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Des chœurs d'enfants chinois et français unis en harmonie

le Quotidien du Peuple en ligne 25.11.2024 15h34

Des enfants de villages ethniques de la forêt tropicale de la province de Hainan (sud de la Chine) ont noué une amitié improbable avec leurs pairs de Paris, ville cosmopolite s'il en est, leur liaison étant forgée par le pouvoir unificateur de la chanson.

Lors de la visite du président français Emmanuel Macron en Chine en avril 2023, la chanson pour enfants française « Si j'allais en Chine » est devenue virale en ligne. En 2024, pour commémorer le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, le chœur d'enfants parisien Le Chœur des Polysons a interprété la chanson et partagé ses vœux du Nouvel An lunaire avec la Chine via une émission télévisée.

(Photo / Xinhua)

(Photo / Xinhua)

Ému par ce spectacle chaleureux, Liu Min, compositeur, chef d'orchestre et directeur artistique du chœur d'enfants ethniques Li et Miao de la ville de Wuzhishan, à Hainan, a composé une chanson intitulée « Chantons Wuzhishan en France ».

Créée en août 2022, la chorale Wuzhishan est composée principalement d'élèves des ethnies Li et Miao. Ayant grandi entourés de montagnes verdoyantes et d'eaux claires, les enfants n'avaient aucune idée que leur amour du chant les mènerait un jour à l'autre bout du monde. Le 6 mai, la chorale Wuzhishan est venue en France pour participer aux célébrations du 60e anniversaire avec la chorale d'enfants parisienne. Au cours de l'événement, 18 enfants Li et Miao ont revêtu des tenues ethniques traditionnelles et ont chanté « Chantons Wuzhishan en France » en français et en chinois.

Bien évidemment, chanter la chanson en français n'était pas une tâche facile pour un groupe d'enfants chinois n'ayant aucune connaissance de la langue. « La grammaire française est assez difficile. Les enfants ont dû transcrire toutes les paroles en caractères chinois et en pinyin, marquer les tons, puis s'entraîner à réciter les paroles couramment », a expliqué Liu Min. « En comprenant le sens de chaque ligne et en enchaînant les paroles, ils ont pu à la fois la comprendre et la chanter ».

Les paroles de la chanson expliquent que la forêt tropicale de Wuzhishan et les montagnes enneigées de France sont toutes deux sous le même soleil éclatant. Les paroles font également référence à l'attrait du thé noir de Wuzhishan et des vins fins de Bordeaux, chaque région appréciant la beauté unique de l'autre.

Selon Liu Min, à travers l'interprétation de la chanson, les enfants de Wuzhishan ont exprimé leur souhait d'une interaction amicale entre les peuples des deux nations.

Lors de l'événement de Paris, les enfants de Wuzhishan ont également interprété de la musique ethnique Li et Miao.

Li Ye, interprète du Chœur des Polysons et directeur de l'Association Vent d'Orient Vent d'Occident qui a co-organisé le concert à Paris, a déclaré que cet événement marquait la première exposition des Français à la musique et à l'art des minorités ethniques de Hainan, avec des chansons chantées dans les dialectes Li et Miao.

Un accueil chaleureux

La performance commune sur scène et l'échange de cadeaux en dehors de la scène ont favorisé une profonde amitié entre les deux groupes d'enfants. Les jeunes choristes français ont promis de visiter un jour Hainan et à s'immerger dans la culture distinctive des groupes ethniques de la province. Cinq mois plus tard, la chorale d'enfants parisienne a tenu cette promesse.

Trois représentations ont eu lieu du 24 au 27 octobre dans le cadre de la première partie de l'événement Pont de l'amitié sino-français des chœurs d'enfants. L'une s'est déroulée au Centre des arts du spectacle de Hainan à Haikou, la capitale provinciale, une autre dans l'amphithéâtre de l'université de Hainan à Haikou et la troisième à la Maison du bambou de Baoshan dans le village de Maona, à Wuzhishan.

Au cours des représentations, de nombreuses chansons classiques ont été présentées.

