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La Chine d’avenir: « solution maker »

Source: le Quotidien du Peuple en ligne  24.04.2015 09h12

Alice Audouin et son équipe, exposition de "Post-Carbone", Siège national de La Poste

Alice Audouin est une pionnière du développement durable. Ayant 15 ans d'expérience dans ce domaine, elle a d'abord co-fondé en 2001 Novethic au sein de la Caisse des dépôts, un média promoteur d'un modèle économique plus responsable. Puis à partir de 2006, elle a été nommée la première directrice du développement durable de Havas Media, un grand groupe de communication français.

Aujourd'hui consultante indépendante, elle a récemment fondé Art of Change 21, une association labellisée « agenda positif » pour la COP21. Soutenue financièrement par le Ministère des affaires étrangères français, il s'agit de la première action dans le monde qui rassemble et mobilise des artistes, des entrepreneurs sociaux et éco-innovants et des jeunes leaders de la sensibilisation contre le réchauffement climatique.

Le Quotidien du Peuple en ligne : Pourriez-vous présenter un peu votre parcours professionnel au public chinois ?

Alice Audouin : Tout d'abord je vous présente mon nom chinois 艾德兰. Cela fait plus de 15 ans que je travaille dans le développement durable, sachant que cette notion est née en 1987. En France le premier grand tournant dans les entreprises a eu lieu en 2002, avec le Sommet de la terre de Johannesburg auxquelles elles ont participé et l'apparition de la Loi NRE, nouvelles régulations économiques, invitant les entreprises cotées en Bourse à fournir un reporting social et environnemental. Ces notions sont récentes dans mon pays et j'ai de la chance de faire partie des pionniers.

Le Quotidien du Peuple en ligne : Comment décrivez- vous vos activités ?

Alice Audouin : L'originalité des mes activités, c'est qu'au-delà de la responsable sociale et des entreprises, j'ai aussi développé l'axe culturel, c'est-à-dire poser la question de savoir ce que les artistes peuvent apporter pour accompagner la mutation vers un mode de vie avec moins de carbone. Peuvent-ils aider à représenter ce monde d'après, à créer sa propre esthétique, à apporter des solutions ? Mon objectif est de démontrer qu'ils contribueront en terme de dynamique collective à réussir cette transition.

Le Quotidien du Peuple en ligne : Comment arrivez vous à croiser les champs d'activités de l'art et de l'environnement ?

Alice Audouin : Cela fait dix ans que je croise ces deux champs, ma première action a été à l'UNESCO, où j'ai organisé en 2004 un colloque international qui s'appelait « L'artiste comme partie prenante » et qui fut le premier du genre.

Dans le monde de l'art, il n'est pas très répandu d'accorder une grande valeur à l'art qui s'engage dans des thématiques comme l'environnement. De nos jours, porter une cause ne fait pas partie des manières de réussir le mieux dans le marché de l'art. C'est donc compliqué : vous avez des artistes très engagés mais ils ne sont pas toujours très célèbres, à l'exception d'Olafur Eliasson qui croise les deux, il est à la fois extrêmement connu et il est aussi très concerné.

Le Quotidien du Peuple en ligne : Comment percevez-vous le rôle de l'art dans nos sociétés ?

Alice Audouin : Ma référence est la Renaissance, où l'on a eu un changement de société largement accompagné par les artistes. Je crois qu'on aura de grandes difficultés à réussir ce changement sans la culture. Aujourd'hui, on se rend compte que les artistes qui travaillent sur ces thématiques, comme le réchauffement climatique ou les déchets, sont justement porteurs de nouvelles méthodes, imaginations et esthétiques. Ils sont indispensables à tout travail de changement. Même s'ils ne sont pas spécialement attirés par la question de l'écologie, le fait même de leur créativité, de leur regard différent, doit entrer aussi en jeu.

Le Quotidien du Peuple en ligne : Quelles sont vos principales activités actuelles ?

Alice Audouin : Aujourd'hui j'ai deux activités : d'abord le consulting, je mène des actions culturelles pour les organisations et entreprises, par exemple ma dernière exposition Post Carbone pour le Groupe La Poste dont certains artistes sont emblématiques, comme Olafur Eliasson ou Elise Morin. Puis ma nouvelle association Art of Change 21. C'est la deuxième association que je fonde et préside, la première portait uniquement sur l'art et l'environnement, et la nouvelle propose aux artistes de collaborer avec d'autres acteurs, en particulier des entrepreneurs et des jeunes novateurs, car je crois à la collaboration multi-acteurs.

Art of Change 21 a été conçue pour la COP21. Elle fait travailler entre eux des acteurs différents que j'appelle les « accélérateurs du changement » : les artistes, les entrepreneurs sociaux et éco-innovants et la jeunesse qui invente des manières nouvelles et internationales de sensibiliser le public au changement climatique. L'objectif de cette union est de ne pas se contenter des anciennes manières d'agir dans le domaine du développement durable. Elles me semblent aujourd'hui désuètes.

Le Quotidien du Peuple en ligne : Quelle est le rôle de la Chine dans votre projet ?

Alice Audouin : L'idée de départ, c'est de prendre les meilleurs accélérateurs du changement dans le monde entier, de les inviter à Paris en fin de 2014 et de leur dire ce qu'ils voulaient faire ensemble pour la COP21. Je suis une sorte d'agent qui organise les rencontres et les anime avec une méthode de co-création.

Trois compatriotes chinois sont dans notre équipe : l'artiste Wen Feng, elle intègre depuis longtemps ses réflexions sur les questions sociales et environnementales dans son travail ; Wang Tianju, il est directeur des événements chez Greenoation Hub, une NGO chinoise engagée dans la protection de l'environnement ; Yan Luhui, il est fondateur et CEO de Carbonstop, le premier logiciel de gestion de carbone en Chine. Je voudrais par cette réunion démontrer les aspects positifs de la Chine, que ce pays ne devrait plus être considéré comme « problem maker », mais un « solution maker » ! 

(Rédacteurs :何蒨, Français)

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