Les deux explosions qui ont endeuillé lundi le marathon de Boston ont choqué le monde. Les explosions ont causé la mort de trois personnes, et 176 autres personnes ont été blessées. Parmi les morts figure une jeune chinoise originaire de Shenyang, qui poursuivait ses études aux États-Unis. Sa mort, que l'on ne peut que déplorer, donne aussi à réfléchir sur la nature de cet évènement, et ne peut que nous rendre profondément préoccupés par le terrorisme international endémique.
Après le massacre, aucune organisation ou individu n'a revendiqué la responsabilité des attaques. Selon la police américaine, les indices trouvés sur les lieux des attentats pointent cependant dans deux directions : soit la piste des forces nationalistes de l'extrême-droite américaine (essentiellement du fait que le 15 avril est la date limite de déclaration de l'impôt fédéral sur le revenu et également la Journée des Patriotes du Massachusetts), soit la piste du « terroriste loup solitaire »(parce que la police estime que la façon dont les engins explosifs ont été placés, dans une poubelle, ne ressemble guère à la façon de faire des organisations terroristes internationales).
Cependant, même au cas où ce serait un « loup solitaire », cela ne signifie pas qu'il n'y a aucun contact avec des organisations terroristes étrangères. Il y a quelques semaines à peine, le magazine d'Al-Qaïda en ligne, Inspire Magazine, a consacré un édition spéciale destiné aux extrémistes islamistes vivant dans les pays occidentaux, leur expliquant comment fabriquer une bombe maison, et leur demandant d'agir individuellement pour perpétrer des actions terroristes. La façon dont les actions terroristes de Boston ont été menées correspond justement à la manière de procéder suggérée par Al-Qaïda. En outre, selon certains médias, les dispositifs explosifs de Boston ont une certaine ressemblance avec les bombes utilisées par les terroristes irakiens dans leur propre pays.
Cette tragédie ne peut nous empêcher de penser aux attaques terroristes qui frappèrent les États-Unis le 11 septembre 2001, épouvantables opérations terroristes planifiées et exécutées par al-Qaïda, sous la houlette de Ben Laden. Mais si Ben Laden a finalement été tué par les SEALs de l'US Navy, le terrorisme persiste et est encore actif, et les branches d'Al-Qaïda sont dispersées dans le monde entier. Le Front al-Nosra actif en Syrie est ainsi étroitement lié à la branche irakienne d'Al-Qaïda. Il y a peu, les dirigeants de cette organisation ont publiquement déclaré allégeance au successeur de ben Laden, Al Zawahiri. C'est précisément cette organisation qui a planifié et mis en œuvre d'une série d'attentats terroristes en Syrie, faisant un grand nombre de victimes civiles.
Cependant, il est regrettable que les puissances occidentales condamnent rarement publiquement le crime organisé, tout simplement parce que ses actions terroristes sont menées contre le régime syrien actuel et le président Bachar el Assad. En février de cette année, l'organisation terroriste a conduit un attentat à la voiture piégée sur une voie très fréquentée de la capitale syrienne, Damas, faisant 53 morts. Cependant, alors que nombreux étaient ceux qui ont condamné cet attentat terroriste, les États-Unis ont eux bloqué la déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant la tragédie. Il n'est pas étonnant en ce cas que certains pays aient critiqué la position deux poids deux mesures des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme.
Certains pays Occidentaux poursuivent décidément une logique étrange. Quand ils n'aiment pas le régime juridique d'un pays, ils tolèrent toutes les actions possibles contre le régime en place. Même si ces actions sont cruelles et sanglantes, ils ferment les yeux. Cette position est très dangereuse, car elle ne peut qu'inciter les terroristes à être plus téméraires encore.
J'ai récemment appris une nouvelle, selon laquelle les soldats français, en opération dans les montagnes du nord du Mali, ont capturé un djihadiste tunisien. Son interrogatoire a révélé qu'il avait été formé dans un camp d'entraînement secret en Tunisie, afin d'être prêt à être envoyé en Syrie pour participer à la bataille pour renverser le régime de Bachar el Assad. Cependant, à la dernière minute, du fait de problèmes de financement de ce côté, ses chefs l'ont simplement envoyé au Mali pour combattre les Français.
Cette histoire vraie, qui frise l'humour noir, est un avertissement aux puissances occidentales : seule une condamnation sans réserve de tous les actes de terrorisme et la lutte contre toutes les forces terroristes nous permettra de nous protéger efficacement.