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Thierry Meynard, professeur de français à l'Université Sun Yat-sen : ma vie s'est développée en même temps que les relations sino-françaises
Dans la classe du département de philosophie de l'université Sun Yat-sen, un érudit aux cheveux argentés et d'apparence occidentale parle en chinois des échanges philosophiques entre la Chine et l'Europe du 16e au 18e siècle. C'est Thierry Meynard, professeur au Département de philosophie de l'Université Sun Yat-sen, à Guangzhou, capitale de la province du Guangdong (sud de la Chine).
À l'université, Thierry Meynard enseigne principalement des cours tels que « Philosophie romaine » et « Introduction au Latin ». « Grâce à l'étude des connaissances latines et philosophiques occidentales, les étudiants chinois peuvent comprendre les fondements de la culture occidentale », a-t-il expliqué. Il propose également des cours professionnels, « les échanges philosophiques entre la Chine et l'Europe du 16e au 18e siècle », avec les étudiants de maîtrise et de doctorat, qui est également le domaine dans lequel il est profondément engagé depuis de nombreuses années. D'après lui, la sinologie occidentale est née en France, et la France a dominé cette nouvelle discipline jusqu'au début du 20e siècle.
Les échanges culturels sino-français ont toujours occupé une place importante dans les recherches de Thierry Meynard. La traduction représente ainsi une partie de son identité de passeur culturel. Il a réalisé les traductions telles « Le Sens réel de Seigneur du Ciel » (1603) de Matteo Ricci, et « L'Aide à la Réfutation de la Sainte Dynastie contre la Doctrine du Seigneur du Ciel » (1623) de Xu Dashou. « A travers ces deux œuvres, on peut voir comment les philosophies chinoise et occidentale ont commencé il y a quatre cents ans un dialogue très riche, mais aussi avec des incompréhensions mutuelles. » Thierry Meynard estime que l'important est que nous puissions établir des mécanismes de communication basés sur le respect mutuel et l'acceptation des différences au long d'une histoire longue. « La traduction est très importante. À partir du 18e siècle, les missionnaires jésuites français ont commencé à traduire les classiques confucéens en français, ce qui a influencé un certain nombre de penseurs français des Lumières, dont Voltaire et Montesquieu ».
En 2019, le président chinois Xi Jinping a reçu un cadeau d'État spécial lors de sa visite d'État en France, une version française de « Confucius ou la science des princes » publiée pour la première fois en 1688.
« Confucius ou la science des princes » est l'ouvrage de l'érudit français du 17e siècle François Bernier. En 2015, Thierry Meynard a contribué à la publication en France de l'édition moderne de « Confucius ou la science des princes ». Selon François Bernier, l'enseignement de Confucius ne s'intéresse pas d'abord au bonheur individuel mais au bonheur des peuples, car c'est seulement en constituant un état stable parce que gouverné par la raison que les gens peuvent être heureux. Relire aujourd'hui l'édition moderne, Thierry Meynard l'a analysée du point de vue moral et politique, ce qui constitue un retour à la réduction de l'individualisme et à la focalisation sur le collectivisme.
« Je suis né en 1963 et la Chine et la France ont établi des relations diplomatiques l'année suivante. Depuis lors, ma vie s'est développée en même temps que les relations sino-françaises. » Thierry Meynard a rappelé son expérience avec la Chine dans une interview exclusive au Quotidien du Peuple en ligne. En 1988, après avoir obtenu son diplôme de licence, Thierry Meynard a travaillé pour une entreprise française à Hong Kong et a l'occasion de visiter la Chine continentale ; en 1999, il a fait des études doctorales sur la philosophie chinoise à l'Université de Pékin ; en 2006, il a intégré à l'Université Sun Yat-sen jusqu'à présent ; en 2023, il a rappelé que le président français Macron communiquait avec des étudiants de son université.
« Quand je suis arrivé en Chine dans les années quatre-vingt, je sentais déjà l'énorme vitalité de la société et de la culture chinoise. Je suis un témoin des progrès considérables de la Chine dans de si nombreux domaines », a déclaré Thierry Meynard. Il est aussi heureux de voir que les échanges culturels entre les deux pays se développent fortement et que le nombre de livres du chinois vers le français a également augmenté de manière significative. À l'Université Sun Yat-sen, il a également organisé de nombreuses conférences internationales, qui ont grandement favorisé les échanges culturels sino-français.
Selon Thierry Meynard, sa manière de penser n'est pas tellement de venir apporter aux Chinois des pensées occidentales mais de rentrer en discussion et même de développer un rapport plus critique par rapport à ses propres traditions intellectuelles. « Pour moi, j'apprends beaucoup en Chine, et ça a beaucoup changé mon rapport sur le monde ».
« Je suis très heureux de voir que la Chine a pris la décision d'exempter les Français de visa pour des séjours de moins de deux semaines », a ajouté Thierry Meynard, qui a dit espérer que de plus en plus de Français pourront profiter de cette opportunité pour visiter, étudier et travailler en Chine. Dans le même temps, il souhaite aussi que davantage de Chinois puissent aller en France et la découvrir. « Je suis fortement convaincu que ces échanges humains sont une grande chance pour créer ensemble un futur commun et pour s'enrichir les uns les autres », a-t-il conclu.