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L'expansion de l'OTAN appelle à la confrontation et menace la sécurité mondiale

Xinhua | 01.07.2022 08h54

L'OTAN a officiellement invité la Suède et la Finlande à rejoindre l'alliance militaire, ce qui montre à quel point "le produit de la guerre froide" se complaît dans la confrontation idéologique et la politique des blocs.

Tout en mettant l'accent sur les garanties de sécurité autoproclamées pour les membres, sa dernière expansion vers le nord, dans le contexte de la crise ukrainienne actuelle, pose un grave problème pour la sécurité mondiale, en particulier dans la région de la mer Baltique et du pôle Nord, ont estimé des experts.

ESCALADE DE LA CONFRONTATION

Dans un contexte de mesures de sécurité très strictes et de mécontentement généralisé exprimé par des manifestants, les dirigeants des pays membres de l'OTAN se sont réunis à Madrid pour le sommet de 2022, au cours duquel la Suède et la Finlande, deux pays nordiques ayant depuis longtemps une politique de neutralité et de non-alignement militaire, ont été officiellement invités à rejoindre le bloc.

L'expansion de l'OTAN ne peut qu'accroître le sentiment d'insécurité de la Russie et déclencher des contre-mesures correspondantes, car l'adhésion de la Finlande - qui a 1.300 kilomètres de frontière terrestre avec la Russie - ferait plus que doubler les limites territoriales de l'OTAN avec la Russie.

Au lieu de "les rendre (la Suède et la Finlande) plus sûres, l'OTAN plus forte et la zone euro-atlantique plus sécurisée" comme l'a promis l'OTAN, les analystes craignent que ces adhésions ne fassent que bouleverser le paysage sécuritaire de l'Europe et qu'elles finissent par provoquer des catastrophes.

L'expansion de l'OTAN et ses réactions à la crise ukrainienne "vont créer d'énormes problèmes socio-économiques et politiques, voire des soulèvements en Europe au fil du temps", a considéré Jan Oberg, directeur de la Transnational Foundation for Peace and Future Research, dans une récente interview accordée à Xinhua.

Selon lui, l'Europe et le monde entier se trouvent désormais "dans une situation plus dangereuse" qu'au cours des dernières décennies. "L'OTAN est responsable du conflit sous-jacent construit sur l'idée perverse qu'il n'y a pas de limites à l'expansion. Et cela continue", a-t-il indiqué.

Zhang Jun, représentant permanent de la Chine auprès des Nations Unies, a noté mardi que les cinq expansions de l'OTAN vers l'est après la guerre froide n'ont non seulement pas réussi à rendre l'Europe plus sûre, mais ont également semé les graines du conflit.

"La guerre froide a pris fin il y a longtemps. Il est nécessaire que l'OTAN reconsidère son propre positionnement et ses responsabilités, abandonne complètement la mentalité de la guerre froide fondée sur la confrontation des blocs, et s'efforce de construire un cadre de sécurité européen équilibré, efficace et durable, conformément au principe de la sécurité indivisible", a-t-il dit.

UN OUTIL POUR MAINTENIR L'HÉGÉMONIE

Tout en favorisant l'expansion vers le nord au mépris des préoccupations de la Russie en matière de sécurité, l'OTAN a affirmé, lors du sommet de Madrid, que dans un nouveau Concept stratégique, qui définit une fois par décennie ses priorités et ses objectifs, la Russie constitue la "menace la plus importante et la plus directe" pour la paix et la sécurité de ses membres.

Selon les analystes, cette décision montre que l'OTAN n'est plus qu'un outil permettant à Washington de maintenir son hégémonie. Le soi-disant nouveau Concept stratégique n'est qu'un ''dispositif obsolète dans un nouvel emballage", qui n'a rien changé à la mentalité de confrontation des blocs de la guerre froide.

Stephen Ndegwa, chargé de cours en relations internationales à la United States International University (USIU) - Africa, basée à Nairobi, a estimé que l'objectif principal de l'OTAN était de maintenir sa domination sur les autres pays. En mobilisant davantage de pays occidentaux pour qu'ils adhèrent à l'Alliance atlantique, l'OTAN pourrait attiser davantage le feu de la crise russo-ukrainienne, a-t-il fait remarquer.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov, a exprimé ses doutes en déclarant que la Russie condamnait le "cours irresponsable" de l'alliance militaire qui "ruinait l'architecture européenne, ou ce qu'il en restait."

Parallèlement, dans le Concept stratégique, la Chine est qualifiée pour la première fois de "défi systémique''.

"La Chine poursuit une politique étrangère indépendante de paix. Elle ne s'immisce pas dans les affaires intérieures des autres pays, n'exporte pas d'idéologie, rejette le principe d'une 'juridiction au bras long' et n'impose pas de mesures économiques coercitives ou de sanctions unilatérales. Comment la Chine pourrait-elle être qualifiée de 'défi systémique' ?" a dit Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'un point de presse mardi.

DE MAUVAISES INTENTIONS POUR L'ASIE-PACIFIQUE

Dans un effort pour contrôler la Chine, les responsables américains et leurs alliés de l'OTAN ont fait valoir de manière agressive que la Chine, pays d'Asie de l'Est, menace la sécurité euro-atlantique.

Washington, qui tente d'asseoir son influence en Asie depuis des décennies, a invité ses partisans d'Asie-Pacifique, dont le Japon, la République de Corée, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, à participer au sommet de l'OTAN pour la première fois.

"L'OTAN veut être mondiale", a dit Xulio Rios, directeur de l'Observatoire de la politique chinoise en Espagne, dans une interview accordée à Xinhua à la veille du sommet.

Ces dernières années, l'OTAN a fait montre de sa puissance dans la région Asie-Pacifique, en essayant de transposer le modèle de confrontation des blocs de l'Europe à la région Asie-Pacifique.

L'ancien secrétaire général de l'OTAN, Javier Solana, a estimé que l'expansion de l'OTAN et sa recherche d'une présence plus forte en Asie rendraient plus difficile l'interaction des membres de l'OTAN avec d'autres pays qui ne considèrent pas la Chine ou la Russie comme des ennemis ou des rivaux. Ils ne veulent pas prendre parti entre la Chine, la Russie et l'Occident.

(Rédacteurs :Shuang Sheng, Yishuang Liu)
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