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Une écrivaine française veut tisser plus de liens affectifs entre les peuples chinois et français
Pour Christine Cayol, une écrivaine française qui se consacre depuis près de vingt ans à promouvoir les échanges culturels sino-français, sa rencontre avec la Chine et avec la culture chinoise relève de ce qu'on appelle le "yuanfen", "une rencontre prédestinée et préparée par des fils de soie mystérieux qui permet de tisser ensuite des relations".
Cette rencontre romantique a eu pour préambule une histoire d'amour : en 2002, Mme Cayol a suivi son fiancé parti travailler en Chine, avec qui elle se mariera plus tard. "Vous savez, le pays dans lequel vous vous mariez, c'est un pays avec lequel vous vous mariez un petit peu aussi", s'est-t-elle félicitée lors d'une récente interview accordée à Xinhua. Ces dernières années, beaucoup de relations affectives entre de jeunes Français et la Chine se sont développées autour d'elle et grâce à elle.
Si la vie n'était pas facile durant les premiers jours dans ce pays étranger, elle a été pleine de bonnes surprises pour Christine Cayol. "Dès le premier jour, quand je suis arrivée à Beijing, j'ai ressenti la puissance du peuple chinois à chanter, à rigoler, à aimer la vie", s'est-elle exclamée après une visite dans un parc de la capitale chinoise. "Il y a un décalage énorme entre ce que j'ai vu et tout ce qu'on m'avait dit auparavant sur la Chine", qualifiée de "triste" et de "grise" par son entourage en France.
"Il faut toujours aller voir ce qui se passe dans la réalité", a dit celle qui s'est très vite forgé une conviction : "Si vous voulez parler de la Chine, eh bien allez en Chine".
Depuis, elle s'est mise à apprendre le mandarin sur place et à connaître la Chine en parlant avec des paysans, des ouvriers, des universitaires, des artistes. C'est ainsi qu'elle a écrit des livres en français comme "A quoi pensent les Chinois en regardant Mona Lisa ?" (Ed. Tallandier, 2012) et "Pourquoi les Chinois ont-ils le temps ?" (Ed. Tallandier, 2017) qui servent de pont intellectuel et spirituel entre les deux peuples.
Selon cette ancienne enseignante de philosophie, la Chine lui apporte énormément sur le plan philosophique. "Les Chinois sont à la fois très rapides, mais pas pressés", a confié Mme Cayol à Xinhua, ajoutant : "Vous savez très bien comment on prépare le terrain (pour des projets), pour qu'il y ait une sorte de fécondité de la terre. C'est une très forte intelligence stratégique".
Ravie d'avoir appris des tas de choses en Chine, Christine Cayol a eu envie d'offrir son expérience à des artistes.
Dans cet état d'esprit, elle a fondé l'association Yishu8 à Beijing en 2009. Avec la création du Prix Yishu8, cette maison des arts offre une résidence à des lauréats français et chinois pour y vivre un temps d'immersion et d'inspiration au cœur de l'univers artistique chinois ou français, pour se familiariser à la culture locale et à l'art de vivre des habitants.
Depuis plus de dix ans, des dizaines d'artistes français et chinois ont développé, grâce à Yishu8, des liens affectifs avec la Chine ou avec la France. "Les jeunes Français qui vont en Chine n'ont plus peur de la Chine. Ils ont pour beaucoup d'entre eux très envie d'y retourner", s'est félicitée la fondatrice. "On a créé des amitiés à travers l'art. C'est un facteur de paix, un facteur d'harmonie et un facteur d'avenir".
En 2013, Christine Cayol a reçu à l'ambassade de France à Beijing la Légion d'honneur, remise par l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, pour sa contribution exceptionnelle aux échanges culturels sino-français.
Interrogée sur le rôle de ces échanges culturels, Christine Cayol a expliqué que, en matière de relations bilatérales, les relations diplomatiques constituent "le toit de la maison", mais ce qui se passe dans la maison, ce sont les rencontres entre les gens comme les artistes, les chefs d'entreprise ou les étudiants. "Ce sont ces relations humaines qui permettent de tisser de véritables liens" entre les deux pays, a-t-elle dit à Xinhua. Une métaphore qui illustre la valeur de la cause qu'elle défend avec Yishu8.
L'année 2024 marque le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises, mais aussi la 22e année pour Mme Cayol d'une existence partagée entre la Chine et la France.
Selon elle, ces vingt dernières années lui ont permis de constater qu'en Chine, il y a moins d'infériorité maintenant qu'il y a presque vingt ans. "La Chine est plus fière de sa culture", a-t-elle salué, "Mais je crois qu'à l'avenir, c'est, tant du côté français que du côté chinois, de garder une curiosité réciproque".