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Une entreprise chinoise dynamise la filière du caoutchouc au profit de la population ivoirienne
A l'aube, à Grand-Béréby, ville balnéaire située dans la région de San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire, des tricycles chargés de latex naturel serpentent à travers des plantations d'hévéas luxuriantes, se dirigeant régulièrement vers une usine nouvellement construite par la société chinoise Mainland Group.
A l'intérieur de l'usine, des ouvriers ivoiriens s'activent avec dextérité sur les lignes de production. Le latex fraîchement récolté y est transformé, au terme d'un processus rigoureux, en blocs de caoutchouc normalisés et de haute qualité. Dans le laboratoire attenant, des techniciens surveillent les données relatives à l'élasticité et à la résistance à la traction, garantissant que chaque lot respecte les normes internationales.
Il s'agit de la troisième usine de transformation de latex du Mainland Group en Côte d'Ivoire. Mise en service en octobre dernier, elle affiche une capacité annuelle de 100.000 tonnes et fait suite à celles de Dabou en 2020 et de Duékoué en 2022. Avec deux autres usines qui entreront en service d'ici la fin d'année, la capacité totale de transformation du caoutchouc de Mainland Group atteindra environ 480.000 tonnes par an.
Surnommé "l'or blanc", le latex est un pilier de l'économie ivoirienne. Premier producteur africain, le pays a vu sa production de latex passer de 815.000 tonnes en 2019 à 1,55 million de tonnes en 2023, s'imposant comme le troisième producteur mondial.
Derrière cette croissance exponentielle se dessine une histoire de progrès partagé, où la technologie chinoise contribue à restructurer la chaîne de valeur - du latex brut aux exportations à valeur ajoutée - tout en ouvrant de nouvelles perspectives de prospérité à des milliers d'agriculteurs et de travailleurs locaux.
"Maintenant, je peux livrer le latex à l'usine en moins de trente minutes après la récolte!", s'est réjoui Ariol Toh, un planteur dont la famille cultive l'hévéa depuis les années 1990.
Autrefois, il leur fallait parcourir des dizaines de kilomètres pour trouver un acheteur, souvent à la merci d'intermédiaires imposant des prix injustes.
"Aujourd'hui, l'usine chinoise est juste à côté, les prix sont transparents et équitables. Mes trois enfants n'ont plus à s'inquiéter pour les frais de scolarité", a-t-il confié.
Dans l'atelier de production bourdonnant, Kouassi Yannick Irité, un jeune chef d'équipe local, effectue sa tournée d'inspection avec une fierté discrète. "Autrefois, les jeunes devaient quitter notre ville pour trouver du travail. Aujourd'hui, nous transformons notre caoutchouc ici même", a-t-il affirmé, casque vissé sur la tête, sourire aux lèvres.
Depuis son arrivée à l'usine, M. Irité a non seulement maîtrisé l'utilisation de machines modernes, mais a aussi appris à diriger une équipe. "Cette usine nous rend fiers", a-t-il ajouté.
Zhang Liang, directeur général adjoint du Mainland Group, a rappelé un tournant qui avait eu lieu en 2022 : un an après l'entrée en service de la deuxième usine du groupe, le gouvernement ivoirien a adopté une politique limitant l'exportation de caoutchouc brut.
"Cette décision a été en partie motivée par le fait que nos installations ont fortement renforcé la capacité nationale de transformation du latex, permettant ainsi aux planteurs d'éviter de vendre leurs matières premières à bas prix", explique-t-il.
A la tombée de la nuit, une corne grave résonne dans le port de San Pedro, d'où partent des cargos chargés de blocs de caoutchouc normalisés à destination des marchés internationaux.
Chaque envoi transporte bien plus qu'une simple valeur commerciale : il témoigne d'un partenariat sino-ivoirien qui transforme les vies rurales et redéfinit la place de l'Afrique dans la chaîne d'approvisionnement mondiale du caoutchouc.