Une délégation du gouvernement de la Polynésie française est en voyage en Chine du 30 mai au 7 juin. Jean Christophe Bouissou, ministre du tourisme et des transports aériens internationaux, de la modernisation de l'administration et de la fonction publique, a répondu lundi aux questions du journaliste du People.cn sur l'état actuel des coopérations touristiques et des investissements chinois en Polynésie française.
People.cn : Il se dit que, désormais, les touristes chinois sont exonérés de visa pour se rendre à Tahiti. Pourriez-vous nous donner davantage de précisions ?
Jean Christophe Bouissou : Depuis 2014, pour les touristes chinois qui voyagent en groupe, c'est-à-dire à partir de 4 à 5 personnes, il y a une exonération de visa et ça se passe directement par le biais des agences accréditées en Chine et en Polynésie. En ce qui concerne les personnes qui voyagent seules, il y a une accélération des demandes de visa, généralement en 48 heures.
People.cn : La Polynésie française envisage-t-elle des collaborations avec les compagnies aériennes chinoises ?
Jean Christophe Bouissou : Nous avons actuellement l'intention d'ouvrir une ligne directe entre Beijing, Shanghai et Tahiti. Il y a des compagnies aériennes chinoises qui se préparent à venir à Tahiti.
People.cn : Les touristes chinois savent-ils qu'il existe une communauté chinoise à Tahiti ?
Jean Christophe Bouissou : Le peuple chinois doit savoir que Tahiti est un mélange de plusieurs ethnies. Il y a les Polynésiens de souche, les Français et les Européens, et aussi les Chinois qui sont arrivés en Polynésie française au 19e siècle.
Les touristes chinois sont souvent frappés de voir que finalement une partie de leur peuple a migré à Tahiti il y a plus d'un siècle, qu'elle est totalement intégrée et a pris une position importante sur le plan social et économique. On trouve beaucoup de Chinois à la tête des grandes entreprises polynésiennes. Ils sont même devenus les leaders de notre pays.
People.cn : Quelles sont les impressions des touristes chinois sur Tahiti ?
Jean Christophe Bouissou : Les touristes chinois sont impressionnés d'abord par la qualité de vie, par les couleurs. Les contrastes sont très forts chez nous, certainement parce que nous n'avons pas de pollution. Ils sont aussi frappés par la gentillesse du peuple polynésien, qui est accueillant.
People.cn : Selon vous, quels sont les atouts de la Polynésie française en matière de tourisme et d'investissement ?
Jean Christophe Bouissou : La Polynésie française a construit son développement sur son capital, qui est son environnement. Nous sommes très proches de toutes ces questions liées à l'environnement, au traitement des eaux usées, des déchets dans les îles, à l'eau, puisque nous distribuons aussi de l'eau potable sur Bora Bora. Pour nous, le développement doit s'inscrire dans le développement durable et le respect de l'environnement.
En ce qui concerne les atouts pour les investissements, nous avons d'abord voté une loi au parlement polynésien pour inciter les investisseurs à venir chez nous, notamment les Chinois. Nous avons décidé d'exonérer toutes les importations de matériels et de matériaux d'équipements en cas de projet de construction de complexes hôteliers.
Nous avons aussi décidé une exonération du payement de l'impôt sur les sociétés pendant dix ans. En plus, il n'y aura pas de payement de l'impôt foncier pendant 15 ans. Nous envisageons aussi un bail de longue durée pouvant aller jusqu'à 99 ans. Ces mesures incitent des investisseurs et de grandes entreprises chinoises à venir en Polynésie française.
People.cn : Par quelle voie la Polynésie française maintient-elle des relations avec les partenaires chinois ?
Jean Christophe Bouissou : Nous avons des relations très proches depuis 10 ans avec l'APCAE qui s'occupe des relations entre la Chine et les pays étrangers et francophones. C'est le premier voyage du président Edouard Fritch en Chine et nous avons souhaité commencer par Beijing, pour rencontrer des officiels comme le vice-président de la Chine populaire.
People.cn : Pourriez-vous présenter certains projets de collaboration en cours en Polynésie française et quelles sont vos attentes ?
Jean Christophe Bouissou : Nous avons travaillé sur un grand projet de construction d'un centre aquacole sur l'île de Hao. Aujourd'hui c'est un projet qui est au cours de réalisation avec une entreprise chinoise. Ce projet va permettre de créer un processus d'élevage de poissons sur un atoll dédié à ce projet, de sorte que dans les 5 à 6 ans qui viennent, l'entreprise puisse exporter 50 000 tonnes de mérou d'ici en Chine. L'investissement sur les 10 ans à venir s'élève à 1,5 milliard de dollars US.
Nous avons aussi deux grands projets en cours : d'abord Tahiti Manara Beach, une construction d'un complexe touristique d'environ 3 000 chambres, et le deuxième projet qui est de construire un autre complexe d'environ 500 chambres. Les investisseurs chinois se sont déclarés très intéressés.
Pour que ces projets réussissent, il faudra qu'il y ait des compagnies aériennes chinoises qui assurent la liaison entre Beijing, Shanghai et Tahiti pour faire venir des touristes chinois et surtout exploiter ces hôtels pour avoir la meilleure catégorie possible sur le chiffre d'affaires. Ce serait un partenariat gagnant-gagnant entre les investisseurs chinois et la Polynésie française.
(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)