« Le point culminant du spectacle a été lorsque la chorale d'enfants française a chanté "La lune représente mon cœur" en chinois, ce qui a élevé l'atmosphère à son paroxysme", a confié un membre du public de Haikou du nom de Wang, qui a assisté au premier spectacle. « Ma famille et moi n'avons pas pu nous empêcher de chanter avec le public ».

Elisabeth Trigo, fondatrice, cheffe d'orchestre et directrice artistique du Choeur des Polysons, a déclaré qu'après la première rencontre à Paris en mai, elle avait hâte de visiter Hainan. « Je n'aurais jamais cru que ce rêve se réaliserait si vite. La musique a construit un pont d'amitié entre la Chine et la France. L'expérience d'échange est vraiment inoubliable », a-t-elle ajouté, notant que la troisième représentation, organisée à la Maison du Bambou de Baoshan, a été un moment fort, décrivant l'atmosphère extérieure non conventionnelle et la joyeuse fête autour du feu de joie qui a suivi le spectacle comme vraiment remarquables.

Des horizons plus larges

En plus des performances musicales, les enfants français ont également participé à des activités éducatives et culturelles, notamment en explorant la section de Wuzhishan du Parc national de la forêt tropicale de Hainan et en s'immergeant dans le patrimoine local. Les visiteurs ont ainsi eu l'occasion d'apprendre et d'expérimenter les instruments de musique Li, les chants Li et Miao, le tissage de brocart Li, les techniques de fabrication de bijoux en argent Miao et les danses du bambou.

Les instruments traditionnels de Hainan sont souvent fabriqués à partir de bambou, de bois et d'autres matériaux naturels, notamment des peaux d'animaux, disponibles sur l'île tropicale. Ces éléments contribuent au style musical simple et naturaliste.

Les Li, qui n'ont pas de langue écrite, ont préservé leur histoire et leurs traditions culturelles à travers leur musique traditionnelle. L'ethnie Li a également une riche tradition de création de brocart, dont l'histoire s'étend sur plus de 3 000 ans. Cet artisanat complexe, impliquant le filage, la teinture, le tissage et la broderie, a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel mondial en 2009.

Avant de quitter Wuzhishan, les enfants français se sont également essayés à la poterie Li. Sous la direction d'instructeurs locaux, chaque enfant a laissé libre cours à sa créativité en façonnant l'argile dans diverses formes inspirées de son environnement. « Certains ont sculpté des roses, d'autres des étoiles, et un enfant a modelé l'argile à l'image de la montagne Wuzhi elle-même, exprimant un profond attachement pour le lieu », a indiqué Li Ye, l'interprète.

Anouk du Chaffaut, membre de la chorale parisienne, a sculpté une pièce de poterie Li pour l'offrir à son amie proche Wang Mingru, membre de la chorale de Wuzhishan. L'objet porte non seulement le nom de Wang gravé dessus, mais aussi des motifs traditionnels de la culture Li. Anouk du Chaffaut a déclaré qu'elle espère que lorsque Wang Mingru regardera la poterie, elle pensera à son amie française.

Valentin Remond Lebec, membre de la chorale française, a pour sa part déclaré : « Hainan est encore plus beau que je ne l'imaginais, et c'est différent des autres régions de Chine que j'ai visitées auparavant. Il y a plus de végétation ici, avec une verdure luxuriante à perte de vue. Je trouve cela incroyablement beau, et j'aime vraiment ça ».

Elisabeth Trigo, la fondatrice de la chorale parisienne, a souligné que la visite de Wuzhishan, avec ses paysages naturels à couper le souffle et son riche patrimoine ethnique, lui avait fait découvrir une autre facette de la Chine. « Nous avons amené 25 enfants cette fois-ci, et 25 autres n'ont pas pu venir », a-t-elle déclaré. « Nous partagerons nos expériences avec ceux qui n'ont pas pu venir et nous repartirons avec des souvenirs, notamment des rubans de brocart Li, des jupes et des cadres photo, du thé local de Wuzhishan et des vases en poterie Li ».

Le Chœur des Polysons compte une cinquantaine de membres âgés de 7 à 15 ans. Il a été créé en 1994 et s'est produit dans de nombreux pays, dont le Royaume-Uni, l'Italie et la Suisse. Elisabeth Trigo a précisé que tous les enfants de la chorale porteront les rubans de brocart Li lors de la célébration du 30e anniversaire de la chorale à Paris en décembre.

