Dernière mise à jour à 15h48 le 29/03
Le prix des carburants, qui a battu des records historiques en France suite à la crise en Ukraine, a mis aux rudes épreuves les budgets des entreprises et des ménages.
ENTREPRISE EN MODE DE SURVIE
"J'ai 11 employés. Vu que nous sommes une entreprise familiale, je les considère comme des membres de ma famille. Cela veut dire que j'ai 11 familles à m'occuper", a dit Cyril Piola, le patron d'une entreprise de transport routier établie depuis trois générations dans l'est de la France.
Face à la flambée des prix de l'énergie, aux prix déjà doublés des équipements pour les camions ainsi que le prix d'achat des camions, M. Piola a dû "réfléchir à comment survivre".
Faisant part de ses inquiétudes à Xinhua, il a dit que ses 11 camions consomment près de 1.000 litres de gasoil par semaine et que avec la flambée des prix du carburant, il a dû dépenser 17.000 euros de plus pour continuer à faire rouler les camions ces deux derniers mois par rapport à la même période de l'année précédente.
"Les prix des denrées alimentaires augmentent, les prix des céréales augmentent, et donc le prix du biogazole va aussi augmenter", a-t-il dit, notant que fermer son entreprise serait une décision de dernier ressort afin de ne pas s'endetter pour nourrir sa famille.
BUDGET DE MÉNAGE REPENSÉ
Les prix de l'électricité, du blé et de l'alimentation augmentent en suivant la flambée des prix du pétrole et du gaz naturel, et poussent les français à revoir leur budget pour leur ménage.
Mesut Mert, qui travaille en tant qu'attaché commercial pour l'entreprise alimentaire Danone, a confié à Xinhua que les petits supermarchés locaux bénéficient de la hausse constante des prix du carburant.
"En allant dans les magasins de proximité dans les environs du quartier où la personne habite, ça va être un avantage pour eux car ils vont moins dépenser en carburant", a-t-il dit.
Mi-février, le litre de carburant était aux alentours de 1,70 euros. Lorsque la crise en Ukraine s'est déclenchée dans les derniers jours de février, le prix a flambé à plus de 2 euros le litre en quelques jours.
La semaine dernière, le litre de gazole était commercialisé 2,141 euros en moyenne dans les stations-service françaises, le litre de SP 95-E10 se vendait en moyenne 2,029 euros, selon les statistiques du ministère de la Transition écologique dévoilées ce lundi.
Jean-Yves Chardon et Hugo Danancher travaillent tous les deux dans des exploitations agricoles. Jean-Yves est maraîcher et Hugo élève des vaches dans l'est de la France. Ils dépendent tous deux fortement du diesel et du gaz naturel liquéfié (GNL) pour satisfaire la demande d'électricité pour leurs exploitations.
La montée des prix du carburant les forcent à augmenter les prix de vente et les coûts de livraisons augmentent aussi.
"Nous espérons tous que cette augmentation est ponctuelle", a dit M. Chardon à Xinhua. "Si cela ne dure pas plus de trois mois, nous pourrons gérer mais on ne sait pas ce que l'avenir nous prédit".
"Avec l'arrivée du printemps, on a besoin de carburant pour la production", a dit M. Danancher. "La crise énergétique va directement impacter l'économie de l'agriculture du pays".
M. Danancher, qui fait aussi de la vente en direct, constate que ses clients "ne peuvent plus se permettre d'acheter de la viande bovine comme avant" et ont tendance à acheter de la viande moins chère, comme du porc ou du poulet.
Ludovic Cordier utilise son véhicule personnel pour assurer un service de "taxi" auprès de ceux qui n'ont pas de véhicule. Dernièrement, sa clientèle s'étoffe de personnes qui ne veulent pas, ou n'ont pas les moyens de faire le plein de leur voiture.
"Je fais le plein deux fois par semaine car je suis disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7", a-t-il dit à Xinhua. Son véhicule peut transporter jusqu'à six personnes et il facturait un euro le km. Ces derniers temps, il doit facturer plus pour garder la tête hors de l'eau.
Marie-Laure Beyer, qui habite près de la ville de Metz, dans le nord-est de la France, pense avoir trouvé une solution temporaire au problème de carburant. Elle passe la frontière pour faire le plein au Luxembourg, à 50 km de chez elle.
"Ça fait 15 ans que je ne suis pas retournée faire le plein au Luxembourg. Mais même avec la hausse des prix là-bas, ça reste toujours entre 20 et 25 centimes d'euros moins cher le litre qu'en France", a-t-elle dit.
UN EFFORT DE 15 CENTIMES AU LITRE PAR L'ETAT
Pour éviter la grogne sociale, le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce week-end une mesure d'urgence pour réduire les prix à la pompe de 15 centimes par litre, tous carburants confondus, du 1er avril au 31 juillet.
"Cela signifie que, pour chaque plein de 60 litres, vous économiserez 9 euros", a détaillé M. Castex.
La mesure coûtera 2 milliards d'euros aux finances publiques. En parallèle, le grouvernent appelle les distributeurs et les groupes pétroliers à faire "un geste complémentaire".