Dernière mise à jour à 16h27 le 29/03
Un article récemment paru dans le quotidien britannique The Guardian affirme que des enterprises chinoises impliquées dans l'extraction de granit noir au Zimbabwe auraient généré peurs et inquiétudes parmi les habitants.
Sous le titre "'Ils veulent nous déplacer et emporter la roche', disent des Zimbabwéens vivant près des mines chinoises", il affirme que des entreprises chinoises installées dans le district de Mutoko, situé dans la province du Mashonaland oriental (nord-est), ont fait injustement déplacer des villageois afin de laisser place à leurs opérations d'extraction.
Cependant, une enquête de Xinhua sur place a montré un scénario différent de celui décrit par le Guardian.
DES ALLEGATIONS SANS FONDEMENT
L'article allègue qu'une entreprise chinoise a ainsi demandé à 50 familles du village de Nyamakope de quitter leurs foyers.
En réalité, seules trois familles de ce village ont jusqu'ici été délocalisées par la société Jinding Mining Zimbabwe, a indiqué Salison Ranjisi, un homme âgé de 82 ans faisant partie des familles réinstallées.
M. Ranjisi, décrit par le journal britannique comme "effondré lorsqu'il a appris cette nouvelle" concernant sa réinstallation, a assuré qu'il ne s'était jamais évanoui, mais qu'il avait souffert d'hypertension après le processus de réinstallation, lorsque sa nouvelle maison était en construction.
"On en a menti. Ce n'est pas vrai. On n'a pas dit la vérité", a-t-il indiqué.
Par ailleurs, l'article allègue que les familles "ont reçu 2.500 dollars américains pour reconstruire leur maison". Salison Ranjisi, lui, dit avoir déménagé après avoir signé un contrat et reçu une compensation de 4.800 dollars, sans que personne ne l'ait obligé à partir.
Selon l'édition 2021 du rapport sur l'évaluation des moyens d'existence en milieu rural publié par le Comité d'évaluation de la vulnérabilité du Zimbabwe, le revenu mensuel moyen dans les foyers ruraux du pays était de 75 dollars l'an dernier, ce qui signifie que la compensation accordée à la famille Ranjisi a dépassé de loin le revenu annuel moyen des foyers ruraux.
Une autre entreprise chinoise mentionnée dans l'article, Shanghai Haoyun, a été appelée à tort "Shanghau Haoying" Mining Investments.
"On a même mal orthographié le nom de notre entreprise. On effectue actuellement les travaux d'exploration nécessaires avant le début des opérations d'extraction, sans parler de la relocalisation des villageois", selon un communiqué de Shanghai Haoyun.
Robert Mavhuta, un conseiller local du village de Zisengwe-Nemagunde a assuré qu'aucune famille dans sa circonscription n'avait été chassé par Shanghai Haoyun.
"Au cas où il y a des familles qui doivent être réinstallées, on s'assoit et on discute, et elles seront dédommagées de façon juste et équitable", a-t-il confié à Xinhua, ajoutant que les procédures de réinstallation des habitants seront équitables.
DES BENEFICES REELS
Citant des mineurs, le Guardian a également évoqué de mauvaises pratiques de travail au sein des entreprises chinoises, dont de longues journées de travail et de bas salaires, ce qui s'est toutefois révélé faux.
Blessmore Karimazondo, un conducteur de chargeuse, travaille chez Jinding depuis deux ans. Il a dit qu'il y travaillait huit heures par jour et que son salaire était bon, surtout au vu de l'inflation élevée dans son pays.
Avant l'arrivée des investissements chinois dans le district de Mutoko, le granit noir était une ressource inexploitée, sans valeur économique, s'est souvenu le jeune villageois Robert Machinaga, opérateur de plateforme chez Shanghai Haoyun.
Connue sous le nom de marbre du Zimbabwe, cette roche est parfaite pour le placage de bâtiments et pour les équipements de cuisine et de salle de bain.
