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Briser le poinçonnage mental et construire un front commun sino-européen pour le multilatéralisme

le Quotidien du Peuple en ligne 14.05.2025 09h36

La guerre des droits de douane déclenchée par l'administration Trump visant les pays du monde entier constitue non seulement une déclaration de guerre au système commercial international, mais aussi une véritable thérapie de choc infligée à l'ordre mondial établi depuis la Seconde Guerre mondiale. Alors que Washington s'adonne aux abus de pouvoir unilatéraliste, l'Europe se trouve face à un choix historique : continuer d'être prise en otage dans les jeux géopolitiques américains ou défendre le multilatéralisme avec d'autres pays tels que la Chine ? La réponse se trouve dans un proverbe européen : Aide-toi, le ciel t'aidera. Aujourd'hui, l'Europe n'a pas besoin d'une dévotion quasi-religieuse envers les relations transatlantiques, mais d'un profond mouvement de libération des esprits.

Autonomie stratégique : moyen ultime pour briser le poinçonnage mental

Tout en manifestant leur attachement à l'autonomie stratégique, les élites politiques européennes ont souvent des comportements incohérents. Elles dénoncent l'« Inflation Reduction Act » américain comme un exemple de « protectionnisme vert », tout en brandissant des mesures antisubventions contre les véhicules électriques chinois. Elles s'indignent d'être traitées en vassales dans la géopolitique américaine, tout en suivant docilement chaque revirement politique de Washington. Cette contradiction est au fond le produit d'un « poinçonnage mental » : une inconscience collective sacralisant les relations transatlantiques et légitimant l'hégémonie américaine.

Cette humiliation subie à cause d'une réponse passive à l'agenda américain aurait dû servir de catalyseur à un réveil européen. Malheureusement, le poinçonnage mental persiste, au point que l'Europe est prête à sacrifier sa souveraineté économique. L'histoire a pourtant prouvé que les stratégies de dépendance finissent par se retourner contre ceux qui les adoptent. En 1956, lors de la crise du canal de Suez, la France et le Royaume-Uni, alliés des États-Unis, étaient contraints d'accepter un cessez-le-feu sous la pression américaine, marquant la fin des illusions impériales de l'Europe. Début 2025, les États-Unis ont pris un brutal changement de position vis-à-vis de l'Ukraine, évinçant l'Europe pour négocier directement avec la Russie, ce qui a provoqué un véritable choc politique sur le Vieux Continent.

La véritable autonomie stratégique ne sera possible sans une révolution de pensée. L'Europe doit prendre conscience qu'elle a déjà été écartée sur le plan diplomatique, et qu'elle ne doit pas se laisser dominer sur le plan intellectuel. Face à la frénésie anti-chinoise des États-Unis, Bruxelles ne doit pas se contenter de jouer les cheerleaders dans cette lutte de géants.

Protectionnisme : ne jamais prendre cette pernicieuse solution de facilité

Les surtaxes américaines ne sont pas un phénomène isolé, mais le symptôme d'une restructuration profonde de la mondialisation. Selon l'analyse d'Euronews, ces mesures pourraient faire perdre à l'UE au moins 85 milliards d'euros d'exportations, avec des conséquences graves pour les pays européens comme l'Allemagne. Il en ressort une vérité cruelle : le monde ne peut plus supporter trop de « thérapies de choc ».

L'anxiété européenne ne doit pas se transformer en des concessions face au protectionnisme, mais en une défense résolue du multilatéralisme. La Chine et l'Europe, deux grandes économies au monde, ont vu leurs échanges commerciaux passer de 2,4 milliards à 780 milliards de dollars américains, et leurs investissements croisés atteindre près de 260 milliards. Cette relation symbiotique n'est en rien le résultat d'un jeu à somme nulle, mais le fruit d'un ordre commercial multilatéral. Si l'Europe fragmente ses marchés par protectionnisme et érige des barrières par courtermisme et panique, ce seront la Chine et l'Europe qui paieront le prix d'une stagnation de l'innovation et d'une hausse des coûts, et l'Europe manquera l'opportunité historique d'orienter avec la Chine la modernisation des chaînes de valeur mondiales. Des barrières commerciales en apparence modérées finiront par devenir des trous noirs dévorant la prospérité.

Chine et Europe : partenaires pour la défense du multilatéralisme

L'histoire récompense toujours les civilisations qui osent briser le joug mental. Une Europe qui abandonne son obsession pour l'hégémonie occidentale et une Chine attachée à la coopération ouverte prouveront ensemble que le multilatéralisme n'est pas une utopie idéaliste, mais le seul choix rationnel pour la coexistence humaine. Face aux sombres tentations protectionnistes, la Chine et l'Europe doivent devenir de fermes défenseurs du multilatéralisme. Car l'avenir du monde ne doit pas être monopolisé par une seule puissance. Il doit appartenir à tous ceux qui croient à la coopération et non à la confrontation, à l'ouverture et non au repli, au gagnant-gagnant et non au jeu à somme nulle.

Pour ce faire, l'Europe doit retrouver le courage dont elle a fait preuve à l'époque des Lumières et se libérer du joug mental. Après tout, la véritable autonomie stratégique n'est jamais une aventure géopolitique. Elle provient du respect de l'histoire, comme le disait Hegel : « La chouette de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée de la nuit. » Aujourd'hui, le moment du réveil européen est venu. L'Europe doit prendre en main son propre destin, et non devenir un simple appendice de l'hégémonie.

(Par Xiao Shan)

(Web editor: Ying Xie, Yishuang Liu)

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