Les 18 et 19 décembre, la 23e Commission Conjointe sino-américaine sur le Commerce et les Echanges (CCCE) s'est tenue aux États-Unis. Il s'agissait là du premier contact important en face à face entre l'administration Obama, sur le point d'entamer son second mandat, et la nouvelle direction collective du Parti Communiste Chinois désignée à la suite du 18e Congrès.
Le mécanisme de la CCCE a traversé près de 30 ans d'un parcours extraordinaire, reflétant trois caractéristiques des relations sino-américaines :
Tout d'abord, l'existence de contradictions importantes est l'état « normal » des relations sino-américaines. L'une des principales fonctions du mécanisme de la Commission mixte est de gérer les différences et problèmes divers du commerce et des échanges sino-américains. Le thème « Retiré de la liste » est devenu le sujet essentiel de chaque commission mixte. Les problèmes commerciaux que l'actuelle Commission mixte a retirés de la liste portent sur toute une série de sujets, comme les barrières commerciales et les restrictions d'investissements, la politique financière, les droits de propriété intellectuelle. Face à ce qui semble un flot ininterrompu de problèmes économiques et commerciaux entre les deux pays, les relations économiques et commerciales sino-américaines sont devenues un sujet important des élections présidentielles américaines de cette année, l'administration Obama ayant aussi à plusieurs reprises reproché à la Chine d'utiliser des moyens de protectionnisme commercial.
Ces dernières années, outre les frictions sino-américaines dans les domaines économique et commercial, on a aussi constaté des différences sur d'autres points. Avec le renforcement de la stratégie de « rééquilibrage » de l'administration Obama dans la région Asie-Pacifique, la Mer de Chine méridionale, la Mer de Chine Orientale et d'autres questions maritimes sont devenus des sujets de plus en plus complexes, et il n'est guère difficile de voir l'ombre des États-Unis derrière les nouveaux changements en cours dans le processus d'intégration régionale en Asie de l'Est. Les relations sino-américaines n'ont jamais été un long fleuve tranquille, et il est plus que probable que les conflits et les différences relatifs à l'économie et aux échanges commerciaux et même les frictions géopolitiques entre les deux pays vont rester au premier plan sur le long terme, et même augmenter, pour devenir un état « normal » des relations bilatérales.
Deuxièmement, le dialogue et la coordination sont des « fondamentaux » des relations sino-américaines. Le mécanisme de la Commission mixte est lui-même l'une des principales plates-formes permettant de traiter les problèmes économiques et commerciaux sino- américains par le biais du dialogue et de la coordination. Des débuts de la Commission Conjointe du Commerce et des Echanges après sa naissance dans les années 1980 au « découplage » par les deux parties de la politique commerciale américaine et de la politique des droits de l'homme dans les années 1990 avec la question de l'adhésion de la Chine à l'OMC, aux importantes contradictions dans les relations sino-américaines au sujet des échanges économiques et commerciaux à l'orée du nouveau siècle, le dialogue et la coordination sino-américains dans les domaines économique et commerciaux n'ont pas été perturbés, constituant un maillon important du maintien des relations bilatérales.
La coordination par le dialogue dans le domaine des relations économiques et commerciales sino-américaines est une sorte de microcosme des relations sino-américaines. Depuis la visite de Nixon en Chine, jusqu'au communiqué sino-américain de Shanghai, les 40 ans de relations sino-américaines ont connu bien des épreuves, et le dialogue et la coordination en ont été une caractéristique principale. Le mécanisme de coordination et de coopération par le dialogue et la consultation entre les deux gouvernements a connu plus de 90 exemples. Surtout cette année, à partir de février, la visite de Xi Jinping aux Etats-Unis sera le symbole d'une interaction plus fréquente. Dans la poursuite de leurs intérêts communs et leurs propres intérêts stratégiques, les deux pays doivent s'appuyer l'un sur l'autre.
Troisièmement, une coopération sino-américaine gagnant-gagnant est essentielle, c'est la « voie de la volonté ». La raison fondamentale de la capacité de résistance de la Commission mixte est que, peu importe le problème, les relations économiques et commerciales sino-américaines sont mutuellement bénéfiques et gagnant-gagnant par essence. À l'heure actuelle, dans la mise en œuvre de leurs grandes politiques économiques et commerciales, les deux pays doivent faire aux immenses défis intérieurs dus à la concurrence, mais leur espace de coopération est plus vaste encore.
Dans le monde d'aujourd'hui, le « style cow-boy » isolé et le « je gagne et vous perdez » -ou jeu à somme nulle- ne correspond plus avec la tendance générale, et ne répond pas aux intérêts stratégiques à long terme tant de la Chine que des Etats-Unis. L'interdépendance et l'influence réciproques continuent à se renforcer, ce qui fait que la coopération gagnant-gagnant et l'interaction bilatérale apparaissent de plus en plus fréquemment dans l'expression du discours officiel bilatéral.
Pour ce qui est de cet aspect « normal », nous devons l'accepter avec sagesse, mais sans se décourager, ni le tenir pour acquis. S'agissant des « fondamentaux », nous devons renforcer la confiance, dans le même temps ne jamais se montrer satisfaits, et ne rien prendre à la légère. Pour ce qui est de la « voie de la volonté », nous devrons en faire une promotion active, ne pas relâcher nos efforts, ne pas abandonner à mi-chemin. Quant à la mise en place d'un nouveau type de relations entre ces deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis, l'adaptation mutuelle et l'établissement de la confiance stratégique est un processus progressif et même tortueux.
Lors de la Commission conjointe sino-américaine sur le commerce et les échanges, les deux côtés ont joué cartes sur table, mis contradictions et différences sur la table, et en même temps élaboré la feuille de route destinée à résoudre les problèmes ensemble, afin de réduire leurs différences, encourager la coopération et parvenir à une situation gagnant-gagnant, et dans le cadre de ce processus, cultiver un consensus progressivement plus large, et renforcer la confiance mutuelle. Cela constitue un signal positif montrant que la Chine et les Etats-Unis se sont engagés dans une coopération gagnant-gagnant, qui témoigne d'un nouveau départ de l'interaction positive entre les deux pays.
Le Quotidien du Peuple, Edition outre-mer (20 décembre 2012, 1re Edition)