"On avait l'habitude de voir cette roche et on n'avait aucune idée qu'elle constituait une richesse, mais avec l'arrivée des investisseurs chinois qui ont amené des emplois, on peut voir que notre vie est en train de changer", a raconté M. Machinaga.
Selon lui, les sociétés minières chinoises ont également profité aux communautés locales à travers leurs initiatives en matière de transfert des compétences.
"J'ai acquis des compétences pour manipuler des machines. Beaucoup de gens peuvent maintenant subvenir aux besoins de leur famille, contrairement à autrefois où on se réveillait et on passait la journée assis à la maison. Tant de choses ont changé!", s'est-il exclamé.
Avec davantage de sociétés minières chinoises s'installant dans la région, les moyens d'existence des villageois s'amélioreront considérablement, a ajouté M. Machinaga.
De fait, les entreprises chinoises ont créé de nombreux emplois et ont grandement contribué à l'économie locale. A travers tout le pays, elles ont construit des routes, des ponts, des puits ainsi que des écoles.
En 2020, les échanges commerciaux entre la Chine et le Zimbabwe ont atteint près de 1,4 milliard de dollars, en hausse de 4,2% sur un an, selon les statistiques du ministère chinois du Commerce.
"Les entreprises chinoises sont ouvertes à la concurrence, mais pas aux diffamations malveillantes. Rivalisons pour le titre de premier contributeur à l'économie zimbabwéenne et au bien-être du peuple zimbabwéen", a déclaré Guo Shaochun, l'ambassadeur de Chine au Zimbabwe.
DES ARRIERES-PENSEES
Les pays occidentaux veulent la Chine hors du Zimbabwe et de son lucratif secteur des ressources naturelles afin de pousser le pays d'Afrique australe dans un piège de développement, a accusé le plus grand quotidien du Zimbabwe, The Herald, dans un éditorial en réponse à l'article du Guardian, ajoutant que cette rhétorique dans la presse occidentale visait à ternir les relations sino-zimbabwéennes.
"Par pure jalousie, envie et dépit, les pays occidentaux ont lancé une campagne énergique contre les investissements chinois au Zimbabwe, en utilisant une phalange de médias corrompus, de militants rémunérés et d'organisations de la société civile", écrit l'éditorial.
Selon une enquête menée par le Herald l'an dernier, des journalistes locaux ont été présumément payés pour colporter des mensonges et se livrer au sensationnalisme en présentant les entreprises chinoises comme sans éthique, imprudentes, criminelles et causant du tort aux communautés, à l'environnement et aux ouvriers. Ils auraient été payés 1.000 dollars pour chaque article contre les entreprises chinoises.
En réponse aux dernières diffamations en date contre les investissements chinois faites par certains groupes de la société civile au Zimbabwe publiées le 20 janvier, Christopher Mutsvangwa, membre du bureau politique du ZANU-PF, le parti au pouvoir, et ministre des Médias et de l'Information, a déclaré que tous les investissements étaient les bienvenus au Zimbabwe quelles que soient leurs origines.
Le Zimbabwe continue "d'accueillir et de recevoir les investissements du monde entier et de notre amie de toujours, la Chine, à un moment où d'autres investissent dans les sanctions et l'hostilité" envers le peuple résilient mais hospitalier du Zimbabwe, a-t-il dit au journal officiel The Sunday Mail.
Face à cette hausse de la rhétorique anti-investissements chinois, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a confirmé à maintes reprises que les fonds venant de Chine étaient tout à fait les bienvenus.
Commentant l'article du Guardian, Rangarirai Shoko, rédacteur en chef de l'agence de presse New Ziana, a noté que les médias occidentaux avaient perdu la position dominante qu'ils occupaient dans le monde avec la publication de tels mensonges.
"Ces types-là se livrent à une guerre économique contre la Chine. Elle se joue dans des endroits comme le Zimbabwe, la Namibie et la Zambie", a analysé M. Shoko. "Je ne m'inquiète plus beaucoup des médias occidentaux. Ils font tout ce qu'il faut pour se discréditer et se tuer eux-mêmes", a-t-il conclu.