Dernière mise à jour à 08h35 le 23/05
Dans le village de Kleitoria, dans le sud de la Grèce, l'éleveur de bétail Diamantis Zournas est obligé de constamment veiller à ses dépenses.
Les récentes hausses des prix de l'énergie et des aliments pour animaux causées par la crise ukrainienne font en effet peser un fardeau insupportable sur les éleveurs grecs, rendant leur entreprise à peine viable, ont déclaré ceux-ci à Xinhua lors de récentes interviews.
M. Zournas, dont la famille élève du bétail depuis quatre générations, possède un troupeau de 350 moutons et chèvres, ainsi que des poules. Il vend ses produits dans sa propre boucherie, sur la place du village.
"La situation est devenue insupportable", affirme-t-il, tous les coûts ayant récemment augmenté.
Il y a encore quelques mois, il payait de 250 à 300 euros pour l'électricité, mais ses factures les plus récentes frôlent les 1.000 euros. Le coût de transport a également augmenté en raison des prix toujours plus élevés du carburant.
"Chaque semaine, les prix montent en flèche (...). Ils ont déjà doublé, et continuent à augmenter. Le maïs coûte aujourd'hui plus de 40 centimes le kilo, alors que nous l'achetions auparavant à 18-19 centimes", a-t-il expliqué.
Les prix de l'orge, du trèfle, du foin, du soja et du blé ont également doublé au cours des derniers mois, selon l'Association grecque des éleveurs de bétail.
En effet, la production nationale ne peut couvrir les besoins des agriculteurs. La Grèce importe chaque année environ 250.000 tonnes d'aliments pour animaux de Russie et d'Ukraine, mais le conflit a engendré un goulot d'étranglement au niveau des exportations, a déclaré l'Association grecque des industries de la nourriture animale.
"Je doute que les éleveurs qui ne produisent pas leur propre alimentation arrivent à joindre les deux bouts. Ils seront obligés de vendre leurs troupeaux. Cela a déjà commencé", a indiqué M. Zournas.
Pavlos Satolias, président de l'Union nationale des coopératives agricoles de Grèce et de la coopérative laitière agricole locale, a déclaré à Xinhua que la situation avait toujours été difficile, mais s'était "aggravée au cours des deux derniers mois" en raison du conflit russo-ukrainien.
Les coûts de production des 1.200 membres de la coopérative ont en effet augmenté d'environ 30 % ces derniers mois, a-t-il déclaré.
"Nous craignons que beaucoup d'entre nous ne quittent l'industrie, ce qui serait catastrophique. Ici, à la campagne, les gens n'ont rien d'autre pour gagner leur vie. Nos villages deviendraient des déserts", a-t-il expliqué.
Les associations jugent en outre les subventions annoncées par le gouvernement insuffisantes, et réclament des mesures de soutien plus généreuses pour que le secteur reste pérenne.