche conjoints de l'OCS à des pays membres comme le Pakistan adapterait davantage les graines aux climats locaux et apporterait des avantages aux petits agriculteurs ».
L'histoire du chou-fleur n'est qu'un exemple, mais il illustre comment la coopération axée sur la science change la vie sur le terrain. Ce qui a commencé dans les serres de Tianjin a pris racine dans les champs du Penjab, offrant aux agriculteurs de nouveaux outils pour lutter contre le changement climatique, sécuriser leurs moyens de subsistance et construire un avenir meilleur.
Pour Muhammad Safdar, ces semences ne sont pas seulement des cultures. Elles sont, comme il le dit, « une bouée de sauvetage », symbole de la façon dont la coopération agricole sino-pakistanaise menée dans le cadre de l'OCS cultive la résilience et la prospérité entre les communautés.