La Chine exhorte l'Union européenne à adopter une approche pragmatique

Selon des observateurs du marché et des chefs d'entreprise des deux parties, l'Union européenne devrait aborder les relations commerciales avec la Chine avec pragmatisme, en reconnaissant leurs fondements mutuellement bénéfiques et en gérant les frictions par le dialogue plutôt que de les laisser s'intensifier.

Ces dernières années, ont-ils déclaré, le bloc a structuré son approche à l'égard de la Chine autour de la concurrence économique et de la « réduction des risques », en introduisant une série de mesures protectionnistes sous la bannière de la « sécurité économique » et de la « concurrence loyale ». L'Union européenne a notamment imposé des restrictions sur les semi-conducteurs, la 5G et les véhicules électriques, et elle a pris des mesures discriminatoires et restrictives à l'encontre des entreprises chinoises, perturbant le fonctionnement fluide et stable des chaînes industrielles et d'approvisionnement mondiales.

En plus d'exhorter le gouvernement néerlandais à révoquer son ordonnance administrative contre Nexperia, une entreprise chinoise de semi-conducteurs basée aux Pays-Bas, la Chine a imposé le 23 décembre des dépôts de droits compensateurs provisoires sur les importations de certains produits laitiers en provenance de l'Union européenne et a imposé la semaine dernière des droits antidumping sur le porc et les sous-produits du porc originaires du bloc pour protéger les industries nationales.

Selon Chen Fengying, chercheur à l'Institut chinois des relations internationales contemporaines, basé à Beijing, les actions de la Chine sont menées conformément aux règles et réglementations nationales et internationales. Cependant, certaines des actions récentes de l'Union européenne risquent d'entraver le développement sain et stable des relations économiques et commerciales entre les deux parties.

Toutefois, a noté M. Chen, « malgré les frictions persistantes, la Chine et l'Union européenne restent économiquement interdépendantes, avec une demande complémentaire et des chaînes d'approvisionnement étroitement liées », ajoutant qu'une telle interdépendance souligne la nécessité pour les deux parties d'identifier des domaines pratiques de coopération mutuellement bénéfiques, notamment la construction automobile, la technologie et l'énergie verte.

Cette évaluation trouve un écho du côté européen. Ainsi, Timo Jaatinen, secrétaire permanent du ministère finlandais des Affaires économiques et de l'Emploi, a souligné que la Finlande accueille favorablement des investissements accrus de la part des entreprises chinoises et est prête à travailler avec la Chine pour approfondir la coopération dans des domaines tels que le développement vert et l'économie numérique.

De son côté, Yan Shaohua, directeur adjoint du Centre pour les relations Chine-Europe à l'Université Fudan de Shanghai, a déclaré que les frictions commerciales reflètent le processus d'ajustement en cours dans les relations économiques sino-européennes, plutôt qu'une dérive inévitable vers la confrontation.

Des points de vue similaires ont été partagés par Wang Huiyao, fondateur et président du Centre pour la Chine et la mondialisation à Beijing. « Etant donné la profondeur de l'interdépendance mutuelle, un découplage est peu probable, ce qui souligne la nécessité de gérer les différends par le dialogue pour soutenir la coopération, soutenir la croissance mondiale et limiter les coûts du protectionnisme », a-t-il déclaré.

Les chiffres du commerce mettent en évidence cette réalité. Selon l'Administration générale des douanes, l'Union européenne est restée le deuxième partenaire commercial de la Chine au cours des 11 premiers mois de 2025, alors que le commerce bilatéral a augmenté de 5,4 % d'une année sur l'autre pour atteindre 5 370 milliards de yuans (764 milliards de dollars), ce qui représente 13 % du commerce extérieur total de la Chine.

Avec ses produits principalement expédiés vers les marchés de Suède, d'Allemagne et des Pays-Bas, Pan Shengdao, vice-président de Saina (Suzhou) Co Ltd - un fabricant de chaussures de sécurité de Taicang, dans la province du Jiangsu (est de la Chine) - a affirmé que les relations commerciales stables entre la Chine et l'Union européenne profitent en fin de compte aux entreprises et aux consommateurs des deux côtés.

Selon les douanes de Nanjing, la valeur totale du commerce extérieur de l'entreprise chinoise a atteint environ 580 millions de yuans entre janvier et novembre, en hausse de 2,3 % d'une année sur l'autre.

Lorsque le port de libre-échange de Hainan (sud de la Chine) a lancé ses opérations douanières spéciales à l'échelle de l'île la semaine dernière, la société allemande Siemens Energy AG a établi une nouvelle succursale et a inauguré la construction d'une base d'assemblage de turbines à gaz et d'un centre de services à Danzhou. A ce sujet, Joern Schmuecker, vice-président principal des services gaziers de Siemens Energy, a déclaré que l'établissement d'une base d'assemblage de turbines à gaz et d'un centre de services à Hainan s'aligne avec la vision du port de libre-échange de devenir un nouveau terrain d'ouverture et de coopération internationale.