Dernière mise à jour à 09h37 le 23/05
Madagascar, une île de l'océan Indien qui abrite un grand nombre d'espèces endémiques comme les lémuriens, fait actuellement face à des défis tels que la déforestation et l'exploitation illégale qui menacent sa biodiversité, a récemment averti Tiana Ramahaleo, directeur de conservation du Fonds mondial pour la nature (WWF) à Madagascar, lors d'une récente interview exclusive avec Xinhua à l'occasion de la Journée internationale pour la biodiversité le 22 mai.
"Madagascar compte parmi 'les pays mégadivers' dans le monde. Il y a 17 pays qui sont sur cette liste à cause de leur richesse en biodiversité et de leur endémisme", a expliqué M. Ramahaleo.
Les pays "mégadivers" sont un groupe de pays dans lequel la majorité des espèces végétales et animales présentes sur la Terre sont représentées, ils sont donc considérés comme les plus riches de la planète en matière de diversité biologique.
"Si on ne parle que des lémuriens, les 107 espèces sont toutes endémiques de Madagascar. Comme les lémuriens, pratiquement la totalité des amphibiens à Madagascar sont endémiques, qu'on ne voit nulle part ailleurs", a précisé M. Ramahaleo.
"C'est la même chose avec les tortues radiées qui se trouvent dans le sud-ouest de Madagascar", a-t-il poursuivi. "Pour les reptiles, le pays a 389 espèces, dont 90% sont endémiques de Madagascar."
En plus de la faune endémique, "on estime qu'il y a environ 14.000 espèces de plantes à Madagascar, dont 80% sont endémiques. Et Madagascar a 12.000 espèces de plantes vasculaires, dont 96% sont endémiques", a-t-il ajouté.
"C'est un patrimoine mondial. Si on les perd à Madagascar, ils vont être perdus pour le monde", a-t-il souligné.
Malgré cette place importante et même exceptionnelle de Madagascar dans la protection de la biodiversité mondiale, le grand défi auquel est confronté ce pays est la perte de forêts.
Le pays insulaire a perdu 4,3 millions d'hectares de couverture forestière pendant les 20 dernières années, a déploré M. Ramahaleo. "Cela veut dire qu'on a perdu à peu près 1% de notre couverture forestière par an. Ce qui est vraiment énorme."
"Les gens ont converti la forêt en terrain d'agriculture ou exploité les arbres pour fabriquer du charbon, ou pour le bois de construction", a-t-il ajouté.
L'autre défi auquel le pays fait face est l'exploitation illégale des espèces, notamment le bois de rose, les tortues radiées exportées à l'étranger ou encore les lémuriens victimes de braconnage. "On les chasse, on les tue et on les mange dans plusieurs endroits à Madagascar", a indiqué l'officiel du WWF.
Par ailleurs, la COVID-19 a également eu des impacts négatifs sur la biodiversité de l'île, du fait que "les gens ne pouvaient pas se déplacer et ne pouvaient pas toujours effectuer leurs activités quotidiennes de gestion des aires protégées".
Une étude faite en 2020 a montré que les feux dans les aires protégées ont augmenté de 248% à Madagascar, a-t-il précisé.
Pour lutter contre cette dégradation de la biodiversité, M. Ramahaleo a invoqué l'application de la loi en vigueur et la responsabilisation des communautés qui vivent près des forêts.
Le WWF a encouragé la communauté à faire des patrouilles régulières dans les forêts pour détecter les offenses à la biodiversité et les rapporter aux autorités, a-t-il rappelé.
En effet, la dégradation de la biodiversité est étroitement liée à la pauvreté des communautés qui vivent près de la forêt. Par conséquent, le WWF les soutient également pour renforcer leurs moyens de subsistance, trouver des alternatives économiques de sources de revenus et les aider à s'intégrer dans les chaînes de valeur, a-t-il ajouté.