Le Royaume-Uni et la France vont coordonner leurs dissuasions nucléaires et conviennent d'un programme pour les migrations

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré jeudi que le Royaume-Uni et la France avaient signé un nouvel accord qui permettra aux deux pays, pour la première fois, de coordonner leurs dissuasions nucléaires.

Aux côtés du président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse commune à la base militaire de Northwood près de Londres, M. Starmer a dit que les deux pays ont signé la Déclaration de Northwood, visant à montrer aux adversaires que toute attaque entraînera une réponse des deux nations.

Pour sa part, M. Macron, qui achèvera sa visite d'Etat de trois jours jeudi, a souligné l'importance de la coopération en matière de défense et de sécurité entre les deux pays, notant que les temps ont changé en Europe et que le partenariat entre le Royaume-Uni et la France "doit évoluer en conséquence".

Les deux nations doivent faire face à un conflit majeur en Europe, a déclaré M. Macron qui faisait référence au conflit russo-ukrainien, ajoutant que l'Europe doit pouvoir compter sur la collaboration stratégique entre le Royaume-Uni et la France, les deux seules puissances nucléaires en Europe.

Un communiqué de Downing Street a souligné la "menace extrême pour l'Europe" qui entraînerait une réponse des deux pays. "Tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux pays".

Par ailleurs, le Royaume-Uni et la France prévoient de commander davantage de missiles de croisière Storm Shadow, très meurtriers, tout en accélérant le remplacement des dépôts d'armes dans le cadre d'un accord actualisé, selon le communiqué.

Sur la question de l'immigration clandestine, les deux dirigeants ont dévoilé un nouveau plan "une entrée, une sortie" visant à réduire le nombre de traversées de la Manche.

Dans le cadre de ce programme, les migrants arrivant au Royaume-Uni à bord de petites embarcations seront "arrêtés et renvoyés en France dans les plus brefs délais", a déclaré M. Starmer. En échange, un autre groupe de migrants sera autorisé à entrer au Royaume-Uni par un itinéraire sûr, légal et contrôlé.

Ce nouvel itinéraire fera l'objet de "stricts contrôles de sécurité" et ne sera ouvert qu'à ceux qui n'ont jamais tenté d'entrer clandestinement au Royaume-Uni, a précisé M. Starmer. Il a qualifié ce plan de "révolutionnaire", mais n'a pas précisé combien de migrants seraient renvoyés.

M. Macron a dit être "totalement engagé" dans le projet pilote, qui entrera en vigueur dans quelques semaines.

Toutefois, il n'est pas certain que ce programme ait un effet dissuasif efficace. Malgré un financement et des efforts conjoints, plus de 20.000 personnes ont traversé la Manche à bord de petites embarcations depuis le début de l'année, ce qui représente une augmentation de 50% par rapport à la même période en 2024.

MM. Macron et Starmer sont tous deux soumis à une pression intérieure considérable dans un contexte de montée de l'extrême droite et d'hostilité à l'immigration. Lors de son discours devant le parlement britannique mardi, M. Macron a qualifié le défi migratoire de "fardeau" partagé par les deux pays.

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