Dernière mise à jour à 08h45 le 28/12
Après l'Afrique du Sud et la Zambie, Maurice abrite désormais la troisième chambre de compensation en renminbi (RMB, la devise chinoise) du continent africain.
Lancé officiellement le 16 décembre lors d'une cérémonie au siège de la Banque de Maurice, ce centre a pour vocation de faciliter le commerce avec la Chine, pas seulement pour Maurice, mais aussi toute la région, ont indiqué plusieurs experts qui soulignent l'importance grandissante du RMB dans les échanges mondiaux.
Pour Mardayah Kona Yerukunondu, premier vice-gouverneur de la Banque de Maurice, cette chambre de compensation en RMB aura certainement "des retombées sur la prospérité du secteur financier et la croissance de l'économie en général" à Maurice. De fait, avec l'inclusion du RMB dans les échanges, Maurice aurait un nouveau cadre de politique monétaire à partir du 1er janvier 2023, a-t-il expliqué.
Un changement important au vu des échanges commerciaux croissants entre Maurice et la Chine, comme le rappelle Li Lianhong, directeur général de l'antenne mauricienne de la Bank of China (Banque de Chine). "Les statistiques montrent que la Chine est la plus grande source d'importation de Maurice. Près de 18% des importations mauriciennes provenaient de Chine en 2021", a-t-il noté en qualifiant d'"opportun" le lancement de cette chambre.
Ainsi, "les importateurs locaux peuvent demander à leurs fournisseurs chinois de les facturer en RMB et les banques locales peuvent utiliser le centre de compensation en RMB local pour leurs règlements internationaux. Dans ce processus, je pense que les banques locales devraient coopérer dans une perspective nationale et non dans une perspective commerciale", a poursuivi M. Li selon qui il serait donc "préférable" d'effectuer tous les règlements en RMB via cette nouvelle chambre de compensation.
C'est la Bank of China qui a été a désignée par la Banque de Maurice pour gérer ce centre. Elle "a son siège social en Chine, elle a des succursales dans le monde entier. Donc, pour nous, elle était certainement en mesure de résoudre les problèmes liés au renminbi, de faciliter le développement du renminbi, ce que nous voulions réaliser", a fait remarquer M. Yerukunondu.
Selon ce dernier, son pays est "situé entre la Chine et l'Afrique, entre d'autres pays et l'Afrique. Nous sommes dans une position qui nous permet de voyager dans le monde entier, par voie numérique".
Maurice dispose aussi d'une importante infrastructure de paiement. Elle est membre du SADC RTGS (système régional transfrontalier de règlement brut en temps réel), du COMESA REPSS (système régional de paiement et de règlement) et du PAPSS (système panafricain de paiement). "Là où nous en sommes, nous avons toutes les conditions préalables nécessaires pour être un hub pour la compensation du renminbi", a-t-il ajouté.
Daniel Essoo, directeur général de la Mauritius Bankers Association, abonde dans ce sens en relevant que la banque centrale mauricienne a aussi accueilli l'initiative indienne RuPay. "L'idée est de relier différents systèmes de paiement avec différents systèmes financiers et Maurice est vraiment au cœur de ce réseau de systèmes de paiement. Cela signifie que désormais les flux transfrontaliers pourraient passer par Maurice", a-t-il dit en notant que l'archipel se trouvait dans un fuseau horaire "propice à l'exécution des paiements".
Pour M. Li, qui a rappelé que Maurice a quitté la liste grise FATF (Financial Action Task Force, Groupe d'action financière), la chambre de compensation en RMB n'est pas seulement destinée aux affaires, mais aussi à faciliter l'utilisation du RMB dans les transactions transfrontalières et à porter à un nouveau niveau les investissements commerciaux et la coopération économique entre la Chine, Maurice et l'Afrique. Aussi, a-t-il pensé, cette chambre "renforcera encore le positionnement de Maurice au niveau régional et international".
"La Chine est le premier partenaire commercial de l'Afrique depuis dix ans et les échanges ont atteint un niveau record de 254 milliards de dollars l'année dernière. 3% de ces échanges sont effectués en RMB, ce qui est une norme raisonnable, selon SWIFT. Les paiements internationaux en RMB représentaient 2,7% de toutes les devises en 2021, faisant du RMB la première plus grande devise de paiement au monde. La part du RMB n'a cessé d'augmenter et en janvier de cette année, elle a atteint 3,2% de toutes les devises", a ajouté le patron de l'antenne mauricienne de la Bank of China.