De nouvelles expériences

Pour Camille Lepretre, membre de la chorale, le simple plaisir de boire une noix de coco pour la première fois a été l'un des moments forts du voyage. « Je suis ravie d'observer le processus d'ouverture et de dégustation des noix de coco à Hainan. Et j'ai également acheté des boucles d'oreilles, des jupes et des vêtements ethniques Li que j'adore vraiment », a-t-elle déclaré.

Pour Clémentine Mathieu Veniard, une autre membre de la chorale, l'expérience la plus inoubliable a été de chanter avec les enfants chinois, confiant qu'ils étaient très amicaux. Les enfants des deux pays ont chanté ensemble, ont bien communiqué, ont visité de nombreux endroits et ont participé à de multiples activités.

Wang Ruhuan, membre de la chorale de Wuzhishan, a aimé les échanges de cadeaux et les liens d'amitié qui se nouaient. Elle a déclaré que lors de leur première et deuxième rencontre, les enfants ont échangé des cadeaux, notamment un mouchoir rouge et une maquette miniature de la Tour Eiffel. Lors de leur deuxième rencontre à Hainan, ils ont échangé des poupées.

« Grâce à ces interactions, j'ai noué des liens plus forts avec mes amis de la chorale française et fait six nouvelles connaissances. Lors de leur visite au village de Maona, deux amis français m'ont acheté une épingle à cheveux Miao, que je chérirai et garderai dans un endroit très spécial », a-t-elle déclaré. Wang Ruhuan a dit qu'elle a versé des larmes lorsqu'ils ont dû se séparer, mais qu'elle a hâte de retrouver ses amis français. Elle a promis de leur offrir les « meilleurs cadeaux » lorsqu'ils se retrouveront.

Liu Min, le chef de la chorale ethnique, a décrit les répétitions communes des enfants comme réconfortantes, car elles ont appris de nouvelles techniques vocales et de nouveaux styles de performance les uns des autres. Après s'être rencontrés à Paris en mai, ils ont noué des liens d'amitié et ont encore approfondi leur lien à travers des répétitions, des représentations et des interactions, a-t-il déclaré. « Alors que les enfants se disaient au revoir, ils ont eu du mal à se séparer », a-t-il déclaré.

En harmonie

Malgré la barrière de la langue, la musique sert de moyen de connexion émotionnelle et spirituelle, leur permettant de communiquer par le biais d'un anglais, d'un français et d'un chinois simples ainsi que par des gestes, un contact visuel et même des sentiments, a ajouté Liu Min.

Elisabeth Trigo a déclaré que cela avait été merveilleux de partager des expériences musicales avec les enfants de Hainan et de recevoir de nombreux cadeaux et salutations chaleureuses d'un large éventail de personnes qu'ils avaient rencontrées au cours du voyage. « Ces souvenirs resteront profondément gravés dans nos cœurs. Tout comme le dit la version française de "Auld Lang Syne", "Ce n'est qu'un au revoir, jusqu'à ce que nous nous rencontrions à nouveau" », a-t-elle noté.

Le dernier jour du voyage, les enfants français ont visité le parc animalier tropical et le jardin botanique de Hainan à Haikou. Elisabeth Trigo a exprimé l'espoir qu'ils pourront se réunir à nouveau pour un concert sur le thème des animaux, ce qui serait une nouvelle avenue pour les jeunes choristes.

De nombreux jeunes visiteurs français ont déclaré que seule une visite en Chine permettait de comprendre sa beauté et ses merveilles.

« La chanson Si j'allais en Chine ne marque que le début d'un rêve de visiter la Chine. Il y a encore de nombreuses merveilles en Chine qui attendent que j'explore et que je découvre », a déclaré Valentin Remond Lebec, de la chorale française. De son côté, Liu Min a souligné qu'à la fin de chaque spectacle, les enfants des deux pays chantaient ensemble « Ce n'est qu'un au revoir», symbolisant l'amitié durable entre les deux groupes et illustrant le souhait de relations bilatérales plus solides.

(Photo / Xinhua)

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(Web editor: Yishuang Liu, Ying Xie)