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France : la motion de censure contre le Premier ministre a été largement rejetée

Xinhua 17.01.2025 08h19

La tentative de renversement du gouvernement initiée par les députés de La France insoumise et deux autres groupes de gauche a échoué, faute de soutien du Parti socialiste (PS) et du Rassemblement national (RN). Un sursis pour le Premier ministre français François Bayrou, mais l'exécutif reste sous pression.

Jeudi, la motion de censure contre le Premier ministre a été largement rejetée par les députés. Le texte n'a rassemblé que 131 voix à l'Assemblée nationale, bien loin des 289 nécessaires pour faire chuter le gouvernement. Ce résultat, nettement inférieur à la fronde ayant emporté Michel Barnier fin 2024 avec 331 voix, témoigne des divisions au sein de l'opposition.

Le Nouveau Front populaire, qui avait fait bloc contre le prédécesseur de M. Bayrou lors de son discours de politique générale, s'est cette fois fragmenté. Les socialistes, par la voix d'Olivier Faure, premier secrétaire du PS, ont en effet majoritairement refusé de soutenir cette motion, rejoignant dans leur abstention Les Républicains (LR) et le RN.

A la tribune de l'Assemblée nationale, M. Faure a justifié ce choix stratégique : "Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire parce qu'elle peut conduire à la pire des politiques : l'arrivée de l'extrême droite." Il a rappelé l'engagement du PS à rester dans l'opposition, tout en saluant certaines concessions obtenues de François Bayrou. Parmi elles : le maintien de 12.000 postes dans la santé, l'abandon de suppressions dans l'éducation et la promesse d'une concertation sur les retraites à l'automne.

La stratégie du Premier ministre pour désamorcer cette crise a reposé sur des gestes significatifs envers la gauche. Ces promesses ont convaincu les socialistes de ne pas soutenir la motion. Mais elles ont été jugées insuffisantes par les Ecologistes, dont la cheffe de file, Cyrielle Chatelain, dénonçant "une inflexion bien timide".

De son côté, le RN, par la voix de Sébastien Chenu, a choisi une "neutralité bienveillante", tout en fustigeant l'absence de "vision, de courage et de solutions" du gouvernement.

Malgré ce succès, François Bayrou reste sur un fil. L'hémicycle a été marqué par les vives tensions entre les macronistes, absents en grand nombre, et les Insoumis, qui ont multiplié les interruptions de séance. Manuel Bompard a prévenu : "Votre mandat est marqué par le sceau du chantage (...) Les raisons de vous censurer aujourd'hui sont nombreuses."

Une majorité de Français semble partager ce scepticisme : selon un sondage Odoxa, 72 % des sondés estiment que M. Bayrou ne terminera pas l'année 2025 à Matignon.

Pour l'heure, le Premier ministre français peut souffler. Mais les débats budgétaires à venir, annoncés comme l'ascension de "l'Himalaya", avec l'accumulation de plus de 3.300 milliards d'euros (environ 3.400 milliards de dollars américains) de dette, s'annoncent autrement plus périlleux.

(Web editor: 孙鸿宇, Yishuang Liu)

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