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La vidéo montrant des milliers de Gazaouis cherchant de l'aide est déchirante
La récente vidéo montrant des milliers de Gazaouis désespérés se précipitant pour obtenir de l'aide est déchirante, a déclaré mardi un porte-parole de l'ONU.
"Nous avons regardé la vidéo filmée à Gaza autour d'un des points de distribution mis en place par la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), et franchement, ces images sont pour le moins déchirantes", a indiqué Stéphane Dujarric, porte-parole en chef du Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
La GHF est une opération américaine soutenue par Israël, qui vise à remplacer les efforts humanitaires en vue d'acheminer de l'aide aux Gazaouis. Israël affirme que l'ONU autorise les agents du Hamas à détourner une partie de l'aide de l'ONU et de ses partenaires afin de l'utiliser pour lui-même et d'influencer les Gazaouis.
L'organisation mondiale maintient un système de distribution équitable de l'aide humanitaire, qui fonctionne conformément au droit humanitaire international. Le système mis en place par la GHF s'efforce par contre de garantir que son aide ne soit acheminée qu'à ceux qu'il considère comme non associés au Hamas.
Le Secrétaire général de l'ONU a déclaré la semaine dernière que les Nations unies et leurs partenaires avaient mis sur pied un plan détaillé, opérationnellement solide et fondé sur des principes - qui est en outre soutenu par les Etats membres de l'ONU - afin d'acheminer l'aide à une population désespérée, a rappelé le porte-parole.
"Nous continuons à souligner qu'une intensification significative des opérations humanitaires est essentielle pour éviter la famine et répondre aux besoins de tous les civils, où qu'ils se trouvent", a affirmé M. Dujarric lors d'un point de presse régulier.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a déclaré que les bombardements et les tirs d'artillerie incessants dans la bande de Gaza avaient eu des conséquences terribles sur les civils.
Les autorités sanitaires de Gaza ont fait état de dizaines de morts et de plus de 150 blessés au cours des dernières 24 heures, a indiqué l'OCHA mardi.
Dimanche soir, une école abritant des personnes déplacées à Ad Daraj, dans l'est de la ville de Gaza, a été touchée par des tirs, déclenchant un incendie qui aurait tué 36 personnes, dont des femmes et des enfants. De nombreux corps étaient gravement brûlés, a déclaré l'OCHA.
"Les forces israéliennes ont affirmé avoir attaqué ce qu'elles ont présenté comme un centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique", a remarqué l'OCHA.
Le bureau a indiqué que des milliers de personnes continuaient d'être déplacées par ces attaques. Lundi, un autre ordre de déplacement israélien couvrant environ 155 kilomètres carrés à Rafah, Khan Younis et dans le centre de Gaza a touché plus de 60 secteurs, soit plus de 40 % de la bande de Gaza. Ce nouvel ordre recoupe partiellement des avis d'évacuation antérieurs.
Dans le nord de Gaza, les partenaires de l'OCHA ont signalé que les sites pour déplacés de Beit Hanoun, Izbat Beit Hanoun et Beit Lahiya étaient presque vides suite aux ordres de déplacement israéliens. A Asaliya, près de Jabalya, un site pour déplacés continue d'accueillir des centaines de familles qui ont choisi de rester malgré les récents ordres d'évacuation, affirmant n'avoir aucune autre solution.
Les humanitaires ont indiqué qu'à Khan Younis, les personnes déplacées continuaient à vivre à ciel ouvert. Nombre d'entre elles sont physiquement épuisées et fragilisées après avoir parcouru de longues distances à pied sur des routes endommagées, sans aucune nourriture.
Depuis la nouvelle escalade des hostilités le 18 mars, l'OCHA et ses partenaires estiment que plus de 632.000 personnes à Gaza ont été contraintes de fuir à nouveau leur domicile. "Ils sont livrés à eux-mêmes sur des zones très restreintes, avec presque rien pour survivre", a-t-il indiqué.
Depuis le 19 mai, plus d'une vingtaine de centres de soin, de cliniques mobiles et un hôpital ont suspendu leurs services en raison des hostilités, des attaques ou des ordres de déplacement, ont déclaré les partenaires du secteur de la santé de l'OCHA.
Concernant la distribution de l'eau et les services d'assainissement, l'OCHA a indiqué que 200.000 litres de carburant étaient nécessaires chaque semaine à Gaza pour alimenter les installations essentielles. La situation dans le sud de Gaza est cependant particulièrement préoccupante, aucun carburant n'étant plus disponible, et seulement un tiers de l'approvisionnement nécessaire ayant été reçu la semaine dernière. Le nord de Gaza a réussi à obtenir suffisamment de carburant pour assurer la distribution de l'eau et les opérations d'assainissement pendant deux semaines.
Des centaines de sites d'apprentissage ont en outre été affectés par les ordres de déplacement la semaine dernière, mais trois espaces d'apprentissage temporaires ont pu rouvrir à Khan Younis, ont indiqué les partenaires d'OCHA, soulignant que ces espaces étaient essentiels au bien-être mental et physique des enfants de Gaza.
Le bureau a renouvelé son appel à rouvrir tous les points de passage entre Israël et Gaza pour permettre le transit de l'aide humanitaire et des marchandises.
"Les Nations unies et leurs partenaires humanitaires sont prêts à intervenir à grande échelle. Le droit international doit être respecté et les opérations humanitaires doivent être autorisées sans plus tarder", a affirmé l'OCHA.