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Le projet de l'UE d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les VE chinois importés suscite une contestation dans toute l'Europe
La Commission européenne a dévoilé mercredi une liste de droits de douane protectionnistes qu'elle entend imposer aux importations de véhicules électriques à batterie (VE) en provenance de Chine, suscitant l'opposition et les inquiétudes des gouvernements et des entreprises de toute l'Europe.
Les droits provisoires envisagés par la commission sur les importations de VE en provenance de Chine varieraient entre 17,4% et 38,1%.
Le ministre hongrois de l'Economie nationale, Marton Nagy, a condamné cette mesure qu'il juge trop protectionniste. Il a déclaré dans un communiqué que "le protectionnisme n'est pas la solution" et que la décision de la commission discriminerait injustement les fabricants chinois et perturberait la concurrence sur le marché, qui a été vitale pour l'Union européenne (UE).
Photo prise le 2 février 2024 montrant des visiteurs regardant un véhicule électrique de Zeekr lors de la Swedish eCarExpo 2024 à Stockholm, en Suède. (Xinhua/Patrick Ekstrand)
M. Nagy a souligné que l'UE devrait se concentrer sur le renforcement de la compétitivité mondiale de l'industrie européenne des véhicules électriques, au lieu d'imposer des droits de douane punitifs, car une telle mesure étoufferait la concurrence et entraverait la croissance du marché de l'UE.
Volker Wissing, ministre fédéral allemand du Numérique et des Transports, a averti que les droits de douane affecteraient les entreprises allemandes et leurs exportations. "Les véhicules doivent devenir moins chers grâce à une concurrence accrue, à des marchés ouverts et à des conditions d'implantation nettement meilleures dans l'UE, et non grâce à des guerres commerciales et à l'isolement du marché", a-t-il expliqué sur X.
Les droits de douane supplémentaires élevés de l'UE s'écarteraient encore davantage des objectifs de la coopération mondiale et pourraient rapidement avoir un impact négatif en cas de conflit commercial. Les retombées probables de ces mesures pourraient être plus importantes que leurs avantages potentiels pour l'industrie automobile européenne et allemande, a affirmé Hildegard Müller, présidente de l'Association allemande de l'industrie automobile, lors d'un entretien écrit avec Xinhua.
"Le fait est que nous avons besoin de la Chine pour résoudre les problèmes mondiaux, ce qui s'applique, en particulier, à la lutte réussie contre les crises climatiques", a poursuivi Mme Müller, soulignant le rôle de la Chine dans la transition vers l'électromobilité et la numérisation de l'industrie automobile mondiale.
Le PDG de BMW, Oliver Zipse, a critiqué le plan de la commission comme étant "la mauvaise voie à suivre", estimant qu'il nuirait aux entreprises ainsi qu'aux intérêts européens. "Le protectionnisme risque de déclencher une spirale : les droits de douane entraînent de nouveaux droits de douane, l'isolement plutôt que la coopération", a-t-il dit.
D'autres grands constructeurs automobiles allemands, dont Mercedes-Benz et Volkswagen, ont également exprimé leur soutien à la concurrence loyale et au libre-échange mondial, a rapporté le média allemand Handelsblatt. Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, a rejeté les droits de douane prévus, soulignant que "les effets négatifs de cette décision l'emportent sur les avantages pour l'industrie automobile européenne et surtout allemande".
Le gouvernement suédois souhaite savoir si la Commission européenne a épuisé d'autres options que les droits de douane, s'est interrogé Johan Forssell, ministre suédois de la Coopération au développement international et du Commerce extérieur. "Nous sommes généralement sceptiques à l'égard des droits de douane. Quelqu'un doit les payer, et dans ce cas, ce seront tôt ou tard les consommateurs", a questionné M. Forssell, cité par l'agence de presse suédoise TT.
Le constructeur automobile multinational Stellantis, en réponse à l'annonce de l'UE, a lui aussi exprimé sa position en prônant une concurrence libre et équitable dans un environnement commercial mondial et en s'opposant aux mesures qui conduisent à "la fragmentation du monde". L'entreprise a déclaré que grâce à ses VE abordables et à sa coopération avec le fabricant chinois de voitures électriques Leapmotor, elle est confiante dans sa capacité à concurrencer les produits chinois qui présentent des avantages en termes de prix.
Hrvoje Prpic, président de l'Association croate des conducteurs de véhicules électriques, a noté que les droits de douane élevés n'aideraient pas l'industrie européenne à suivre le rythme des constructeurs automobiles chinois et que, de plus, les utilisateurs finaux en Europe devraient supporter l'augmentation des coûts.
"Les entreprises doivent être ouvertes, et les droits de douane ne sont pas bénéfiques aux échanges commerciaux", a abondé Pavol Antalic, président du Conseil commercial mixte Slovaquie-Chine. Reconnaissant le niveau de coopération avec les entreprises chinoises dans le développement des énergies vertes, le chef d'entreprise slovaque a salué les avancées technologiques de la Chine dans le développement de voitures électriques dotées d'excellentes batteries et a argué que "les clients locaux sont très intéressés par les VE chinois".
En tant qu'Etat non membre de l'UE, la Norvège a signalé qu'elle ne suivrait pas l'UE dans l'augmentation des droits de douane sur les voitures électriques chinoises. Le ministre norvégien des Finances, Trygve Slagsvold Vedum, a annoncé cette décision mercredi. "L'introduction de droits de douane sur les voitures chinoises n'est ni pertinente ni souhaitable pour ce gouvernement", a conclu M. Vedum, citée par la chaîne nationale norvégienne NRK.